Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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de l'exil, et attirait les Français à sa cour pour
essayer d'en tromper le mortel ennui. La vue de
ces étrangers mettait le duc en fureur, et leur
présence au palais n'avait pas tardé d'amener la
discorde entre les deux époux. Le vieux château
branlant commençait déjà de prendre un aspect
moins joyeux quand le réformateur et son ami
y pénétrèrent. On n'y tournait presque plus de
sonnets aux Amadis, et les romans étaient passés
de mode. Les aimables propos d'amour avaient
fait place à ceux de religion.
Cette fois, Calvin ne devait pas songer à prêcher
publiquement les gens du château, car les soldats
d'Hercule eussent bientôt interrompu le prône et
jeté le prôneur en prison, cependant que le tribunal
de la Sainte Inquisition se fût hâté d'instruire
son procès. Il fallait s'introduire furtivement,
user de ruse pour essayer d'approcher de
la princesse et de s'en faire entendre, ce qui
n'allait point sans de grandes difficultés, car elle
était étroitement surveillée par les cardinaux, et
le duc, tenu au courant de ses moindres propos,
faisait précipiter dans un cul de basse-fosse quiconque
lui paraissait suspect. Il lui enlevait jusqu'à
ses femmes pour peu qu'il les soupçonnât d'hérésie.
Dès que Renée de France eut appris la présence
de Calvin, elle s'employa habilement à le rapprocher
de sa personne sans éveiller les soupçons de
son redoutable entourage. Elle le fit loger dans
une pièce voûtée, dite des Camerini, éclairée de
deux fenêtres grillées qui donnaient sur une cour
intérieure. Une petite chapelle y attenait. Il y
avait aussi un escalier, dit du Municipio, qui lui
ménageait une fuite en cas de danger.
A côté de la pièce où logeait Calvin se trouvaient