Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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les autres, des habits dont la boue des chemins
a raidi l'étoffe, pataugeant ensemble dans des
bassins, faisant en commun tout ce qu'ils ont à
faire. Tant de gens réclament des lits, qu'il faut
alors se contenter de draps encore chauds du
sommeil d'un client, et même accepter de les partager
avec un autre voyageur, un prêtre ou un
pasteur venu, lui aussi, pour assister au colloque.
Cela fait que, plus d'une fois, dorment côte-à-côte
un huguenot et un papiste, qui échangent fraternellement
leurs transpirations et essaient de se
convaincre l'un l'autre.
Cependant Charles-Quint s'impatiente, car les
délégués du Pape sont en retard et l'Empereur
s'irrite de les devoir
favorablement en
attendre,
faveur
ce qui le prédispose
des protestants. Le
12 mars, enfin, le légat Contarini fait son entrée
solennelle dans la ville, et distribue tant de bénédictions
« que sans doute deux jours après son
bras en était encore endolori ».
Mais voici qu'une funeste nouvelle arrive aux
délégués strasbourgeois. La peste a ravagé leur
cité. Elle est entrée dans toutes les maisons, elle
a enlevé l'enfant de celui-ci, la femme de celui-là,
et les parents qu'elle n'a pas encore pris sont
cernés de toutes parts, presque perdus d'avance.
La population épouvantée s'est enfuie hors de
la ville.
Les pasteurs baissent la tête. Des larmes coulent
de leurs yeux. Beaucoup n'ont pas de nouvelles
des leurs. Peut-être les a-t-on déjà jetés au charnier,
avec le monceau de cadavres du lugubre chariot.
Les malheureux hommes sont dévorés d'inquiétude.
Ils voudraient courir vers leur ville lointaine,
mais la religion a besoin d'eux, ils sont venus