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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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LUNDI 12<br />

NOVEMBRE<br />

2007<br />

“Déroutes” de Mathilde Monnier<br />

Gérard May<strong>en</strong><br />

e ne suis pas quelqu’un de la scène. On ne change pas une formule qui gagne. Je vais<br />

vous demander, comme Philippe Guisgand ce matin, qui a déjà vu des pièces de<br />

Mathilde Monnier ? Un gros tiers, une petite moitié. Comme Philippe l’a expliqué, on va<br />

changer beaucoup dans la méthode, tout <strong>en</strong> restant autour des mêmes questions. Cet<br />

après-midi, au lieu de parcourir toute l’œuvre d’une chorégraphe, on va s’intéresser à une<br />

seule pièce. La pièce, c’est « Déroutes ». Comme je l’ai dit dans mon introduction ce<br />

matin, c’est une pièce qui manifestem<strong>en</strong>t va d’emblée nous donner l’impression d’être<br />

sur un tout autre versant, je dirais, qu’Anne Teresa de Keersmaeker.<br />

On va d’abord regarder des extraits, pour que vous r<strong>en</strong>triez dans la pièce, pour que vous<br />

vous la mettiez sous la d<strong>en</strong>t. Et vous verrez que ce n’est manifestem<strong>en</strong>t pas la même<br />

s<strong>en</strong>sation d’écriture, t<strong>en</strong>ue, claire, presque étincelante, presque « au cordeau » comme<br />

disait Philippe ce matin. On est dans tout autre chose. Vous vous souv<strong>en</strong>ez, ce matin,<br />

j’insistais sur la notion de dispositif. Ça va nous porter à nous intéresser sur la manière<br />

dont le mécanisme est constitué, de quoi il est fait, comm<strong>en</strong>t il fonctionne peut-être plus<br />

qu’à ce qui est produit. Du coup, j’étais parti, ce matin sur une interrogation sur ce qu’est<br />

la composition. Vous savez, tout ça ce sont des mots. Des<br />

La chorégraphie serait<br />

ce qui serait de l’ordre<br />

de l’écriture de la<br />

danse « <strong>en</strong> propre »,<br />

je dirais de l’écriture<br />

du mouvem<strong>en</strong>t.<br />

mots valise. Des mots à tiroir, des mots où chacun de nous<br />

peut mettre beaucoup de choses. On a le choix. Voilà<br />

comm<strong>en</strong>t je vais essayer de réfléchir avec vous. On va se<br />

dire peut-être que la chorégraphie serait ce qui serait de<br />

l’ordre de l’écriture de la danse « <strong>en</strong> propre », je dirais de<br />

l’écriture du mouvem<strong>en</strong>t. C’est une écriture du mouvem<strong>en</strong>t<br />

qui travaille un certain rapport espace/temps. Ça serait ça la<br />

chorégraphie « <strong>en</strong> propre ». On essaierait de situer ce qu’on<br />

a va appeler « composition ». Je cherche où serait la<br />

composition par rapport à la chorégraphie.<br />

On va dire qu’il y aurait la dramaturgie qui serait une visée<br />

sur le s<strong>en</strong>s, une traversée du s<strong>en</strong>s. Comm<strong>en</strong>t une pièce va,<br />

du début à la fin, vers une production de s<strong>en</strong>s. C’est un peu comme ça que je voudrais<br />

travailler avec vous cet après midi. Quelles sont les composantes qui r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans cette<br />

pièce, les composantes chorégraphiques, mais aussi les autres, ce qui l’a nourrie, mais<br />

aussi dans le travail de la scénographie, le travail du plateau, par rapport au texte, à la<br />

musique ? Comm<strong>en</strong>t tous ces élém<strong>en</strong>ts vont s’ag<strong>en</strong>cer, vont être mis <strong>en</strong> ordre et selon<br />

quelle conception, pour se situer <strong>en</strong>tre ces deux niveaux que je vi<strong>en</strong>s de désigner : <strong>en</strong>tre<br />

la chorégraphie au s<strong>en</strong>s strict d’un côté et la dramaturgie de l’autre.<br />

Une petite précision, Herman Diephuis, interprète de Mathilde Monnier et de la pièce<br />

« Déroutes » particulièrem<strong>en</strong>t, a précisé ce matin qu’il était susceptible d’interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong><br />

pure contradiction avec ce que je vais vous exposer. On ne s’est pas concertés avec lui<br />

quand à la manière dont il peut interv<strong>en</strong>ir dans mon propre développem<strong>en</strong>t. Ce que je<br />

voulais dire, c’est que c’est une idée qui ne doit pas nous choquer, qu’un interprète ait<br />

un propos sur une pièce qui peut être totalem<strong>en</strong>t distinct, voire antagonique avec le<br />

mi<strong>en</strong>, qui ne fait qu’observer la pièce. Il va sans dire qu’<strong>en</strong>tre plusieurs personnes qui<br />

observ<strong>en</strong>t une pièce, il peut y avoir autant de diversité, voire d’antagonisme. Entre<br />

l’interprète et le chorégraphe, il peut y compris y avoir toute cette gamme de variations,<br />

<strong>en</strong>tre des choses qui se rejoign<strong>en</strong>t, qui converg<strong>en</strong>t, ou des choses très distinctes, voire<br />

des choses qui diverg<strong>en</strong>t.<br />

C ‘est de ça qu’est véritablem<strong>en</strong>t faite une pièce. Une pièce, ce n’est pas un produit fini<br />

qu’on achète au supermarché dans une boite de conserve, pas quelque chose qui comm<strong>en</strong>ce<br />

à 20h30 et qui finit à 22h15. Ce n’est pas quelque chose qui s’arrête le soir de la<br />

première ou de la générale. Ce n’est pas quelque chose qui sort uniquem<strong>en</strong>t du cerveau<br />

du chorégraphe, de l’int<strong>en</strong>tion du chorégraphe, qui l’aurait mise <strong>en</strong> forme. Une pièce,<br />

c’est quelque chose qui est constamm<strong>en</strong>t ouvert, qui se nourrit. C’est ma conception des<br />

choses, d’autres g<strong>en</strong>s vous expliquerai<strong>en</strong>t autre chose. C’est ma conception, mais je ne<br />

suis pas tout seul. C’est une certaine conception, une certaine compréh<strong>en</strong>sion de ce que<br />

peut être une œuvre. La conception dans laquelle je me reconnais le plus, c’est l’idée<br />

qu’une pièce, ce n’est pas clos, ce n’est pas un objet cerné et définitif. Tout au contraire,<br />

ça n’arrête pas d’être ouvert, ça n’arrête pas de vivre, de s’ouvrir à de multiples forces, qui<br />

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