Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace - Confér<strong>en</strong>ce-concert de Nicolas Frize<br />
musique avec des bruits bruts, parce que ça ne les intéressait pas que je les traficote. Ils<br />
disai<strong>en</strong>t : « Si c’est pour les trafiquer, t’as qu’à aller à l’IRCAM, et tu fais ça avec des<br />
synthétiseurs. Mais si tu vi<strong>en</strong>s chez nous, c’est pour<br />
Même si le lieu de travail est<br />
un lieu de lutte, un lieu de<br />
questionnem<strong>en</strong>t de son<br />
rapport social, du rapport de<br />
son corps à l’espace social,<br />
c’est aussi un <strong>en</strong>droit où on<br />
se réalise, où on se bat, où<br />
on met de la compét<strong>en</strong>ce,<br />
du plaisir, même si il y a de<br />
la souffrance, et le fait de<br />
garder les sons originaux,<br />
c’est aussi respecter ce<br />
témoignage de la vie,<br />
de la vie du travail.<br />
nous les redonner tels que nous on les vit ». Et les<br />
vivre, c’est pas forcém<strong>en</strong>t les détester, au contraire.<br />
Même si le lieu de travail est un lieu de lutte, un lieu<br />
de questionnem<strong>en</strong>t de son rapport social, du rapport<br />
de son corps à l’espace social, c’est aussi un <strong>en</strong>droit<br />
où on se réalise, où on se bat, où on met de la compét<strong>en</strong>ce,<br />
du plaisir, même si il y a de la souffrance, et le<br />
fait de garder les sons originaux, c’est aussi respecter<br />
ce témoignage de la vie, de la vie du travail.<br />
Donc je vais vous faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre un extrait d’un travail<br />
que j’ai fait à partir de ces sons. Par contre, ils m’ont<br />
autorisé, parce que c’était possible, d’associer des<br />
bruits <strong>en</strong>tre eux qui n’avai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> à voir. Des sons qui<br />
étai<strong>en</strong>t au 5ème étage, par exemple, dans la partie<br />
peinture, jusqu’à des sons qui étai<strong>en</strong>t dans les essais<br />
à la fin quand les voitures roulai<strong>en</strong>t. A l’époque on<br />
fabriquait des 4L, et c’était le début des R5. C’était il y<br />
a un certain temps, pour ceux qui ont connu ce temps<br />
! Et donc, j’ai fait cette association de sons <strong>en</strong>tre les<br />
divers points de l’usine. Dans ce que vous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez, il<br />
y a quelques petits traitem<strong>en</strong>ts, quelques sons à l’<strong>en</strong>vers,<br />
un ou deux sons transposés, mais sachez que ce<br />
sont les sons bruts. Je ne vous ai pas am<strong>en</strong>é la version<br />
concert avec les voix, car je trouvais ça intéressant<br />
d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une transposition musicale de sons<br />
d’usine. Vous verrez, à un mom<strong>en</strong>t, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d une<br />
corne de brume. A l’avant de l’île, qui était organisée<br />
comme un paquebot, il y avait la c<strong>en</strong>trale électrique. Je<br />
dis « paquebot » parce qu’il y avait même une rambarde<br />
<strong>en</strong> bois qui était à l’avant de l’île. La c<strong>en</strong>trale alim<strong>en</strong>tait toute l’usine <strong>en</strong> électricité,<br />
<strong>en</strong> gaz et <strong>en</strong> air chaud sous pression.<br />
Comme il y avait beaucoup de bruit, ils n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t pas le téléphone sonner, et comme<br />
ils avai<strong>en</strong>t de l’air comprimé sous la main, car ils <strong>en</strong> fabriquai<strong>en</strong>t, ils avai<strong>en</strong>t mis une<br />
corne de brume sur le téléphone. Donc quand le téléphone sonnait on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait un<br />
paquebot qui embarquait.<br />
[Extrait musical de « Paroles de voitures »]<br />
P<strong>en</strong>dant l’écoute, des photos montrant la prise de sons dans l’usine et avec les ouvriers.]<br />
Donc il y avait dans ce travail quelque chose de très organique, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que la matière<br />
rugit. Les sons ne font pas que nous échapper, ils nous exprim<strong>en</strong>t. Il y a une sorte de côté<br />
très physique, à la fois brutal et très doux. Ces sons sont une matière extraordinaire.<br />
Voici donc un exemple d’un travail qui a été fait avec ces g<strong>en</strong>s p<strong>en</strong>dant une période assez<br />
longue.<br />
Je vais vous parler maint<strong>en</strong>ant d’un autre travail qui procède aussi d’un préalable avec la<br />
mémoire. J’ai <strong>en</strong>registré tout un hôpital. Avec l’idée que si on avait <strong>en</strong>registré les hôpitaux<br />
il y a cinquante ans, on aurait une autre compréh<strong>en</strong>sion de ce que c’est que le soin.<br />
On verrait comm<strong>en</strong>t on<br />
a évolué dans notre J’ai <strong>en</strong>registré tout un hôpital.<br />
rapport au corps, au<br />
soin, <strong>en</strong>tre le s<strong>en</strong>sible et le technique, sur la relation <strong>en</strong>tre le privé et le public, <strong>en</strong>tre la<br />
façon dont le corps personnel s’implique dans le corps social et inversem<strong>en</strong>t, et comm<strong>en</strong>t<br />
quand on traite du corps social, on traite aussi du corps. Il y a cinquante ans par<br />
exemple, les hôpitaux étai<strong>en</strong>t des grandes salles, où il n’était pas question de secret<br />
médical évidemm<strong>en</strong>t et lorsqu’il y a une souffrance, lorsqu’il y a de la famille qui arrive,<br />
tout le monde le partage. Tout le monde partage le corps de l’autre. Et on partage son<br />
histoire. Aujourd’hui on est dans des chambres pour une personne et on demande des<br />
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