Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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“Déroutes” de Mathilde Monnier par Gérard May<strong>en</strong><br />
arrive <strong>en</strong> lumière « normale ». Mes coupures sont arbitraires. Ça n’est pas une pièce <strong>en</strong><br />
tableaux, de structure fixe qui permettrait de passer d’un acte 1 ou un acte 2 dans le<br />
théâtre. Voilà, le processus se déroule. J’imagine que vous avez reconnu Herman<br />
Diephuis qui est <strong>en</strong>train de passer sa cravate.<br />
Là, je ne choisis pas tout à fait au hasard. Vous voyez le personnage à droite <strong>en</strong> jaune,<br />
qui est dans une position comme s’il était dans des starting blocks. Il n’est plus seul.<br />
C’est une figure qui t<strong>en</strong>d à se multiplier. On y revi<strong>en</strong>dra tout à l’heure. C’est Michaël<br />
Falipo qui a comm<strong>en</strong>cé.<br />
Voilà. Est-ce que vous pourriez réagir <strong>en</strong> peu de mots, si quelqu’un se s<strong>en</strong>t. Qu’est ce que<br />
ça vous inspire, qu’est ce que vous avez vu ? On peut se le raconter très simplem<strong>en</strong>t.<br />
C’était programmé à la télé. Vous l’avez vu. Vous <strong>en</strong> parlez à quelqu’un qui n’a pas vu<br />
l’émission. En peu de mots. Qu’est-ce que vous avez vu ? Sans compliquer. Sans analyser.<br />
Sans vouloir retranscrire tout le s<strong>en</strong>s. Est-ce qu’il y aurait un ou deux points de vue<br />
comme ça.<br />
Première personne dans le public :<br />
Moi, j’ai ress<strong>en</strong>ti un climat de grande solitude. De viol<strong>en</strong>ce intérieure. D’un schisme total .Un malaise.<br />
Gérard May<strong>en</strong><br />
Donc viol<strong>en</strong>ce, schisme, solitude, malaise.<br />
Première personne dans le public<br />
Avec des mom<strong>en</strong>ts humoristiques aussi.<br />
Gérard May<strong>en</strong> (se fait le porte voix des interv<strong>en</strong>tions dans la salle qui ne sont pas audibles)<br />
Mom<strong>en</strong>ts humoristiques. On va continuer. « Chaos. Désordre. On ne reconnaît ri<strong>en</strong> de la<br />
vie ». De la vie qu’on connaît ? Et c’est dérangeant. Des g<strong>en</strong>s qui march<strong>en</strong>t.<br />
Une dernière vision ? Sans blague, ce que je disais tout à l’heure est vrai : tout est<br />
intéressant. J’anime souv<strong>en</strong>t des ateliers du regard. C’est différ<strong>en</strong>t, ce sont des pièces<br />
qu’on a vues, avec des spectateurs. Je vous assure que des interv<strong>en</strong>tions que vous avez<br />
faites, il n’est pas un mot inintéressant. On pourrait comm<strong>en</strong>cer à tirer, comme sur un fil,<br />
à partir des choses que vous avez dites. Un dernier point de vue ? Par rapport à l’objet<br />
qu’on détourne. Le côté humain qu’on détourne. On est vraim<strong>en</strong>t déjà dans des pistes<br />
d’analyses. Comme si la chorégraphe avait plaqué sur les individus quelque chose, alors<br />
qu’ils aurai<strong>en</strong>t un pot<strong>en</strong>tiel autre. Ce qui serait un peu une forme d’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t.<br />
Parmi les jeunes, les « un peu plus jeunes » ! Excusez-moi pour les autres !<br />
Deuxième personne du public<br />
Les danseurs ont des profils très variés. La scénographie intègre des élém<strong>en</strong>ts du quotidi<strong>en</strong>, qui n’ont pas<br />
leur place dans ce spectacle, qui sont inhabituels à cette place là. Ça me fait p<strong>en</strong>ser à de l’absurde.<br />
Gérard May<strong>en</strong><br />
Donc, d’une part les danseurs ont un profil très varié, d’autre part on a des élém<strong>en</strong>ts dans<br />
le décor, des objets du quotidi<strong>en</strong> qui sont déplacés dans des contextes autres. Au total,<br />
quelque chose qui nous rapprocherait de l’absurde. On va <strong>en</strong> rester là.<br />
Pour tout vous dire, je vous le signalais tout à l’heure, le titre le suggère, c’est une pièce<br />
absolum<strong>en</strong>t déroutante, difficile à saisir, incontestablem<strong>en</strong>t. Moi je fais partie du petit<br />
fan club, (où il n’y a que des g<strong>en</strong>s bi<strong>en</strong> !), qui sont convaincus que c’est une pièce importante.<br />
Ce n’est pas du tout la plus connue, la plus notoire de Mathilde Monnier, elle a été<br />
très peu montrée. Il n’y a eu qu’une vingtaine de représ<strong>en</strong>tations <strong>en</strong> France. Peut-être<br />
même moins. Pour ma part, j’ai eu la chance d’<strong>en</strong> voir 8 d’affilée au Théâtre de<br />
G<strong>en</strong>nevilliers. C’est une expéri<strong>en</strong>ce à vivre. Avec des procédures particulières, qui ne<br />
seront jamais celles d’un spectateur normal, avec des prises de notes particulières, un<br />
jour sur les éclairages, un jour sur les <strong>en</strong>trées <strong>en</strong> scène, sur les costumes, sur le rapport<br />
à la musique, etc. Je reste sur l’idée que quelque chose est un peu abyssal, difficile à saisir,<br />
de déploie dans une dim<strong>en</strong>sion qui nous échappe. Encore à ce jour, quand je regarde<br />
ces images, quelque chose échappe. Et intuitivem<strong>en</strong>t, n’ayons pas peur des intuitions,<br />
comme un premier niveau, il m’apparaît que quelque chose a trait au volume, à l’espace.<br />
Comme si cet espace était sur-dim<strong>en</strong>sionné, ou peu marqué, ou échappait aux repères<br />
habituels que nous avons lorsque nous r<strong>en</strong>trons dans une salle de spectacle et que nous<br />
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