Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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Ces cris séditieux, où il sent pour lui-même une
menace de mort, plongent Calvin dans une sorte
de terreur. En même temps ils l'irritent, et l'intransigeance
du malade grandit avec la colère du
peuple. Plus Calvin a peur, plus il est tyrannique,
plus il prétend imposer sa volonté. Tout à l'heure
il voulait obliger les Genevois d'adhérer à sa
confession. Maintenant, il somme le Conseil de
faire voter la question de la discipline ou de
l'excommunication.
Cette fois, les Deux-Cents se montrent moins
dociles. Ils ont accepté la confession pour bien
prouver qu'ils ne voulaient plus de l'évêque, mais
ils n'ont point l'âme autrement évangélique. Dès
qu'ils se sentent menacés dans leurs propres plaisirs,
ils refusent de voter. Ils entendent bien vivre,
et se soucient peu qu'un seul homme mélancolique
gâte les plaisirs de toute la ville. Ils répondent
qu'il ne faut « refuser la cène à personne » aux
pasteurs qui réclament leur droit d'excommunication
avant de la célébrer.
Justement, l'on se trouve à la veille de la réélection
populaire des magistrats. Ce n'est point le
moment d'irriter les gens et de risquer d'éloigner
ceux qui, jusqu'alors, se sont montrés favorables.
Calvin est doué d'assez de génie politique pour le
comprendre. Il fait taire sa bile, renferme en soi
son mauvais caractère, et distribue la cène ainsi
qu'il en a reçu l'ordre. Mais quelle tempête intérieure,
quand il lui faut donner le pain sacré à
quelque homme ou quelque femme dont il réprouve
les moeurs ! Il en sanglote toute la nuit, en se
disant qu'il a outragé Dieu.
En dépit de la contrainte qu'il s'est imposée,
les élections lui sont défavorables. Les quatre