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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Traditions, transgressions, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

tradition, c’est quelque chose qui est <strong>en</strong> perpétuelle transformation. Ce qu’on appelle <strong>en</strong><br />

général des traditions, c’est la fixation de formes à un mom<strong>en</strong>t donné, notamm<strong>en</strong>t, souv<strong>en</strong>t,<br />

c’est à la fin du 19 ème siècle. Et pour moi, la tradition, c’est quelque chose dont on<br />

est porteur, et qui est tout le temps sur la brèche. Tout le temps <strong>en</strong> porte à faux. Tout le<br />

temps, c’est ce que je voulais dire aussi, dans sa propre transgression.<br />

Un homme dans l’assemblée<br />

Je parlais simplem<strong>en</strong>t du fait qu’on ait une réponse ou pas par rapport à ce que pouvait<br />

am<strong>en</strong>er une pratique traditionnelle très int<strong>en</strong>se et très rigide. Une réponse qui pourrait<br />

nous faire compr<strong>en</strong>dre pourquoi ces g<strong>en</strong>s là se focalis<strong>en</strong>t sur une pratique qui est très<br />

rude, très int<strong>en</strong>se, très pragmatique, dans un makam ou dans un rag. Quel bonheur il<br />

peut y avoir dedans ?<br />

Zad Moultaka<br />

Ce sont des traditions tellem<strong>en</strong>t fortes, que déjà une pratique comme celle là est un<br />

espace qui est énorme et très important. Je n’ai pas le souv<strong>en</strong>ir qu’on ait dit que…<br />

Un homme dans l’assemblée<br />

Non, mais dans tout le débat, on a parlé de la liberté et de la tradition, du poids de la<br />

tradition, pas de ce que ça pouvait am<strong>en</strong>er.<br />

Zad Moultaka<br />

Il y a quelque chose qui me travaille beaucoup. J’ai l’impression que dans le temps, les<br />

hommes étai<strong>en</strong>t dans une attitude qui était beaucoup plus, bon, c’est un peu dangereux<br />

de parler comme ça, mais c’est pas grave, plus intérieur. Il y avait quelque chose qui les<br />

reliait plus. Les hommes étai<strong>en</strong>t plus reliés qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, on n’est plus<br />

relié, à quelque chose, quelle qu’elle soit. On peut l’appeler Dieu, on peut l’appeler tout<br />

ce qu’on veut. Il y a eu une coupure qui s’est opérée. J’ai l’impression qu’il y a une perte<br />

de s<strong>en</strong>s. Quand on regarde les choses anci<strong>en</strong>nes, les vieilles formes, les vieilles traditions,<br />

toutes ces choses là, on se r<strong>en</strong>d compte que comme il y avait une liaison avec quelque<br />

chose qui dépassait l’homme et son propre… il s’est passé quelque chose, qu’on<br />

peut appeler, je ne sais pas, un espace spirituel, qui a traversé les œuvres et les traditions.<br />

Aujourd’hui, on est dans une attitude de regard, une attitude de consommation et<br />

de distanciation par rapport à tout ça. Moi <strong>en</strong> tout cas, ce que je cherche, c’est ce qui se<br />

disait tout à l’heure, <strong>en</strong> même temps, on ne peut pas rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> arrière, c’est impossible.<br />

Dans la nature, une fleur qui pousse ne peut jamais faire un chemin inverse. Elle est<br />

vouée à pousser, à monter, à ce qu’elle monte le plus haut possible, et <strong>en</strong>suite, à ce<br />

qu’elle meure. Toutes les civilisations ont toujours ce chemin là, qu’on le veuille ou pas.<br />

Sauf que chez nous, on a la possibilité de rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> arrière parce qu’on a peur.<br />

L’acceptation ou l’inacceptation de la mort, notre consci<strong>en</strong>ce fait qu’on a peur parfois<br />

d’avancer donc on s’accroche à des choses anci<strong>en</strong>nes. Ce que je trouve intéressant<br />

aujourd’hui, <strong>en</strong> tout cas pour moi <strong>en</strong> tant que compositeur, c’est de questionner ces traditions.<br />

A quel <strong>en</strong>droit elles ont quelque chose de très profond ? A quel <strong>en</strong>droit l’ess<strong>en</strong>ce,<br />

parce qu’elles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une ess<strong>en</strong>ce que nous on a perdu aujourd’hui. C’est à cet<br />

<strong>en</strong>droit là que moi j’ai <strong>en</strong>vie de puiser. Elle ne passe pas forcém<strong>en</strong>t par une connaissance,<br />

paradoxalem<strong>en</strong>t. Elle est véhiculée par d’autres choses. Une attitude de liberté<br />

justem<strong>en</strong>t, d’ouverture et d’humilité. En même temps, je suis dans une autre av<strong>en</strong>ture,<br />

je ne veux pas rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> arrière, mais <strong>en</strong> même temps, aujourd’hui, comm<strong>en</strong>t faire pour<br />

pouvoir intégrer cette ess<strong>en</strong>ce là qui est vitale, pour moi et pour nous tous finalem<strong>en</strong>t.<br />

C’est peut-être <strong>en</strong> cela qu’il peut y avoir un regard vers ces traditions qui est très important.<br />

Sauf qu’il y a deux attitudes. Le danger c’est qu’il y <strong>en</strong> a qui tomb<strong>en</strong>t justem<strong>en</strong>t dans<br />

le piège de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t.<br />

Un homme dans l’assemblée<br />

Là vous avez vraim<strong>en</strong>t répondu à ma question. C’est ce que j’avais <strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre,<br />

<strong>en</strong>fin, de compr<strong>en</strong>dre surtout. Ce qui me plaît dans ce que vous avez dit, c’est qu’il n’y a<br />

aucun conflit dans ce que vous exprimez et que réellem<strong>en</strong>t il y a une beauté dans votre<br />

démarche, qu’elle soit contemporaine ou dans l’ess<strong>en</strong>ce de la tradition. Je p<strong>en</strong>se qu’il n’y<br />

a pas besoin de conflits pour découvrir les belles choses dans leur universalité. Une dernière<br />

question, j’ai un peu accaparé le débat, excusez-moi. A quel mom<strong>en</strong>t avez-vous<br />

décidé, quel est le signe, la chose <strong>en</strong> vous qui a été un éveil profond, de quitter votre<br />

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