Mise en page 1 - Théâtre Massalia
Mise en page 1 - Théâtre Massalia
Mise en page 1 - Théâtre Massalia
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />
cer et puis des choristes étai<strong>en</strong>t placés à des <strong>en</strong>droits précis. Une sorte de reconstitution<br />
d’une usine qui s’est transformée <strong>en</strong> usine musicale. Avec des lieux appropriés à des types<br />
de sources. Sans mouvem<strong>en</strong>ts de sons mais une localisation comme dans une usine.<br />
Voilà pour cette prés<strong>en</strong>tation de scénographies différ<strong>en</strong>tes. Après on peut r<strong>en</strong>trer dans<br />
des choses plus <strong>en</strong> détail. Je peux vous passer un film qui vous montre plusieurs installations<br />
et où on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la musique <strong>en</strong> même temps.<br />
Question dans le public :<br />
Je voulais vous demander si la spatialisation va aider à l’écoute de la musique contemporaine, et si ça n’agit<br />
pas aussi sur le regard du spectateur ? Parce qu’<strong>en</strong> fait <strong>en</strong> spatialisant, on fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des<br />
choses distinctes, mais il y a aussi le fait de voir des g<strong>en</strong>s à des <strong>en</strong>droits différ<strong>en</strong>ts ?<br />
Vous touchez du doigt une polémique dans le milieu de la musique contemporaine. C’est<br />
rev<strong>en</strong>u parce qu’il y a eu toute une époque du théâtre musical, <strong>en</strong> particulier à Avignon,<br />
avec une série de confrères qui ont fait beaucoup de choses dans le théâtre musical, je<br />
p<strong>en</strong>se à Aperghis, mais aussi à beaucoup d’autres. Ils p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t que c’était important de<br />
désigner la musique pour l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Quand on la montre, on l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong>. C’est sûr<br />
qu’on a pas besoin de voir les instrum<strong>en</strong>tistes jouer pour écouter une Suite pour<br />
Violoncelle, mais il n’empêche que quand le musici<strong>en</strong> est là, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d autre chose.<br />
D’abord on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que l’on est à l’<strong>en</strong>droit où il est, il y a un instant vivant qui se passe.<br />
On est <strong>en</strong> contact acoustique avec l’interprète. Mais surtout on est dans un mom<strong>en</strong>t<br />
vivant qui est inreproductible parce qu’il va jouer pour la dernière fois ce qu’il va jouer<br />
là. S’il le joue le l<strong>en</strong>demain, il va jouer autre chose. Il y a une notion de vivacité, une<br />
notion de vide mort qui se joue p<strong>en</strong>dant le concert, qui est intéressante. Dans les arts<br />
plastiques, ça ne se joue pas de la même façon, parce que ce sont des objets inertes.<br />
Alors la polémique vi<strong>en</strong>t du fait qu’après le théâtre musical, après ces expéri<strong>en</strong>ces de<br />
concerts électro-acoustiques dans des <strong>en</strong>droits… je p<strong>en</strong>se au Festival de Royans il y a<br />
20 ans, où Pierre H<strong>en</strong>ri faisait des concerts sur la plage, où il y avait des pièces de<br />
Boucourechliev avec l’orchestre<br />
éclaté dans l’espace…<br />
Il y a eu une espèce de crispation de<br />
certains milieux conservateurs qui<br />
ont comm<strong>en</strong>cé à dire : on donne des<br />
choses à voir, on empêche les g<strong>en</strong>s<br />
d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Tout compositeur qui<br />
met <strong>en</strong> scène sa musique, ou qui la<br />
mêle à des dispositifs visuels, la<br />
condamne. Ça n’a pas été une polémique<br />
viol<strong>en</strong>te, tout le monde s’<strong>en</strong><br />
fout. Disons que ce sont deux écoles<br />
qui ont raison toutes les deux, et qui<br />
cach<strong>en</strong>t d’autres préoccupations.<br />
Moi, ma préoccupation, c’est d’habiter<br />
ma vie, mon époque, les <strong>en</strong>droits<br />
que les g<strong>en</strong>s habit<strong>en</strong>t. Je ne me pose<br />
même pas la question si je dois le<br />
faire ou ne pas le faire, et <strong>en</strong> plus je<br />
ne fais pas que ça, j’ai fait des pièces<br />
pour des non-lieux. Je suis serein<br />
par rapport au fait que quand j’ai<br />
<strong>en</strong>vie de le faire, je le fais et quand<br />
je n’ai pas <strong>en</strong>vie, je fais autre chose.<br />
Je n’ai pas un discours totalitaire sur<br />
la question du rapport à l’espace. Je<br />
p<strong>en</strong>se que tout ça a fait beaucoup<br />
Je n’ai pas un discours totalitaire<br />
sur la question du rapport à<br />
l’espace. Je p<strong>en</strong>se que tout ça a fait<br />
beaucoup de bi<strong>en</strong> à l’auditeur<br />
candide. Je p<strong>en</strong>se que pour un<br />
auditeur non averti, ce sont des<br />
dispositifs qui le mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
action, qui lui permett<strong>en</strong>t de se<br />
r<strong>en</strong>dre compte que c’est à lui<br />
d’aller écouter les choses, et que<br />
grâce à cela, le chemin pour aller<br />
vers la musique est plus évid<strong>en</strong>t,<br />
plus facile.<br />
de bi<strong>en</strong> à l’auditeur candide. Je p<strong>en</strong>se que pour un auditeur non averti, ce sont des dispositifs<br />
qui le mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> action, qui lui permett<strong>en</strong>t de se r<strong>en</strong>dre compte que c’est à lui<br />
d’aller écouter les choses, et que grâce à cela, le chemin pour aller vers la musique est<br />
plus évid<strong>en</strong>t, plus facile.<br />
Je vous montrerais une pièce où je vais <strong>en</strong>core plus loin là-dedans. Je ne dis pas qu’on le<br />
fait pour ça, on ne fait pas des œuvres pédagogiques. Mais il y a un effet pédagogique<br />
52