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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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La solitude, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

effondré, comme une direction de l’histoire, c’est pour cela que je parle de prose du<br />

monde. Après tout, écrire, composer, ou danser, faire du cinéma, c’est toujours t<strong>en</strong>dre<br />

une ligne, inv<strong>en</strong>ter une ligne. Cette ligne a à voir avec notre histoire personnelle mais elle<br />

est aussi <strong>en</strong> résonance avec une histoire du monde. Comme cette histoire est dans une<br />

période de recomposition, et bi<strong>en</strong>, cette ligne ou l’inv<strong>en</strong>tion de ces lignes est à refaire.<br />

Du coup, tout a explosé, et c’est ce qui est passionnant. Du coup, c’est plus inconfortable<br />

parce qu’il n’y a pas d’école, mais je trouve cela beaucoup plus riche, parce que la<br />

justification des formes dans lesquelles on va devoir inv<strong>en</strong>ter quelque chose se pose<br />

dans une exig<strong>en</strong>ce de construction, de réinv<strong>en</strong>tion, d’une forme de clarté vis à vis du<br />

monde. Juste pour étayer ça. Il y a quelque chose qui, à mon avis, s’est défait, dans le<br />

dernier quart du 20ème siècle, parce que là on parle de séqu<strong>en</strong>ces historiques qui sont<br />

très l<strong>en</strong>tes, ce sont des mouvem<strong>en</strong>ts historiques qui sont très l<strong>en</strong>ts. On ne parle pas de<br />

la saison littéraire. Il y a quelque chose qui s’est défait et c’est quelque chose comme une<br />

certaine idée de la communauté. Et si je parle de la communauté, c’est que je r<strong>en</strong>voie<br />

aussi à l’idée d’un langage commun, et donc de prose du monde.<br />

Thierry Fabre<br />

Ce qui peut faire s<strong>en</strong>s commun.<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

Voilà. Et d’ailleurs, ce qui est très intéressant, c’est qu’on ne parle pas d’un monde qui<br />

est <strong>en</strong>train de se faire, or, il y a un monde qui se fait. Mais on parle d’un terme qui est<br />

passionnant, je trouve, si on l’écoute, on parle de globalisation. Ça veut dire quoi la globalisation<br />

? La globalisation r<strong>en</strong>voie à un phénomène qui se ferait de l’extérieur, comme<br />

est le globe d’une ampoule, sauf qu’à l’intérieur, soit la lumière n’est pas là, soit la<br />

matière qui forme ce globe est pulvérisée comme une lumière. Je p<strong>en</strong>se que ce qu’on est<br />

<strong>en</strong>train d’appeler une globalisation, c’est un monde qui t<strong>en</strong>te de se faire autour d’une<br />

disparition de quelque chose, qui est peut-être la question de la communauté. Cela pose<br />

la question du langage commun, de la langue commune dans laquelle on va s’exprimer.<br />

Tous les uns et les autres, on est toujours à un mom<strong>en</strong>t donné confronté à l’articulation<br />

<strong>en</strong>tre l’inv<strong>en</strong>tion d’une forme singulière qui est portée par notre individualité, et une langue<br />

commune qui est capable de répondre. Que je puisse répondre, que je puisse<br />

m’adresser à vous et que je puisse répondre aussi de quelque chose qui est le fait qu’on<br />

est <strong>en</strong>semble. C’est <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s que je peux dire qu’il y a une solitude, mais je la trouve<br />

plutôt intéressante.<br />

Thierry Fabre<br />

Cette t<strong>en</strong>sion, justem<strong>en</strong>t, je vais me tourner vers Zad Moultaka parce qu’on parlait d’histoire,<br />

de communauté. Il me semble que dans le rapport d’écriture et de composition<br />

musicale, existe un li<strong>en</strong>, qui n’est pas unique, avec ce qui fait énormém<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>s dans la<br />

réalité libanaise contemporaine, qui est un pays composé de communautés, notamm<strong>en</strong>t<br />

religieuses. Je voudrais savoir si l’exil, le terme est un peu profond, <strong>en</strong> tout cas, l’éloignem<strong>en</strong>t,<br />

de ce lieu de sources qui est le Liban, a une incid<strong>en</strong>ce, s’exerce, de votre côté, sur<br />

le li<strong>en</strong> avec cet héritage là, qui est au fond peut-être le besoin de cette solitude, d’être<br />

seul pour composer et <strong>en</strong> même temps, de se nourrir de ces formes musicales, de cet<br />

héritage symbolique, de cette int<strong>en</strong>sité viol<strong>en</strong>te. Je p<strong>en</strong>se à la pièce « Non », dont ça<br />

serait peut-être bi<strong>en</strong> de parler. Je p<strong>en</strong>se au « Ezan » et à la façon de, à partir d’une réalité<br />

presque politique, comm<strong>en</strong>t le créateur, le compositeur s’<strong>en</strong> détache pour pouvoir<br />

lui-même inv<strong>en</strong>ter la forme ou les formes musicales qui sont les vôtres ?<br />

Zad Moultaka<br />

Déjà par rapport à la solitude et l’écriture musicale, j’ai l’impression que ce n’est pas différ<strong>en</strong>t<br />

de l’individu dans la société. Pour moi, il n’y a pas de séparation. En même temps,<br />

il y a une forme de solitude qui est ess<strong>en</strong>tielle pour pouvoir se c<strong>en</strong>trer, se rec<strong>en</strong>trer, et <strong>en</strong><br />

même temps, être dans le monde et <strong>en</strong> dehors du monde. Je n’ai pas l’impression que ce<br />

soit quelque chose de seulem<strong>en</strong>t rattaché à l’écriture. J’ai l’impression que dans chaque<br />

individu, il y a cette t<strong>en</strong>sion là, <strong>en</strong>tre être dans le monde et <strong>en</strong> dehors.<br />

Thierry Fabre<br />

Ceci étant, il me semble qu’il y a quand même une singularité libanaise dans la relation<br />

qu’il faudrait peut-être expliciter, dans un certain nombre de compositions qui sont nées<br />

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