Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
manière ess<strong>en</strong>tielle au répertoire d’aujourd’hui. Si aujourd’hui, il y a un recueil qui prés<strong>en</strong>te<br />
101 pièces de théâtre jeune public, et qu’on considère qu’il y a <strong>en</strong>viron 300 textes,<br />
c’est à dire des textes qui résist<strong>en</strong>t à la mise <strong>en</strong> scène et à la lecture, des textes qui suggèr<strong>en</strong>t<br />
et qui font rêver, ils <strong>en</strong> sont emblématiques. C’est un joli choix qu’ils soi<strong>en</strong>t ici<br />
pour cette table ronde. Je leur donne la parole. Ils parl<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> de ce qu’ils font parce<br />
qu’ils <strong>en</strong> parl<strong>en</strong>t avec beaucoup de fragilité. J’évoquais cette question de la fragilité de<br />
l’œuvre d’art qui est <strong>en</strong>train de naître. Ce qui est formidable, c’est le rôle de l’édition,<br />
c’est qu’à un mom<strong>en</strong>t donné, l’édition leur dit stop. Parce qu’elle leur dit qu’il faut r<strong>en</strong>dre<br />
la copie parce qu’il y a l’échéance. Par conséqu<strong>en</strong>t, l’édition permet que leurs textes<br />
soi<strong>en</strong>t consignés, et qu’on puisse y rev<strong>en</strong>ir. Mais <strong>en</strong> même temps, on retrouve la fragilité<br />
de leur écriture dans l’édition. C’est ce qui leur permet d’être créés et mis <strong>en</strong> scène, et<br />
que cette écriture continue à vivre. Juste deux choses avant de leur donner la parole.<br />
Nathalie Papin a écrit et à dit, elle a accepté qu’on le lise parce que c’est maint<strong>en</strong>ant<br />
édité : « Je crois que j’écris pour les <strong>en</strong>fants, pour une raison très personnelle. Sans doute<br />
parce que j’ai vécu une <strong>en</strong>fance morte, pas tragique, ni pleine de désastres, morte tout<br />
simplem<strong>en</strong>t, et que je suis née assez tardivem<strong>en</strong>t, je suis née à 20 ans ».<br />
Philippe Dorin nous dit : « J’écris pour les <strong>en</strong>fants peut-être parce qu’il est tout seul.<br />
J’écris pour un seul <strong>en</strong>fant assis au milieu de 199 autres, dans la salle de théâtre. Et il se<br />
dit, ça y est, cette fois, c’est pour moi ».<br />
On pourrait faire un petit écho, parce qu’on voit qu’il y aune famille d’auteurs, pas au<br />
s<strong>en</strong>s d’un club qui se réunit régulièrem<strong>en</strong>t, c’est un autre type de famille, la famille de la<br />
poésie. Quand Fabrice Melquiot dit : « Ce qu’à l’<strong>en</strong>fant je dirais <strong>en</strong> passant, c’est ceci :<br />
le texte de théâtre att<strong>en</strong>d quelqu’un, et il t’att<strong>en</strong>d, toi. Le texte de théâtre att<strong>en</strong>d aussi<br />
des <strong>en</strong>fants, et il t’att<strong>en</strong>d ». On s<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> qu’il y a là de l’intimité dans la relation, et<br />
une recherche très personnelle, comme si c’était une écriture qui v<strong>en</strong>ait de très loin. Je<br />
ne sais pas si elle vi<strong>en</strong>t d’une part d’<strong>en</strong>fance <strong>en</strong>fouie, ou du deuil de cette part d’<strong>en</strong>fance<br />
qu’on va chercher à retrouver, et <strong>en</strong> tout cas, il y a un mouvem<strong>en</strong>t très profond, et que ce<br />
mouvem<strong>en</strong>t là ne peut que r<strong>en</strong>contrer le profond de l’<strong>en</strong>fant à ce mom<strong>en</strong>t là. Alors,<br />
Nathalie, je te laisse carte blanche pour dire ce que tu as <strong>en</strong>vie de nous dire sur cette<br />
question là, c’est le principe de la conversation, et Philippe, <strong>en</strong> écho, je te laisserais aussi<br />
carte blanche.<br />
Nathalie Papin<br />
Alors tu n’as pas de question à me poser ?<br />
Dominique Bérody<br />
Et non, c’était le piège de la matinée ! Parce que je croyais que toute question serait un<br />
peu anecdotique, donc j’ai opté pour la carte blanche.<br />
Nathalie Papin<br />
C’est très difficile de parler. Je dis toujours que ça fait 10 ans qu’on me demande pourquoi<br />
j’écris pour le jeune public, et ça fait 10 ans que je ne réponds pas ! Je ne peux pas.<br />
Je n’y arrive pas. J’ai cherché, j’ai formulé, j’ai essayé d’écrire, mais je ne peux pas y répondre.<br />
Dominique Bérody<br />
C’est un peu le même problème que Patrick B<strong>en</strong> Soussan, par rapport à la définition !<br />
Nathalie Papin<br />
Peut-être, je ne sais pas. En tout cas, je n’y arrive pas. Qu’est-ce que je peux dire après<br />
ça ? J’écris. Qu’est-ce qui m’intéresse dans l’écriture ? Ça fait 10 ans à peu près que j’écris.<br />
Je n’ai pas comm<strong>en</strong>cé pour la jeunesse. En ce mom<strong>en</strong>t, je suis dans une période de trouble<br />
et de doute. Donc, <strong>en</strong> plus, il n’y a pas de question, donc… ! C’est très difficile. Des<br />
doutes sur évidemm<strong>en</strong>t l’écriture, parce que le but c’est évidemm<strong>en</strong>t d’avancer et d’écrire<br />
quelque chose de nouveau, pour soi et évidemm<strong>en</strong>t pour les autres. Si on écrit pas quelque<br />
chose de nouveau pour soi, on ne peut pas le faire pour les autres. J’ai publié 8 textes<br />
jeunesse à l’Ecole des Loisirs. Ce qui est drôle pour moi, c’est de voir évoluer ces textes<br />
là. C’est de voir ce qu’ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Parce que, sur la question de l’âge, par exemple,<br />
il y a des textes que je trouvais il y a 5 ans <strong>en</strong> CM1, CM2, et actuellem<strong>en</strong>t, je les<br />
trouve <strong>en</strong> collèges ou <strong>en</strong> lycées. Une espèce d’évolution des textes. Je ne sais pas exac-<br />
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