Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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ville, les écoliers s'en allaient s'ébattre avec les
femmes de leur plaisir, l'homme solitaire répétait
sans fin : « Seigneur, inspire-moi, Je ne suis rien !
je ne puis rien sans toi ! »
Le lendemain on le retrouvait au cours. Le
sombre
humanité
promeneur s'était
qu'il méprisait
replongé dans
en se méprisant
cette
luimême.
Nul ne pouvait se douter du grand feu
d'amour qui brûlait en lui, car la passion furieuse
qu'il avait pour Dieu ne rejaillissait pas sur ses
créatures. Les hommes ne sont que turpitudes,
vices et blasphèmes. Dieu en voit peu d'un oeil
favorable, et Calvin imitait Dieu. Ceux en qui le
Tout-Puissant besognait étaient ses amis, mais
combien en pouvait-il compter qui témoignaient
de la faveur de l'Éternel, en cette Université
dissolue et tapageuse ? Trois : Daniel, Duchemin,
Connan 1. Ceux-là, il les aimait véritablement,
s'éprenant en eux de ce que le Seigneur avait
bien voulu leur départir d'excellent. Dans les autres,
il ne voyait que tourbe et pourriture. Son oeil était
froid, son visage fermé, ses lèvres minces se fronçaient
en une moue de dédain.
Mais voilà que, tout à coup, ses joues se coloraient,
il se redressait. Son buste émergeait de la
cohue des élèves entassés dans la grande salle
1. Ce sont pourtant les seuls amis qui ne le suivent
pas.
Duchemin devint chanoine et officiai au Mans.
Connan fût magistrat à Paris.
Daniel devint bailli à Orléans et administrateur de
Saint-Benoît.
La séduction de Calvin n'a pas opéré sur eux.
Il reste en relations épistolaires avec eux, surtout avec
Daniel qui pardonna à son fils François lorsqu'il rejoignit
Calvin à Genève en 1559.