Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 343
Le 2 mai, il écrit sa dernière lettre. Son vieil
ami Farel, octogénaire et malade, l'a informé de
sa visite et Calvin s'efforce de le détourner du fati-
gant voyage.
Bien vous soit, dit-il, très bon et très cher frère, et
puisqu'il plaist à Dieu que demeuriez après moi, vivez,
vous souvenant de nostre union, de laquelle le fruit
nous attend au ciel, comme elle a esté profitable à
l'Église de Dieu. Je ne veux point que vous vous travaillez
pour moi. Déjà je respire à fort grand peine
et attends d'heure en heure que l'haleine me faille.
C'est assez que je vis et meurs à Christ qui est gain
pour les siens en la vie et en la mort. Je vous recommande
à Dieu, avec les frères de par de là. Le tout
vostre,
Jean CALVIN.
Néanmoins Farel accourt. Les deux amis devisent
et soupent ensemble pour fêter une longue
amitié et leur union dans l'oeuvre du Seigneur.
Le lendemain, Farel prêche en assemblée. Puis il
dit un dernier adieu à Calvin et repart pour
Neufchâtel.
« Peu à peu », écrit de Bèze le 24 mai, « ce fidèle et
grand serviteur de Dieu, Calvin, se sépare de nous et
s'approche de Dieu ».
Bien que la souffrance ne lui laisse pas de répit,
Calvin n'est plus occupé qu'à prier. Sa voix est
essoufflée par l'asthme. Ses yeux, qui jusqu'au
dernier moment resteront clairs et brillants, sont
levés vers le ciel, et son visage montre qu'il prie
ardemment, de tout son être. Souvent ces paroles
du psaume 39 lui viennent à la bouche : « Tacui,
Domine, quia fecisti ». Je me tais, Seigneur, car