Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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“Déroutes” de Mathilde Monnier par Gérard May<strong>en</strong><br />
ai parlé ce matin. La composition comme quelque chose qui ne ferme pas mais qui laisse<br />
ouvert. Ma conclusion est faite. On va la laisser à l’image et à Herman.<br />
Herman Diephuis<br />
Je voudrais que tu repr<strong>en</strong>nes au mom<strong>en</strong>t où la musique change. Le mom<strong>en</strong>t où les marches<br />
repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t.<br />
[Extrait de la vidéo. Séqu<strong>en</strong>ce finale.]<br />
Gérard May<strong>en</strong><br />
Juli<strong>en</strong> Gallé-ferré est sur des patins, eux-mêmes <strong>en</strong> glace. Il glisse. Il met douze minutes<br />
à traverser le plateau comme ça. Bertrand Navi a pris les costumes de Stéphane Bouquet.<br />
C’est l’un des élém<strong>en</strong>ts de composition dont je voulais parler. Personne ne s’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>d<br />
compte. Mais on se met tout d’un coup à s’emparer des élém<strong>en</strong>ts de costumes de l’autre.<br />
Composition par empreinte subreptice.<br />
Herman Diephuis<br />
Je crois que c’est une pièce très compliquée à regarder <strong>en</strong> images. J’avais <strong>en</strong>vie qu’on voie<br />
la fin de la pièce. Tu parles d’une pièce où tout est aléatoire, tu dis qu’il y a beaucoup<br />
d’aléatoire. Finalem<strong>en</strong>t, il n’y <strong>en</strong> a pas beaucoup. Je suis d’accord que c’est fait pour donner<br />
cet aspect aléatoire, mais <strong>en</strong> fait, c’est très précis comme pièce. C’est une pièce extrêmem<strong>en</strong>t<br />
écrite. Dans chacun dans nos parcours, on a des temps qui peuv<strong>en</strong>t varier, sauf<br />
qu’on est toujours <strong>en</strong> li<strong>en</strong><br />
par rapport à l’autre, à<br />
ses actions. La notion de<br />
temps est importante : on avait des montres qui défilai<strong>en</strong>t le temps dans les coulisses,<br />
donc on était toujours très fixés sur le temps. A une minute, deux secondes, tu <strong>en</strong>tres sur<br />
scène, par exemple. Même la lumière a des tops par rapport aux actions précises de certains.<br />
Du sil<strong>en</strong>ce du début, jusqu’à la musique que l’on vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre à la fin, p<strong>en</strong>dant<br />
une heure quarante cinq, ça se construit. Quelque chose se construit tout le long.<br />
L’écriture de Mathilde a imposé des plages de groupe, où on est tous, le mom<strong>en</strong>t de la<br />
f<strong>en</strong>te, par exemple. Ou le mom<strong>en</strong>t où tu dis : « Ah, là, malheureusem<strong>en</strong>t, ils ne march<strong>en</strong>t<br />
plus ». Effectivem<strong>en</strong>t, il y a des mom<strong>en</strong>ts où on arrive à l’arrêt. Et ça redémarre. Pour le<br />
faire, on est pas fermés, on n’est pas seuls. En appar<strong>en</strong>ce, bi<strong>en</strong> sûr que oui. Mais pour<br />
les circulations c’est pareil : la pièce voudrait donc <strong>en</strong> fait être comme si on donnait un<br />
cadre sur un morceau de pièce qui continuerait à l’extérieur, où le hors champ pourrait<br />
fonctionner dans l’imaginaire du public, comme si on était sur des trajets qui continuai<strong>en</strong>t<br />
dehors, avec des actions peut-être. Ce qu’on voit, c’est qu’on traverse cet espace<br />
qui est là, qui est la scène, et qu’on aperçoit un bout d’une pièce qui se jouerait sur des<br />
kilomètres et des kilomètres. Pour nous de l’intérieur, ces parcours là n’existai<strong>en</strong>t pas<br />
vraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr. On était dans les coulisses <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant nos <strong>en</strong>trées. Ma proposition<br />
dans cette pièce, c’était d’avoir un rôle d’horloge presque. Je fais toujours le même trajet,<br />
<strong>en</strong> changeant de costumes, et <strong>en</strong> modifiant légèrem<strong>en</strong>t, sur la durée de la pièce, ce<br />
concours, pour arriver à cette fin où je disparais dans le congélateur. Mon <strong>en</strong>trée se faisait<br />
au départ toutes les 4 minutes, et là aussi, après, pour des soucis d’<strong>en</strong>nui, on a fait<br />
des concessions. Je me base sur une action pour ne pas laisser ce temps complètem<strong>en</strong>t<br />
aléatoire. C’était juste quelque chose d’important à dire.<br />
Gérard May<strong>en</strong><br />
Juste une précision. Sur les lumières, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, ce n’est pas Eric Wurtz qui écrit<br />
quand ça lui chante. C’est très précis. Mais il n’empêche que depuis le point de vue du<br />
spectateur, tu ne peux pas associer les changem<strong>en</strong>ts de lumière à un élém<strong>en</strong>t dramaturgique<br />
manifeste.<br />
Herman Diephuis<br />
Quand tu connais certains tops, oui.<br />
C’est une pièce extrêmem<strong>en</strong>t écrite.<br />
Gérard May<strong>en</strong><br />
Non, mais toi, tu me parles de tops techniques de construction de la pièce. Moi, je parle<br />
de dramaturgie.<br />
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