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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />

Brigitte Lallier Maisonneuve<br />

C’est l’auteur déplacé.<br />

Philippe Dorin<br />

Les pierres et les boulettes de papier. C’est un peu un travail de paysan, comme je le<br />

disais ce matin. C’est à dire, comme à la veillée, on faisait des paniers <strong>en</strong> osier. Il y avait<br />

une activité. J’aime bi<strong>en</strong> les activités qui sont manuelles. Autour de l’écriture, j’aime bi<strong>en</strong><br />

ça. Pour moi, le désir d’écrire, ça n’est pas d’inv<strong>en</strong>ter des histoires, d’abord ça a été de<br />

collectionner le papier. Je collectionne le papier. A la bibliothèque de Guérande, j’ai<br />

inv<strong>en</strong>té une histoire, mais qui ne s’écrit pas avec des mots. J’ai apporté deux pierres, qui<br />

étai<strong>en</strong>t des pierres que Sylviane avai<strong>en</strong>t trouvées dans une carrière. Elles avai<strong>en</strong>t le format<br />

d’un livre, où il y avait des traces, quand dans la carrière, on avait scié la roche.<br />

Quand on les regardait, ces pierres, on aurait dit des tablettes d’écriture anci<strong>en</strong>nes. Je<br />

suis arrivé dans la bibliothèque de Guérande, on les a cotées, et mises <strong>en</strong> rayon, comme<br />

d’autres livres. C’étai<strong>en</strong>t des livres de pierre. J’ai fait un travail p<strong>en</strong>dant trois mois d’archéologue.<br />

Je suis allé rechercher ce qu’il y avait dans ces deux pierres, <strong>en</strong> faisant des<br />

empreintes sur papier, <strong>en</strong> les relevant sur le papier, et <strong>en</strong>suite, <strong>en</strong> essayant de chercher<br />

dans les livres, dans les signes qu’on a dans les livres, un rapport avec cette écriture là.<br />

C’était quand même assez complexe. Mais c’était beau ! Comme à la Chartreuse, j’ai fait<br />

un travail avec des petits cailloux. Mais c’est un peu comme ramasser des pommes de<br />

terre. Je voulais rajouter ça par rapport à Sylviane, parce qu’elle ne le disait pas. La face<br />

cachée du metteur <strong>en</strong> scène.<br />

Sylviane Fortuny<br />

Au delà de ça, ce qui m’intéresse c’est l’abstraction. C’est retrouver la <strong>page</strong> blanche. Je<br />

trouve que ce n’est pas si simple à faire. Il faut pouvoir arriver à cela. De plus <strong>en</strong> plus, j’ai<br />

<strong>en</strong>vie de vider l’espace. Et <strong>en</strong> même temps, il faut que ça ressemble à quelque chose. Il<br />

faut que ça puisse donner de l’air et du s<strong>en</strong>s. C’est là où ça m’intéresse la <strong>page</strong> blanche.<br />

Ce qui est très fort quand on lit un roman, ou même quand on a des <strong>page</strong>s de descriptions,<br />

si on raconte un quartier, une rue, dans un roman, on aura tous un point de vue<br />

très différ<strong>en</strong>ts. On verra tous cette rue à sa manière et ce sera extrêmem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t. Je<br />

trouve ça fascinant. Moi, j’aimerais bi<strong>en</strong> arriver à faire ça. A donner des images des choses,<br />

sans donner la chose. Et que chacun construise sa propre image à partir de ce qu’il<br />

voit. Parce que je p<strong>en</strong>se que c’est ce qui est le plus complet. C’est toujours ça qui me<br />

guide. Travailler comme ça, sur la <strong>page</strong> blanche, c’est ça que ça me raconte, c’est de r<strong>en</strong>voyer<br />

cette chose qui va permettre à celui qui regarde d’avoir la vison la plus personnelle,<br />

et son rapport le plus personnel à ce qui se passe.<br />

Dominique Bérody<br />

Je voudrais laisser du temps à Christian Duchange et Christian Carrignon, et à vos réactions.<br />

Pour vous prés<strong>en</strong>ter Christian Duchange et la Compagnie de l’Artifice, (il montre<br />

un programme, une plaquette) : il est à Dijon, c’est un metteur <strong>en</strong> scène qui travaille <strong>en</strong><br />

direction et à partir des écritures d’aujourd’hui. Il a monté des textes de Suzanne Lebeau,<br />

Christophe Honoré, Bettina Weg<strong>en</strong>ast, Susie Morg<strong>en</strong>stern, des textes, « Lettres d’amour<br />

de 0 à 10 », « Etre le Loup », mais aussi « Crasse Tignasse », ainsi que des textes du<br />

répertoire classique de temps <strong>en</strong> temps. C’est une compagnie qui porte le théâtre, on a<br />

parlé beaucoup de cinéma, avec un certain regard, un point de vue, un éclairage, au s<strong>en</strong>s<br />

propre et au s<strong>en</strong>s figuré tout à fait singuliers, et qui, <strong>en</strong> même temps, contribue activem<strong>en</strong>t,<br />

je crois, et c’est ce que signe Christian dans son dernier éditorial, à une réflexion<br />

politique, citoy<strong>en</strong>ne sur la place de notre théâtre. Je vais lire un extrait de cet édito, parce<br />

qu’il revi<strong>en</strong>t sur un certain nombre de questions qu’on a posées ce matin et tout au long<br />

de cette journée. Il l’a intitulé : « Les seuils de satisfaction sont des paliers à franchir » :<br />

« Il est des cathédrales inachevées dont nous avons hérité comme celle de la déc<strong>en</strong>tralisation<br />

théâtrale et de l’élargissem<strong>en</strong>t des publics jusqu’aux <strong>en</strong>fants et aux jeunes. En<br />

quelle compagnie trouverons nous l’énergie de les poursuivre ? Qui reste partant pour<br />

creuser un sillon dans la mer ? » Et il conclut : « Adaptons le vocabulaire à nos nouvelles<br />

volontés et nos manières de p<strong>en</strong>ser et de construire notre théâtre. Allons vers une<br />

redéfinition commune et profonde des <strong>en</strong>jeux et de la place de ce théâtre jeune public,<br />

dans lequel nous voulons accueillir aussi et surtout les <strong>en</strong>fants. Faisons évoluer notre<br />

discours pour que sa pertin<strong>en</strong>ce reflète mieux son succès tout public grandissant et nous<br />

permette d’<strong>en</strong> finir avec l’accueil ambigu et paradoxal qu’il reçoit <strong>en</strong>core trop souv<strong>en</strong>t.<br />

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