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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’œuvre de Anne Teresa de Keersmaker par Philippe Guisgand<br />

dire Gérard May<strong>en</strong>. Je p<strong>en</strong>se que ça peut être intéressant d’avoir le regard de Gérard<br />

May<strong>en</strong> sur ce spectacle, <strong>en</strong> écho à mon vécu de l’intérieur, qui peut-être n’aura ri<strong>en</strong> à<br />

voir avec son regard. Je n’ai pas préparé un discours, mais je serais plutôt là pour<br />

interv<strong>en</strong>ir sur ce que Gérard va dire, et peut-être démystifier ! J’att<strong>en</strong>dais une réaction<br />

de Gérard… ! C’est passé comme une lettre à la poste, donc j’ai le droit ! Par contre, par<br />

rapport à l’œuvre d’Anne Teresa de Keersmaeker, à part qu’elle est flamande et que je<br />

suis hollandais, je n’intervi<strong>en</strong>drais pas parce que je ne me permettrais pas. « D’après J.C<br />

», est un spectacle qui a été fait à partir des tableaux religieux de la R<strong>en</strong>aissance<br />

Itali<strong>en</strong>ne, Française, Flamande, Allemande. Dans le petit atelier que je vais faire, je<br />

voudrais t<strong>en</strong>ter, pour faire un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre cette journée de parole et le spectacle ce soir, de<br />

travailler avec ceux qui voudrai<strong>en</strong>t participer, autour d’un tableau, une desc<strong>en</strong>te de croix,<br />

qui est une composition, un tableau de groupe autour du corps du Christ. C’est court,<br />

mais on verra. C’est <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec ce qu’on a travaillé hier soir avec un groupe de figurants<br />

de Toulon qui vont être prés<strong>en</strong>ts ce soir dans le spectacle. J’ai voulu chercher une<br />

logique dans la journée.<br />

L’œuvre de Anne Teresa de Keersmaker<br />

Philippe Guisgand<br />

Juste un très rapide sondage avant de comm<strong>en</strong>cer, pour savoir s’il faut développer des<br />

choses qui pour moi tomb<strong>en</strong>t sous le s<strong>en</strong>s : qui n’a jamais vu ou ne connaît absolum<strong>en</strong>t<br />

pas Anne Teresa de Keersmaeker ? D’accord. Les autres, vous avez vu une pièce ou plus ?<br />

Je vais donc passer par une légère mise au point biographique. Le premier réflexe quand<br />

on est face à une œuvre c’est de t<strong>en</strong>ter de se rassurer avec le goût des autres. Que dit la<br />

presse de Keersmaeker ? A peu près tout et son contraire. Les meilleurs articles <strong>en</strong><br />

général réussiss<strong>en</strong>t juste à mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce des contradictions, et la difficulté qu’il y<br />

a à appréh<strong>en</strong>der cette œuvre. « On la dit formaliste, parce que sa gestuelle archi-codée<br />

confère à un certain académisme. On la qualifie de minimaliste. On la considère<br />

volontiers comme une baroque parce que sa gestuelle évoque implicitem<strong>en</strong>t la danse<br />

française de style R<strong>en</strong>aissance. Les romantiques trait<strong>en</strong>t Keersmaeker de cartési<strong>en</strong>ne<br />

intégriste parce sa chorégraphie peut se révéler rationnelle jusqu’à l’extrême. Les<br />

perfectionnistes la vénèr<strong>en</strong>t parce qu’elle se situe constamm<strong>en</strong>t à la recherche de<br />

l’émotion brute, et qu’elle exècre le geste superficiel et le mouvem<strong>en</strong>t gratuit. Les<br />

théâtreux l’aim<strong>en</strong>t parce qu’elle <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec les textes des grands auteurs un rapport<br />

assidu et respectueux. Les mélomanes l’ador<strong>en</strong>t parce que la musique se veut sa source<br />

d’inspiration constante et qu’elle le lui r<strong>en</strong>d au c<strong>en</strong>tuple ». Voilà ce qu’écrivait Valérie<br />

Lehmann <strong>en</strong> 1994.<br />

Vous voyez, c’est un peu confus comme réception pour une artiste. Les réponses que je<br />

vais essayer d’apporter aujourd’hui, ne sont qu’une interprétation, j’insiste, et non pas<br />

une vision autorisée, même si Anne Teresa, avec qui je travaillais <strong>en</strong>core la semaine<br />

dernière, continue à me dire bonjour après avoir lu mon travail sur elle, ce qui, connaissant<br />

son caractère, est déjà plutôt bon signe !<br />

Quelques élém<strong>en</strong>ts biographiques pour ceux qui ne la connaiss<strong>en</strong>t pas du tout. Elle a 47<br />

ans. Elle est flamande et bruxelloise. Pour vous, ça ne veut peut-être pas dire grand<br />

chose, mais pour moi qui suis frontalier, c’est déjà tout un univers. Cursus de danse classique<br />

comme toutes les petites filles de son époque. Elle hésite longtemps <strong>en</strong>tre la<br />

danse et le théâtre. Ce qui va la décider pour la danse, alors que sa sœur, par exemple,<br />

va s’<strong>en</strong>gager dans le théâtre, c’est qu’elle réussit son <strong>en</strong>trée à MUDRA, qui était l’Ecole<br />

de danse créée par Maurice Béjart à l’époque où il était <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce à La Monnaie à<br />

Bruxelles. A MUDRA, elle va croiser Thierry et Michèle-Anne de Mey, Fumiyo Ikeda, qui<br />

va être une de ses danseuses tout au long de son parcours et <strong>en</strong>core aujourd’hui, et<br />

surtout Fernand Schirr<strong>en</strong>, qui aura sur elle une très grande influ<strong>en</strong>ce. En 1981, elle quitte<br />

Bruxelles et part compléter sa formation <strong>en</strong> s’inscrivant dans un départem<strong>en</strong>t de danse<br />

dans une université de New York. Elle va y demeurer un an et approche d’assez près la<br />

danse post moderne américaine. De retour à Bruxelles un an plus tard, elle va créer<br />

« Fase, quatre mouvem<strong>en</strong>ts sur une musique de Steve Reich », une série de trois duo et<br />

d’un solo avec Michèle-Anne de Mey. Ce spectacle est un jalon incontournable dans<br />

l’histoire des arts scéniques <strong>en</strong> Belgique. Il joue sur simplem<strong>en</strong>t quelques phrases<br />

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