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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

tem<strong>en</strong>t ce qu’il se passe. Est-ce qu’on les lit autrem<strong>en</strong>t ou est-ce qu’on les donne à lire<br />

d’une autre façon ?<br />

Mais, ce qui m’intéresse, c’est de raconter des choses d’une certaine manière. Par le théâtre,<br />

parce que le théâtre, c’est l’art du prés<strong>en</strong>t, c’est là, être <strong>en</strong>semble à un mom<strong>en</strong>t donné.<br />

Le paradoxe, c’est que je préfère l’édition. Pour moi, l’édition du texte, c’est vraim<strong>en</strong>t<br />

important. C’est le rapport au livre. Le livre est la plus grande scène de théâtre. Parce qu’on<br />

est tout seul. Pas dans une salle physiquem<strong>en</strong>t avec d’autres. Mais on est devant tellem<strong>en</strong>t<br />

de scènes de théâtre. Ce qui m’intéresse, c’est la langue. Ce que je raconte, c’est le s<strong>en</strong>s.<br />

Par exemple pour « Mange-moi », je pose toujours une question. Je suis troublée <strong>en</strong> ce<br />

mom<strong>en</strong>t, parce qu’on me dit qu’il faudrait arrêter de mettre du s<strong>en</strong>s. « Tu es <strong>en</strong> excès de<br />

s<strong>en</strong>s ». Alors, ça me pose problème et question parce que j’ai toujours écrit à cause du<br />

s<strong>en</strong>s. Quand j’écris « Mange-moi », je pose une question à laquelle je n’ai pas de réponse,<br />

qui était comm<strong>en</strong>t sortir de l’alternative, dévorant/dévoré. Comm<strong>en</strong>t on peut sortir de ça ?<br />

Il y a un personnage qui est né. Enfin, ça n’est même pas un personnage, c’est la langue<br />

qui est née, et puis un ogre « anogrexique » est né, une petite fille boulimique, et la question<br />

de l’autre est apparue, et puis l’histoire finalem<strong>en</strong>t a raconté la dévoration positive,<br />

<strong>en</strong> quelque sorte. La construction de deux êtres <strong>en</strong> tout cas. Dans « Debout », c’était la<br />

question de la mère. Un <strong>en</strong>fant se pose la question de changer de mère. Il y a toujours une<br />

question. Dans « Qui rira verra », c’est la question du ridicule. Est-ce que le ridicule<br />

construit ou détruit ? Là, je me dis : est-ce qu’on peut écrire sans s<strong>en</strong>s. Beaucoup de g<strong>en</strong>s<br />

me dis<strong>en</strong>t : « Oui. Ecris et c’est l’écriture qui agit. Il ne faut pas vouloir dire des choses.<br />

Il ne faut pas vouloir mettre du s<strong>en</strong>s, parce que le s<strong>en</strong>s y est déjà ». J’ai du mal à le faire.<br />

Je ne peux pas. Ma propre vie est toujours <strong>en</strong> quête de s<strong>en</strong>s. S’il n’y a pas de s<strong>en</strong>s, je ne<br />

peux pas vivre, donc je ne peux pas écrire. C’est ce que j’ai <strong>en</strong>vie de donner aux <strong>en</strong>fants,<br />

au monde, aux autres, à ceux qui sont <strong>en</strong> face de moi. Dire : « Ti<strong>en</strong>s pourquoi on est là,<br />

<strong>en</strong> fait ? ». On peut ne pas se poser la question, et se dire, ti<strong>en</strong>s on est là, et on est<br />

<strong>en</strong>semble et voilà. On ne va pas si loin que ça.<br />

Sur la langue, ce qui m’intéresse aussi, c’est la construction de la personne avec la langue.<br />

Où ça comm<strong>en</strong>ce ? Est-ce que c’est la langue qui comm<strong>en</strong>ce, ou est-ce que c’est le<br />

s<strong>en</strong>s ? Dans le s<strong>en</strong>s de « s<strong>en</strong>soriel » ? C’est pour cela que probablem<strong>en</strong>t l’âge 10/12 ans<br />

m’intéresse. Cette langue qui n’est pas tout à fait connue des <strong>en</strong>fants, et qu’ils utilis<strong>en</strong>t<br />

pourtant de façon poétique parce qu’ils n’ont pas toutes les clés. Moi j’aime bi<strong>en</strong> travailler<br />

de cette façon, c’est à dire, mettre dans une phrase une idée complexe, avec une<br />

image concrète. On trouve ça dans la structure langagière de l’<strong>en</strong>fant, et ça c’est vraim<strong>en</strong>t<br />

d’une richesse totale. Le dernier texte que j’ai écrit est adressé aux adolesc<strong>en</strong>ts, alors je<br />

p<strong>en</strong>se que maint<strong>en</strong>ant, p<strong>en</strong>dant 10 ans on va me demander pourquoi j’écris pour les adolesc<strong>en</strong>ts<br />

! On se donne r<strong>en</strong>dez-vous dans dix ans !<br />

J’ai <strong>en</strong>vie de parler de Réza Barahéni. J’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du une confér<strong>en</strong>ce extraordinaire de Réza<br />

Barahéni qui disait que si nous étions dans un monde belliqueux, guerrier etc, c’est que<br />

la structure de la langue était fracturée. Ça correspond à l’idée du corps fracturé, voire<br />

torturé. Pour lui, le summum de cela,<br />

c’est la mort du Christ. Sa t<strong>en</strong>tative<br />

est de trouver une langue qui reconstruit.<br />

Il pr<strong>en</strong>ait pour exemple « Les<br />

Mille et Une Nuit », qui, pour la culture<br />

générale est un peu mis de côté,<br />

du côté du conte etc… Pour lui, c’est<br />

la langue qui se déroule et qui<br />

construit ce qui est vivant, parce<br />

Pour lui, c’est la langue qui se<br />

déroule et qui construit ce qui est<br />

vivant, parce qu’elle repousse<br />

chaque matin, la mort.<br />

qu’elle repousse chaque matin, la mort. Je me souvi<strong>en</strong>s, j’étais avec Brigitte Lallier<br />

Maisonneuve qui m’avait traînée à Avignon pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre cette confér<strong>en</strong>ce, très brillante,<br />

c’est un grand intellectuel. J’étais <strong>en</strong> larmes. Je ne savais pas pourquoi j’étais dans<br />

cet état là, parce qu’il racontait exactem<strong>en</strong>t ce que j’essaie de trouver dans la langue.<br />

Voilà donc j’ai écrit un texte sur Isis et Osiris, <strong>en</strong> essayant de trouver ça à la fois dans le<br />

s<strong>en</strong>s et dans la forme. Voilà ce que je peux dire.<br />

Dominique Bérody<br />

Si on lit les titres de Nathalie Papin, il y a déjà un poème debout. « Mange-moi »,<br />

« Debout, « L’appel du Pont », « Le Pays de Ri<strong>en</strong> », « La Morsure de l’Ane ». Si tu te poses<br />

des questions sur le s<strong>en</strong>s, lis tes titres et tu vas retrouver un s<strong>en</strong>s qui est là, pas si caché<br />

que ça. Peut-être peux-tu lire un petit bout de « Qui Rira Verra », parce que, à juste titre,<br />

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