Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
Dominique Bérody<br />
Qu’est-ce qui caractérise votre démarche ? A propos de ce souci de toujours croiser les<br />
langages, tu as beaucoup parlé de la peinture, la marionnette. Mais peut-être aussi tu<br />
peux évoquer ce qu’à vos yeux, ça introduit comme rapport au public. Parce que forcém<strong>en</strong>t,<br />
chaque spectacle crée un rapport particulier au public, par l’émotion qu’il décl<strong>en</strong>che.<br />
J’aimerais que tu parles de ça.<br />
Isabelle Hervouët<br />
Alors, comm<strong>en</strong>t on s’adresse à des <strong>en</strong>fants ? J’ai <strong>en</strong>vie de me prés<strong>en</strong>ter comme adulte,<br />
telle que je suis. Les personnes <strong>en</strong> scène sont des êtres humains. On ne travaille pas du<br />
tout sur l’idéal de l’adulte <strong>en</strong> scène qui pourrait montrer une voie. Ça induit une certaine<br />
qualité de prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> scène, très charnelle et très <strong>en</strong> relation avec le public prés<strong>en</strong>t.<br />
Dominique Bérody<br />
Il y a un autre aspect que l’on peut évoquer, que tu as évoqué ce matin. Lorsque l’on vous<br />
demande « quelque chose » du spectacle, avant ou après, c’est à dire la question de la<br />
trace. Et est-ce que cette écriture là, puisqu’on n’est plus dans le domaine du texte théâtral<br />
traditionnel, est communicable ? Est-ce qu’elle permet de se préparer ou de prolonger<br />
ce qu’on a ress<strong>en</strong>ti devant le spectacle ?<br />
Il y a une t<strong>en</strong>tative de création de<br />
langage commun.<br />
Isabelle Hervouët<br />
Ce qui est sûr, c’est que le public fait partie de l’écriture. Dans la construction de l’espace,<br />
dans la p<strong>en</strong>sée de la dynamique de l’espace <strong>en</strong>tre la scène, le public fait partie de<br />
l’écriture du spectacle. Soit parce qu’on est sur des formes de proximité, ou autrem<strong>en</strong>t.<br />
On ne se pose pas la question de l’<strong>en</strong>fance par contre, mais la question de où sont placés<br />
ceux avec qui on va dialoguer. Comm<strong>en</strong>t cette distance ou cette proximité amène du<br />
jeu, du s<strong>en</strong>s. Ça fait partie de l’écriture.<br />
Ensuite, on travaille beaucoup <strong>en</strong> improvisation. On se donne un thème. Il y a un temps<br />
de docum<strong>en</strong>tation, d’imprégnation, dans toutes ses ramifications. Je dis « on » parce c’est<br />
très difficile de séparer ce que Paolo Cardona fait de ce que je fais dans les créations, ça<br />
dép<strong>en</strong>d des créations <strong>en</strong> réalité. Ensuite, on transmet aux collaborateurs du projet, le<br />
photographe ou le musici<strong>en</strong> ce bagage là, pour avoir un bagage commun. On comm<strong>en</strong>ce<br />
à travailler <strong>en</strong>semble C’est à dire qu’ils sont prés<strong>en</strong>ts dès le début du travail. On avance<br />
<strong>en</strong>semble <strong>en</strong> improvisation.<br />
Il y a une personne<br />
qui fait la mise <strong>en</strong> scène.<br />
Nous l’appelons le ou la<br />
garante du s<strong>en</strong>s. Les choses<br />
avanc<strong>en</strong>t, il y a une t<strong>en</strong>tative de création de langage commun. Ça pr<strong>en</strong>d un certain<br />
temps. Cela signifie qu’à un certain mom<strong>en</strong>t, il faut arrêter de répéter, qu’il faut que nous<br />
retournions à l’écriture dramaturgique pour pouvoir faire avancer le projet. On n’est pas<br />
comme tu le disais, dans une écriture de l’improvisation. On est dans une richesse de l’improvisation<br />
<strong>en</strong>semble, parce qu’on imagine que l’ouverture que donne la possibilité de<br />
découvrir la musique p<strong>en</strong>dant que moi j’improvise est une ouverture énorme. J’arrive à <strong>en</strong><br />
extraire des choses précieuses pour le spectacle, que l’on n’obti<strong>en</strong>drait pas et qu’on<br />
atteindrait pas si tout était au préalable écrit, et si on demandait au musici<strong>en</strong> d’écrire sur<br />
des actions déjà déterminées. On laisse cette ouverture là comme une richesse d’écriture.<br />
Mais on a besoin que ce soi<strong>en</strong>t des phases bi<strong>en</strong> déterminées dans le temps, et on a besoin<br />
de rev<strong>en</strong>ir à des phases d’écriture sur papier. J’ai besoin de rev<strong>en</strong>ir à une formulation écrite<br />
de ce qui se passe sur scène. C’est à dire mettre des mots sur les émotions, sur les int<strong>en</strong>tions.<br />
C’est essayer de formuler le rapport qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les images avec le comédi<strong>en</strong><br />
et vice versa, comme dans « Moitié Moitié », ou « IN », par exemple, pour pouvoir <strong>en</strong>richir<br />
ce qui va v<strong>en</strong>ir après. C’est peut-être un travail d’écriture classique de dramaturgie,<br />
mais où tous les élém<strong>en</strong>ts sont prés<strong>en</strong>ts dès le départ.<br />
Dominique Bérody<br />
Très bi<strong>en</strong>. Je p<strong>en</strong>se que c’est une manière aussi de signer votre travail. Quand je parle<br />
de la signature artistique, je crois qu’on s<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> là qu’il y a une démarche extrêmem<strong>en</strong>t<br />
formulée, et consci<strong>en</strong>te, qui peut intégrer la part d’aléatoire et d’improbable de<br />
la création, mais qui peut aussi se fixer <strong>en</strong> quelque sorte, et déboucher sur la partition.<br />
Alors j’imagine que vous devez être confrontés, quand on vous demande cette parti-<br />
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