Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

L'APPEL DE GENÈVE 229
Pendant plus d'un mois, ce ne sont que disputes,
sans que protestants et catholiques arrivent à
s'entendre. Puis, au 31 mai, le colloque est de
nouveau interrompu. Huit jours plus tard arrivent
les délégués hongrois et autrichiens, qui demandent
qu'on s'occupe de la guerre contre les Turcs.
Calvin profite de l'occasion pour repartir, « extorquant
plutôt qu'obtenant » le consentement de
Bucer et de Mélanchton. Le 25 juin 1541 il est
de retour à Strasbourg.
Sa joie de revoir Idelette se trouve tempérée
par le souvenir des morts. Les lits où ils couchaient
sont toujours alignés dans la salle, et il y a
encore, aux coins de la maison, l'épée de l'un,
le manteau de l'autre, un vieux feutre au panache
défrisé, une bourse, un livre souvent feuilleté qui
évoque la forme studieuse du disciple bien-aimé.
Calvin ne voit plus que des foyers en deuil, que
des visages baignés de larmes, il n'aborde plus
que des personnes qu'il faut plaindre et réconforter.
En même temps, Genève le tourmente plus
âprement de ses plaintes. Elle n'arrête plus de
lui envoyer des embassadeurs qui le pressent d'y
revenir, et les gens même de l'entourage du pasteur
lui conseillent de céder à leurs prières. La colère
de Farel s'enfle de jour en jour. Calvin lui a déjà
répondu le 4 mai :
J'accourrai bientôt, je ne vois pas ce que tu peux
demander de plus de moi, à moins que, peut-être, tu
ne trouves ton plaisir à m'accabler de tes plaintes.
Je le supporterai donc, si mes prières ne peuvent
obtenir de toi que tu te montres un peu plus juste à
mon égard.