Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
Nouveau Théâtre, à l’usage des Collèges et de P<strong>en</strong>sions, dédiés à la jeunesse, par Jean-Marc Richard,<br />
Tome Premier, Librairie de l’Université, 1922.<br />
Préface. On joue quelquefois dans des collèges des tragédies telles que « La Mort de César », de Philoctète.<br />
Ces chefs-d’œuvre de notre scène sont rarem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>tis par les jeunes g<strong>en</strong>s qui les représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t. Il <strong>en</strong> résulte<br />
de la fatigue pour le spectateur et peu d’avantages pour les acteurs. On supprime aussi dans les comédies<br />
les rôles de femmes. Mais chacun s<strong>en</strong>t que cette mutilation produit un tout incohér<strong>en</strong>t et bizarre. Plusieurs<br />
auteurs ont travaillé à écrire des pièces plus faciles à compr<strong>en</strong>dre, qui par conséqu<strong>en</strong>t, peuv<strong>en</strong>t être jouées,<br />
avec goût, par ces jeunes g<strong>en</strong>s de 10 à 16 ou 18 ans. Je ne prét<strong>en</strong>ds pas juger du mérite de ces pièces, dont<br />
quelques-unes m’ont paru atteindre leur but, mais elles sont <strong>en</strong> petit nombre. Les autres s’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t<br />
absolum<strong>en</strong>t. Il <strong>en</strong> existe une dans laquelle un jeune indocile tire un coup de fusil, précisém<strong>en</strong>t parce qu’on<br />
le lui a déf<strong>en</strong>du. Certes l’auteur de cette comédie, n’était ni père, ni instituteur. D’abord, <strong>en</strong> supposant,<br />
contre mon opinion, qu’il n’y ait pas d’inconvéni<strong>en</strong>t à prés<strong>en</strong>ter aux <strong>en</strong>fants, les hommes des classes inférieures<br />
de la société comme des être vils, grossiers et crapuleux. P<strong>en</strong>se t’on qu’il n’y a plus aucun danger<br />
à faire jouer le rôle d’un charbonnier mort ivre et accoutumer ainsi la jeunesse à braver <strong>en</strong> public l’avilissem<strong>en</strong>t<br />
et le mépris ? Il ne suffit donc pas de retrancher les rôles de femmes. Il faut éviter soigneusem<strong>en</strong>t<br />
de faire paraître le vice, dans sa grossièreté, et de le montrer trop à nu. Je p<strong>en</strong>se aussi qu’il est bon d’écarter<br />
d’un théâtre de collège, la subtilité de la tragédie et l’intrigue de la tragédie, parce qu’elles ne sont pas<br />
toujours à la portée de ceux à qui on les destine et peuv<strong>en</strong>t offrir quelques dangers. En effet, la s<strong>en</strong>sibilité<br />
affectée qui règne dans la plupart des drames, appr<strong>en</strong>d de bonne heure à exprimer des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qu’on<br />
n'éprouve pas, et les plaisanteries basses et parfois triviales du Vaudeville sont souv<strong>en</strong>t plus faites pour corrompre<br />
le goût, que propres à le former. Donc il ne faut pas non plus tomber dans un excès contraire et<br />
faire de ces pièces un sermon, qui serait là fort mal placé. Il faut que la morale, lorsqu’elle se prés<strong>en</strong>te, soit<br />
naturelle, sans aucune prét<strong>en</strong>tion. N’oublions pas surtout que ce doit être ici un divertissem<strong>en</strong>t honnête,<br />
ri<strong>en</strong> de plus. Les exercices de l’esprit ont l’avantage de développer. Le plaisir est tout ce qu’on cherche, et<br />
pourvu qu’on n’offre ri<strong>en</strong> de nuisible et de dangereux, on a rempli son but.<br />
Dominique Bérody<br />
Merci pour cette ponctuation. Je vais me tourner vers Patrick B<strong>en</strong> Soussan, à qui on a posé<br />
comme sujet de réflexion : « Vers une définition du jeune public, des jeunes publics ».<br />
C’est un sujet de thèse qu’il va devoir réaliser <strong>en</strong> quelques minutes. Mais je lui fais<br />
confiance, pour nous livrer ses réflexions et son expéri<strong>en</strong>ce sur cette question de la définition<br />
du jeune public. D’ailleurs faut-il le définir ?<br />
Patrick B<strong>en</strong> Soussan<br />
Bonjour. Une définition du jeune public et des jeunes publics. Faut-il le définir ? Ce qui est<br />
bi<strong>en</strong>, c’est que dans le programme que j’avais, il y avait écrit « Lecture 2 à 5 minutes », et<br />
je me suis figuré p<strong>en</strong>dant un temps que je pourrais <strong>en</strong> 2 à 5 minutes, vous donner une<br />
définition du jeune public et des jeunes publics. Je vais m’<strong>en</strong> séparer rapidem<strong>en</strong>t. Je n’<strong>en</strong><br />
ai ri<strong>en</strong> à cirer. Donc, je ne vais absolum<strong>en</strong>t pas vous parler de cette question là, qui a<br />
déjà rempli des tonnes de colloques, des tonnes de littérature, et qui pour moi, est vraim<strong>en</strong>t<br />
le modèle de la question pipeau par excell<strong>en</strong>ce. C’est à dire que ça permet à beaucoup<br />
de monde de se gargariser de façon extraordinaire, mais ça ne fait absolum<strong>en</strong>t pas<br />
avancer le schmilblick. Donc, je suis désolé, je p<strong>en</strong>se<br />
que j’ai dû respecter le « 2 à 5 minutes », et je souhaiterais<br />
vous parler, dans le temps qui m’est<br />
imparti, de tout à fait autre chose, c’est à dire ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
de la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le théâtre et ce que<br />
l’on appelle le jeune public.<br />
Alors, je ne sais ri<strong>en</strong> de ce jeune public là. Je vais<br />
La r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le théâtre<br />
et ce que l’on appelle le<br />
jeune public.<br />
vous <strong>en</strong> parler de façon plus assidue parce que ce qui m’intéresse, c’est la petite conjonction<br />
de coordination <strong>en</strong>tre ces deux termes. Exclusivem<strong>en</strong>t. C’est à dire ce petit « et »,<br />
qui vi<strong>en</strong>t là, et qui est tout à fait improbable, si on veut le p<strong>en</strong>ser ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />
la partition d’un sujet, le jeune public, et d’un objet, le théâtre. Déjà, si on p<strong>en</strong>se les choses<br />
comme ça, on est dans l’erreur la plus totale. Mais bon, on va quand même essayer.<br />
On rapporte que Sacha Guitry à la sortie d’une représ<strong>en</strong>tation de théâtre aurait dit : « Si<br />
j’avais su que c’était si bête, j’aurais am<strong>en</strong>é les <strong>en</strong>fants ». Donc, si on a des représ<strong>en</strong>tations<br />
de l’<strong>en</strong>fance qui s’accord<strong>en</strong>t avec ce propos là, on risque de ne pas aller très loin.<br />
On va essayer d’aller un peu plus loin, <strong>en</strong> se servant de toutes les données réc<strong>en</strong>tes qui<br />
ont été évoquées au sujet du développem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>fant, on <strong>en</strong> a parlé sur l’histoire, la<br />
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