Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MICHEL SERVET 295
« Maulgré Dieu de Calvin, et qu'il aimerait mieux
trois chiens japper que ouïr ledit Calvin... et qu'il n'y
a que deux diables en enfer, dont le dit Calvin en est
un, et qu'il ne se souciait ni du Consistoire ni des
Français. »
Calvin ne monte pas une fois en chaire sans
trembler à la pensée de ces lettres sans date ni
signature, « tendant à folle escripture d'amour »,
que ses ennemis ont accoutumé de déposer sur sa
chaise pour outrager sa pudeur. Et jusqu'en sa
maison il est accablé d'injures que les Libertins
lui envoient sous forme de pamphlets. « Il y est
tellement blâmé, dit-il alors au Conseil, que, sans
être purgé de cela, il ne serait suffisant ni capable
pour servir à l'Église ».
Farel, accouru de Neuchâtel, réclame justice.
Bolsec, revenu à Genève, joint bientôt ses
injures aux malédictions des Libertins. Le décret
d'expulsion décerné contre lui a été rapporté, et
il répand maintenant ses calomnies et ses insultes
par la ville, en compagnie de Lange, Fonsellet et
Zébédée, lequel déclare :
« Le feu français a vaincu le feu espagnol, mais
le feu de Dieu vaincra le feu français. »
Berne se garde de prendre parti en cette affaire,
où le pasteur se trouve fort maltraité, et, le
28 mars 1554, maître Calvin, accompagné d'un
syndic, d'un conseiller et du pasteur Chauvet, va
porter ses doléances au sénat de cette ville. Celuilà
déclare qu'il n'est pas prouvé que Zébédée a
nommé expressément Calvin dans ses attaques,
et que la calomnie repose uniquement sur une
faute d'impression. Berne a juré la perte du pasteur,
et les Libertins, forts de son appui, se montrent
de plus en plus turbulents.