Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
Sylviane Fortuny<br />
C’est un peu vaste. Finalem<strong>en</strong>t, c’est une place assez simple, metteur <strong>en</strong> scène. Surtout<br />
quand on se situe comme moi. Ce qui m’intéresse, ce sont les textes, c’est la première<br />
chose que je déf<strong>en</strong>ds. Finalem<strong>en</strong>t, ça part d’une forme d’incompét<strong>en</strong>ce. Comme je ne me<br />
s<strong>en</strong>s pas spécialem<strong>en</strong>t créative, le premier désir, c’est de dire qu’il y a des g<strong>en</strong>s qui ont<br />
une parole, et que cette parole là est suffisamm<strong>en</strong>t forte pour être soi-même emporté.<br />
On va dire que c’est le premier geste. Ensuite, on va dire qu’il y <strong>en</strong> a un deuxième, qui<br />
est de servir le mieux possible le texte qu‘on a dans les mains. Le troisième geste serait<br />
sa propre créativité face à tout ça. Voilà, c’est peut-être le geste le plus complexe à faire.<br />
Je ne sais, pas, je ne suis pas le juge. Après, il y a le parcours des g<strong>en</strong>s. C’est évidemm<strong>en</strong>t<br />
la r<strong>en</strong>contre avec Philippe Dorin qui m’a placée là. Il y a aussi toute l’histoire de chacun,<br />
que je ne vais pas exposer. Voilà, c’est ce qui est assez fondam<strong>en</strong>tal. Ce que ça m’a fait<br />
découvrir, au fond, dans son écriture, comme il disait tout à l’heure, Philippe écrit les<br />
mots les plus simples, « table », « chaise », « vi<strong>en</strong>s », « oui ». C’est parfois assez complexe.<br />
C’est ça qui était formidable dans cette av<strong>en</strong>ture, c’est que du coup, avec ces mots,<br />
c’est compliqué quand le s<strong>en</strong>s ne vi<strong>en</strong>t pas comme ça. Alors, c’est ça le travail formidable<br />
dans lequel je me suis retrouvée directem<strong>en</strong>t. Oui. C’est pas oui, oui. Oui ? On peut<br />
<strong>en</strong> dire plein des oui. Là, non. Il faut, avec Philippe, dire OUI. Et ce oui, il s’ouvre sur tous<br />
les autres oui. Et ça pose vraim<strong>en</strong>t une question. La question du minimalisme, du peu,<br />
de la toute petite chose, qu’il faut trouver sans arrêt, et qui va exprimer les grandes choses.<br />
Finalem<strong>en</strong>t, ce dont parlait Nathalie<br />
tout à l’heure, et tous les autres, c’est la<br />
question du s<strong>en</strong>s. D’être à sa place. A quelle<br />
place est-on? Quand il parle de la chaise, la chaise, c’est la chaise. Et la chaise dit :<br />
« C’est quoi ma place ?». C’est bizarre ces niveaux là. Si on comm<strong>en</strong>ce à les interpréter,<br />
on réduit les choses. Si on les ouvre trop, on donne tellem<strong>en</strong>t de lectures que l’on <strong>en</strong><br />
donne plus… Enfin, voilà.<br />
Et <strong>en</strong> même temps, je trouve cette place là merveilleuse, celle du vide, du manque, qui<br />
laisse pour nous metteurs <strong>en</strong> scènes, énormém<strong>en</strong>t d’interrogations. Ça fait p<strong>en</strong>ser, ça<br />
r<strong>en</strong>d un peu intellig<strong>en</strong>t, j’espère. On essaie de répondre à ça. C’est à dire comm<strong>en</strong>t je fais,<br />
sur un plateau, pour être très simple, pour donner tous les s<strong>en</strong>s que ça donne sans se<br />
perdre. Je trouve ça formidable, et ça m’a permis aussi, puisqu’on parle de place, de me<br />
questionner sur : à quelle place on est quand on fait quelque chose. Si je suis au bon<br />
<strong>en</strong>droit, ça n’est pas facile, mais ça va. Le projet qu’on déf<strong>en</strong>d, est-ce que ce sont des projets<br />
qui me font m’embarquer dans une histoire qui correspond à quelque chose pour<br />
moi, ou pas ?. A partir de là, déjà, on est à peu près vrai. C’est déjà fondam<strong>en</strong>tal.<br />
Pour les <strong>en</strong>fants, c’est la même histoire. Il n’y a pas de raisons. On l’a déjà dit, tout le<br />
monde le sait à cette table, ça n’est pas parce qu’ils sont petits qu’on réduit les choses.<br />
Bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t, c’est de nous-mêmes qu’il faut parler. On peut se poser des questions<br />
très techniques sur la durée, on peut leur dire beaucoup de choses. C’est un peu<br />
l’épreuve aussi. Par rapport aux <strong>en</strong>fants, quand même, je dirais que, là où c’est intéressant<br />
pour nous, c’est quoi ce point de r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre eux et nous. C’est ça qui devi<strong>en</strong>t<br />
la chose forte parce que je ne peux pas me mettre à leur place. Si on arrive à traverser ça<br />
et à se r<strong>en</strong>contrer à un <strong>en</strong>droit <strong>en</strong> sachant que, à cet <strong>en</strong>droit là, les grands ne vont peutêtre<br />
pas trop aimer, les petits vont peut-être s’<strong>en</strong>nuyer un peu, tout ça ne va pas forcém<strong>en</strong>t<br />
être l’extase. Ce point là, il est ess<strong>en</strong>tiel. C’est ça qui fait que, nous, peut-être, au<br />
mom<strong>en</strong>t des premières représ<strong>en</strong>tations, on a déf<strong>en</strong>du quelque chose de personnel, et ce<br />
sont les <strong>en</strong>fants qui vont répondre, nous dire si on s’est trompé ou pas. Moi, ça me plait<br />
de trouver un peu d’universalité. Je n’aime pas du tout parler <strong>en</strong> public. C’est tout.<br />
Dominique Bérody<br />
Tu peux nous parler de la collaboration avec l’auteur ?<br />
C’est la question du s<strong>en</strong>s.<br />
Sylviane Fortuny<br />
Philippe Dorin, c’est une grande histoire. Souv<strong>en</strong>t, on prévoit les projets <strong>en</strong>semble, on<br />
choisit la thématique. Ensuite, on <strong>en</strong> discute. Souv<strong>en</strong>t, on choisit les comédi<strong>en</strong>s, parce<br />
qu’ils font partie de cet univers qu’on déf<strong>en</strong>d. Puis Philippe écrit, il m’<strong>en</strong> parle. Je fais la<br />
mise <strong>en</strong> scène, on discute. Des fois c’est sympa, des fois pas. Et puis voilà. C’est un chemin<br />
qu’on fait depuis dix ans. Cette année, aussi dans cette idée de déplacem<strong>en</strong>t, dans<br />
l’idée qu’il faut trouver les choses qui vont nous inspirer, on a travaillé de manière<br />
inverse : j’ai proposé à Philippe un projet, sur les saisons. L’équipe s’est r<strong>en</strong>forcée. Les<br />
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