Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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têtes sortent de fraises où s'étalent de larges
barbes taillées en éventail. D'autres, au contraire,
ont des rabats, des moustaches et la figure allongée
par une barbiche pointue.
Ils entourent le pasteur, lui parlent de mille
choses touchant la cité et la religion, et la pauvre
Idelette ne voit jamais son mari s'asseoir à son
chevet pour lui tenir un peu compagnie et la distraire
en sa longue maladie. A peine s'est-il approché
d'elle que quelqu'un le vient relancer jusqu'en
cette retraite. C'est son secrétaire, qui apporte à
signer une lettre où l'encre fraîche luit encore,
un disciple brûlant du désir de l'entretenir pour
éclairer sa foi mal établie, le Conseil qui le demande,
un dévot à l'agonie qui l'envoie chercher, un petit
enfant qu'on lui tend pour le baptême, un hérétique
aperçu dans la ville et qu'il faut aller combattre,
un sermon, un cours, la visite d'un homme
illustre, mille choses enfin qui, du matin au soir,
le tiennent en dehors de sa maison, sans lui laisser
jamais le temps de s'accorder un quart d'heure de
repos auprès de la pauvre malade.
Bientôt la peste vient encore compliquer sa
tâche. Depuis quelque temps déjà, elle rôdait aux
alentours, et les Genevois suppliaient Dieu de leur
épargner un si redoutable fléau, quand ils ont vu
avec épouvante qu'elle avait pénétré dans la ville
et s'attaquait déjà à bon nombre d'entre eux.
Sa violence et son enragement sont épouvantables,
et le peuple est si effrayé des cadavres qu'elle
laisse tout noirs et tordus sur le pavé, qu'on assiste
à d'étranges cas de démence. Des bandes de forcenés
s'emploient à propager la peste. Les gens
terrorisés les désignent sous le nom de « boute-
peste » et de « semeurs de peste ». La nuit, ils grais-