Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

52 CALVIN
de son ami Collardon, qui logeait, à l'angle de
la rue Trompette et de la rue du Grand-Saint-
Christophe 1. D'autres fois on le trouvait en la
compagnie de deux moines, Jean Michel et Jean
Chaponneau, dont les idées ne laissaient pas d'être
assez peu orthodoxes. De ces religieux tout prêts
à abandonner le froc, il passait à son maître,
l'Allemand Melchior Wolmar, qui avait résolu de
le convertir au luthéranisme. Calvin était tombé
dans un nid de protestants. Autour de lui, la
jeunesse s'enthousiasmait pour les idées de Luther.
Marguerite de Navarre, à qui son frère François
1er venait de donner le Berry, s'efforçait de
remplir son Université de gens doctes et habiles,
et elle avait appelé Melchior Wolmar pour qu'il
enseignât les lettres grecques, qu'il entendait fort
bien, et qu'on ne connaissait guère en France à
cette époque. Cet Allemand, qui était grand luthérien,
encore qu'il contrefît le catholique, avait
bientôt remarqué l'intelligence de Calvin, et s'appliquait
à le fortifier dans son protestantisme
naissant. Le tenant pour un travailleur exceptionnel,
il ne lui ménageait point la besogne.
Il avait commencé par lui enseigner le grec
et l'hébreu afin de lui permettre de lire la Bible
dans les textes originaux. Déjà il comptait beau-
coup sur lui pour l'avancement de la réforme,
et écrivait à Farel :
Quant à Jean, je ne crains pas tant son esprit de
travers que j'en espère bien : Car ce vice est propre à
l'avancement de nos affaires, pour le rendre un grand
défenseur de nos opinions, parce qu'il ne pourra si
aisément être pris qu'il ne puisse envelopper ses adversaires
en des empêchements plus grands.
1. Aujourd'hui rue des Beaux-Arts et Cour Sarlon.