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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />

compact, trop compliqué. Ce sont des dispositifs qui permett<strong>en</strong>t une lecture intéressante<br />

de la musique.<br />

Autre dispositif, un magasine me demande de faire un hommage aux Bruitistes. C’est un<br />

courant qui s’est accompagné d’un courant futuriste dans la littérature avec Marinetti,<br />

dans les arts plastiques avec Russolo. Le mot d’ordre au niveau du son, c’était de donner<br />

de la place à la vie, de se rapprocher des ouvriers, du monde industriel. C’était le<br />

début du monde industriel, au début du siècle, et il fallait lutter contre l’art bourgeois,<br />

contre la musique de salon, et donner toute leur place aux bruits et imaginer que les<br />

bruits étai<strong>en</strong>t rebelles. Ils faisai<strong>en</strong>t des concerts de moteurs, avec des bruits. Mais pas<br />

des bruits au s<strong>en</strong>s Schaefferi<strong>en</strong>, ou Cagi<strong>en</strong> du terme. Au s<strong>en</strong>s brutal. Je rep<strong>en</strong>se à un<br />

concert d’un compositeur russe, qui était sur le toit d’une usine, et qui faisait passer des<br />

avions, des trains… C’était à une grande échelle. C’était un concert bruitiste.<br />

On m’a proposé de faire un hommage à ça, et j’ai arrêté la Gare de Lyon p<strong>en</strong>dant trois<br />

jours, pour des répétitions. J’ai sollicité tous les sons de la gare, par exemple un Chef de<br />

Gare avec un espèce de pilon. C’est avec ça qu’on teste les traverses. Des maillets serv<strong>en</strong>t<br />

à surveiller l’homogénéité métallique des roues. J’ai utilisé tous les sons de la gare.<br />

J’avais un musici<strong>en</strong> qui écrivait des choses sur la partition, qui avait une caméra, qui me<br />

voyait, qui écrivait des choses qu’on avait prévues d’écrire, qui donnai<strong>en</strong>t le rythme qu’on<br />

voulait. On avait fait <strong>en</strong> sorte d’avoir les tempo qu’on voulait. On a travaillé avec des<br />

locomotives, une douzaine. Il y avait un pianiste. Un chanteur sur la locomotive à vapeur,<br />

une micheline, le train de banlieue, un diesel, un TGV, une Yaya. Je suis très fort maint<strong>en</strong>ant<br />

<strong>en</strong> locomotive ! Et puis, il y avait un wagon plateau sur lequel il y avait des choristes.<br />

On a fait un travail avec les chauffeurs. Dans chaque locomotive il y avait un chauffeur<br />

et un musici<strong>en</strong> avec sa partition, de façon à pouvoir lancer quand on voulait, les<br />

essuie-glaces, les pantographes, les ouvertures de portes, les Pchhh… tous les sons du<br />

train qui étai<strong>en</strong>t sonorisés. Ça donne à la fin un truc dans toute la gare. Le début du<br />

concert est une <strong>en</strong>trée tonitruante des 12 locomotives <strong>en</strong> même temps, elles sont<br />

effrayantes !<br />

Là, c’est vraim<strong>en</strong>t un lieu destinataire et la commande d’un lieu. Et d’un style. J’avais<br />

aussi un wagon de train de nuit, parce que pour ceux qui sont de ma génération, on se<br />

rappelle du son du contrôleur sur la vitre, on se rappelle du cliquet du dessus du c<strong>en</strong>drier<br />

métallique, on se rappelle des rideaux. Ce sont des sons qui font partie de la<br />

mémoire sonore des g<strong>en</strong>s qui ont voyagé la nuit dans des trains de nuit. Paris/Briançon,<br />

Paris/Marseille la nuit, il y a toute une série de sons qu’on a adoré, pour ceux qui ont<br />

beaucoup voyagé. Ils étai<strong>en</strong>t tous là !<br />

Il était question de les faire sonner dans la gare. Il y avait un travail de spatialisation,<br />

mais ce qui était important pour moi, c’est que ce concert ait lieu dans la gare, qu’on<br />

puisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la gare réagir et avoir son volume propre et laisser les sons se r<strong>en</strong>contrer<br />

dans l’espace <strong>en</strong> leur laissant leur origine.<br />

Ça c’est un concert que j’ai donné dans une station de ski, avec des hauts-parleurs partout<br />

dans la montagne. Je vous montre quand même parce que c’est incongru. L’idée<br />

c’était d’exploiter l’écho de la montagne. On avait calculé avec des revolvers. On émet un<br />

son ponctuel, et on regarde quelle est la réman<strong>en</strong>ce du son et surtout où sont les échos.<br />

On avait id<strong>en</strong>tifié tous les espaces qui pouvai<strong>en</strong>t être intéressants soit parce qu’ils maîtrisai<strong>en</strong>t<br />

les échos, soit parce qu’il les décl<strong>en</strong>chai<strong>en</strong>t. On avait placé des <strong>en</strong>ceintes à ces<br />

<strong>en</strong>droits là. J’avais diffusé une musique <strong>en</strong> multipistes sur l’<strong>en</strong>semble de la montagne.<br />

C’est un travail que j’ai fait sur la mémoire sonore dans le monde du travail. J’ai <strong>en</strong>registré<br />

toute l’usine R<strong>en</strong>ault de Billancourt p<strong>en</strong>dant 6 mois. Ça c’est la cataphorèse. C’était les<br />

4L à l’époque. Ça, ce sont les toits. Ça, c’est la c<strong>en</strong>trale, où l’on fabrique l’électricité pour<br />

l’<strong>en</strong>semble de l’usine. Et puis voilà un travail de répétition avec les ouvriers, dans un<br />

camion studio qui se prom<strong>en</strong>ait dans l’usine p<strong>en</strong>dant 3 mois où je faisais ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre aux<br />

ouvriers les sons avec lesquels on avait travaillé. On réfléchissait sur l’acoustique, sur la<br />

propagation des sons, sur leur savoir faire auditif, sur l’acuité auditive au travail.<br />

Ça a donné lieu à un concert qui a eu lieu dans une salle qu’on avait vidée de toutes ses<br />

machines. J’avais installé les ouvriers sur un camion plateau et sur des palettes. On avait<br />

reconstitué tout un atelier virtuel avec des hauts-parleurs partout. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait dans chaque<br />

haut-parleur des choses extrêmem<strong>en</strong>t distinctes qui ne se déplaçai<strong>en</strong>t pas. On était<br />

dans une usine virtuelle, très musicalisée. Le public étant debout, je le laissais se dépla-<br />

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