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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Traditions, transgressions, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

époque. Ce qui fait qu’elle va ressurgir <strong>en</strong> nous alors même que nous n’avons aucune<br />

légitimité, et là, c’est très important, à parler de cette époque que nous ne pouvons pas<br />

vivre. Parce qu’<strong>en</strong>suite, s’il y a un propos qui peut comm<strong>en</strong>cer à se construire, si on peut<br />

comm<strong>en</strong>cer à construire une langue, cette langue étrangère qui est la notre, c’est à condition<br />

qu’on ait au moins le courage de s’exposer au temps contemporain qui est le nôtre.<br />

Moi, je vais travailler avec des s<strong>en</strong>sations, avec un corpus de s<strong>en</strong>sations et d’expéri<strong>en</strong>ces<br />

qui r<strong>en</strong>voie avant tout à mon espace contemporain. Je dois me charger de tout ça, pour<br />

<strong>en</strong>suite le mettre <strong>en</strong> forme, à l’aide de langages que je vais peut-être <strong>en</strong>suite chercher<br />

dans cet héritage qui m’a formé. Je ne sais pas si c’est clair, mais la ligne est extrêmem<strong>en</strong>t<br />

étroite et elle est étroite parce que finalem<strong>en</strong>t, c’est assez facile de dire : « Ah, finalem<strong>en</strong>t,<br />

je vais changer de forme, de format, quoi ». Mais est-ce que ça va fonctionner ?<br />

Pour que ça fonctionne, il faut qu’on se ti<strong>en</strong>ne dans une ligne de crête très étroite.<br />

Thierry Fabre<br />

Pour rester sur la poésie justem<strong>en</strong>t, on a beaucoup parlé de crise de l’écriture poétique<br />

française, après, je dirai une façon post-mallarméiste de travailler sur la langue qui<br />

consiste presque à épuiser une forme. Aujourd’hui, avec un premier regard non averti, on<br />

a l’impression qu’effectivem<strong>en</strong>t, cette forme, ce travail sur la langue a desséché le rapport<br />

à la poésie. Alors qu’<strong>en</strong> fait, il y a bi<strong>en</strong> d’autres courants qui sont à l’œuvre. Je crois<br />

que c’est intéressant de parler de poètes avec qui tu es <strong>en</strong> dialogue. Je p<strong>en</strong>se par exemple<br />

à Matthieu Messagier, ou d’autres poètes qui rouvr<strong>en</strong>t des espaces de la parole poétique,<br />

de l’écriture poétique et qui ne sont pas anecdotiques. Dans l’espace éditorial, je<br />

ne parle pas évidemm<strong>en</strong>t de l’espace télévisuel, dans lequel, pour le coup, il n’existe plus<br />

du tout, le champ poétique est mineur, alors qu’il était majeur au 19ème siècle dans la<br />

littérature française, et qu’il l’est resté p<strong>en</strong>dant une partie du 20ème. Peut-être que la<br />

dernière grande figure c’est R<strong>en</strong>é Char. Mais aujourd’hui, les poètes n’occup<strong>en</strong>t plus<br />

cette place. Alors qu’<strong>en</strong> même temps, ils ont un travail sur la langue, et sur la connaissance,<br />

je dirai dans une autre forme de connaissance qui est là, visionnaire, qui rest<strong>en</strong>t<br />

majeurs.<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

Ce que je peux dire, c’est qu’il y a là vraim<strong>en</strong>t un problème presque de mise au point.<br />

Pourquoi on fait la mise au point ? Le roman contemporain globalem<strong>en</strong>t, est une forme<br />

qui fonctionne à plein tube mais qui ne produit pas beaucoup de choses exceptionnelles.<br />

Et, simplem<strong>en</strong>t pour rester dans le champ de la littérature française, il y a une diversité<br />

des voix et des voies. La capacité qu’à la langue à être des terminaisons s<strong>en</strong>sibles,<br />

des terminaisons de vue, est extraordinaire dans le champ de la poésie. Parce que, finalem<strong>en</strong>t<br />

il y a un vrai travail sur la plasticité de la langue, une vraie réflexion sur ses formes.<br />

On éprouve aussi la capacité de la langue à dire des choses <strong>en</strong> jouant sur ses formes,<br />

alors que finalem<strong>en</strong>t, on ne le fait pas tellem<strong>en</strong>t dans le champ du roman, où on<br />

reste dans quelque chose qui est de l’ordre d’une histoire qui, dans ses formes, est déjà<br />

comme déposée. Elle a été déposée au s<strong>en</strong>s où un roi a été déposé mais on ne le sait<br />

pas <strong>en</strong>core. C’est comme le canard dont la tête est coupée qui continue à courir et là, il<br />

court depuis un bout de temps, mais personne ne veut dire qu’il est mort. Il faudrait<br />

effectivem<strong>en</strong>t qu’on <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ne acte, sauf effectivem<strong>en</strong>t à subvertir ses formes, ce que font<br />

de très grands romanciers contemporains. Je p<strong>en</strong>se qu’il y a un problème qui est aussi<br />

lié à un problème éditorial, on n’<strong>en</strong> parle pas beaucoup. Il y a un problème de c<strong>en</strong>sure,<br />

c’est possible. Il y a aussi un problème qui est lié au fait que…<br />

Thierry Fabre<br />

C<strong>en</strong>sure, tu l’écris comme Bernard Noël, avec un « s » ?<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

Dans tous les s<strong>en</strong>s du terme, c’est à dire comme une c<strong>en</strong>sure éditoriale, « on n’<strong>en</strong> parle<br />

pas », et puis quelque chose qui a effectivem<strong>en</strong>t pour but d’interdire au s<strong>en</strong>s de se produire.<br />

Là, c’est une « s<strong>en</strong>sure », comme l’écrit très justem<strong>en</strong>t un écrivain contemporain<br />

qui est un très grand poète qui s’appelle Bernard Noël, avec un « s ». Il désigne par là<br />

tous les mécanismes éditoriaux, politiques, techniques qui sont des mécanismes de privation<br />

de s<strong>en</strong>s.<br />

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