Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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Dans leur fureur, ils se répandent en plaintes
amères contre Berne. C'est Berne, à les entendre,
qui a tout gâté en conseillant aux Genevois d'user,
comme elle, de pain azyme, au lieu de rompre du
pain ordinaire ainsi que le font les pasteurs. Farel
et Calvin estiment qu'ils n'ont pas à recevoir
d'ordres du Conseil en tout ce qui touche à leur
ministère. Là, ils entendent être omnipotents.
C'est pour abattre leur autorité, disent-ils, que les
Bernois ont donné ce perfide conseil à Genève.
Mais ils ne se serviront pas de pain sans levain,
ils ne baptiseront pas sur le baptistère et ils n'observeront
pas les quatre fêtes qu'on veut les obliger
de célébrer. Ils le déclarent tout net, et ceux qui
souhaitent leur départ s'empressent d'insister
auprès des magistrats pour que ceux-ci forcent les
pasteurs à se conformer au mode bernois.
Deux synodes condamnent les prédicants, sans
ébranler leur résistance.
« Il y a, » dit Calvin, « une distinction évidente entre
le gouvernement spirituel et le politique ou civil.
Christ a distingué le règne spirituel de Dieu d'avec
l'état de la vie présente. Si les princes usurpent quelque
chose de l'autorité de Dieu, il ne leur faut point obéir,
sinon autant qu'il se pourra faire sans offenser Dieu.
Que vaut-il mieux ? Se soumettre à Rome, ou à Berne ? »
Ces belles paroles ne sont guère entendues, car
la ville est devenue fort tumultueuse. Pendant que
les adversaires des réformateurs, que l'on commence
d'appeler « libertins » se moquent de la parole de
Dieu, qu'ils nomment, par dérision, la « pétolle »
de Dieu, des bandes d'émeutiers parcourent les
rues en déchargeant leurs arquebuses et en hurlant
: « Au Rhône, les prêcheurs qui ne veulent