Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
Est-ce qu’il faut d’ailleurs<br />
que le théâtre à l’adresse<br />
des jeunes publics serve<br />
à quelque chose ?<br />
Mais, à la clé de cette question, il y a l’idée que, on parlait<br />
de l’utilité des choses, tout à l’heure, à quoi ça sert ? Estce<br />
qu’il faut d’ailleurs que le théâtre à l’adresse des jeunes<br />
publics serve à quelque chose ? Est-ce qu’il faut qu’il ait<br />
un projet ? Et ça, ça concerne ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t ce qu’on<br />
développe aujourd’hui, mais de façon très manifeste, sous<br />
le terme d’éthique. Mais plus <strong>en</strong>core, ça développe deux<br />
autres élém<strong>en</strong>ts qui me sembl<strong>en</strong>t importants : ça développe<br />
le li<strong>en</strong> avec le « socius », la société, et la « res privata », c’est à dire la chose privée.<br />
Le théâtre, c’est ça. Pourquoi est-ce qu’il y aurait une extraterritorialité du théâtre à<br />
l’égard du jeune public ? Pourquoi est-ce qu’il faudrait définir un théâtre pour les adultes<br />
et un théâtre pour les <strong>en</strong>fants ? Pourquoi est-ce qu’on<br />
Ça développe le li<strong>en</strong> avec<br />
le « socius », la société,<br />
et la « res privata », c’est<br />
à dire la chose privée.<br />
Le théâtre, c’est ça.<br />
pourrait imaginer quelque chose qui permettrait un passage<br />
<strong>en</strong>tre ces deux li<strong>en</strong>s <strong>en</strong> disant : le théâtre tout public<br />
jeune public ? Et comm<strong>en</strong>t est-ce qu’on pourrait évoquer<br />
ce que je vi<strong>en</strong>s de dire à l’instant sur cette différ<strong>en</strong>ce<br />
constitutive, ontologique, <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>fance et l’âge adulte,<br />
sans pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte la nécessité, dans l’adresse<br />
même, du théâtre au jeune public de cette spécificité là ?<br />
Les <strong>en</strong>fants ne sont pas des adultes. Bi<strong>en</strong> sur, il n’y a pas<br />
lieu de leur parler dans une espèce de b a ba niais et crétin.<br />
Mais on sait tous que quand on s’adresse à un <strong>en</strong>fant,<br />
on parle aussi <strong>en</strong> fonction de son âge. On ne dit pas la même chose à un <strong>en</strong>fant qui a 1<br />
an, qui a 5 ans ou qui <strong>en</strong> a 15. Et autant, ce qu’on évoquait par exemple pour Racine pour<br />
des adolesc<strong>en</strong>ts de 15 ans ou de plus de 15 ans, la question n’aurait pas de s<strong>en</strong>s, autant<br />
elle <strong>en</strong> aurait pour des petits, voire des tout petits. Donc,<br />
Pourquoi est-ce qu’il<br />
faudrait définir un théâtre<br />
pour les adultes et un<br />
théâtre pour les <strong>en</strong>fants ?<br />
l’idée c’est comm<strong>en</strong>t on se situe dans cette place là, <strong>en</strong><br />
sachant que de toute façon, les <strong>en</strong>fants ne vont jamais au<br />
théâtre ou au spectacle. Au s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> tout cas où nous,<br />
nous pouvons l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre.<br />
Ce qui est important, c’est de pouvoir p<strong>en</strong>ser que les<br />
<strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> tout cas les tout petits, les plus petits d’<strong>en</strong>tre<br />
eux, transform<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t les lieux qu’ils habit<strong>en</strong>t un<br />
temps. Un tout petit ne s’assoit pas sur une chaise. Il ne<br />
regarde pas un spectacle p<strong>en</strong>dant une demi-heure, ou 45 minutes, ou 1h30, comme nous<br />
on peut imaginer ces choses là. Un <strong>en</strong>fant p<strong>en</strong>se, vit, il est plein d’émotions. Et plus<br />
<strong>en</strong>core il transporte sur le lieu même du spectacle ce qu’il <strong>en</strong> est de sa vie, de son quotidi<strong>en</strong>.<br />
On sait très vite quand un <strong>en</strong>fant est un spectateur, et quand un <strong>en</strong>fant ne connaît<br />
pas une salle de spectacle, n’y a jamais mis les pieds.<br />
Ce n’est pas le modèle de « Pretty Woman », où, au premier jour de la r<strong>en</strong>contre dans un<br />
Opéra, elle est tellem<strong>en</strong>t magnifiée avec des yeux magnifiques, qui pleur<strong>en</strong>t de partout,<br />
et elle pisse dans sa petite culotte, tellem<strong>en</strong>t elle jouit devant ces voix extraordinaires.<br />
Ça ne fonctionne pas comme ça un <strong>en</strong>fant. Et, il ne faut pas croire que parce que l’<strong>en</strong>fant<br />
est là, à faire des yeux tout ronds, que ce spectacle est extraordinaire, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
adapté à la réalité de cet âge. Peut-être il faut s’inquiéter à ce mom<strong>en</strong>t là.<br />
Donc, je ne sais pas quoi dire de cette réalité du jeune public ou de la définition du jeune<br />
public, le mot définition même m’<strong>en</strong>nuie, et à mourir. Je ne sais pas comm<strong>en</strong>t on peut<br />
définir les choses. Il me semble important de pouvoir garder à l’esprit qu’il existe des<br />
publics, que les publics ne sont pas tous les mêmes, et que dans l’adresse à tel ou<br />
tel public, obligatoirem<strong>en</strong>t on doit p<strong>en</strong>ser à cette réalité là. Et je voudrais juste faire<br />
un sort, pour finir, à l’<strong>en</strong>fant qui vit <strong>en</strong> nous. Parce que ça, c’est le dernier modèle<br />
du pipeau nostalgique, romantique, ordinaire. Tout le monde va vous ressortir : «<br />
Mais j’écris de la part d’<strong>en</strong>fance qui est <strong>en</strong>core vivante <strong>en</strong> moi ». Et bi<strong>en</strong> je p<strong>en</strong>se<br />
très assurém<strong>en</strong>t que c’est bi<strong>en</strong> de l’abs<strong>en</strong>ce de cette part d’<strong>en</strong>fance qu’on écrit.<br />
C’est bi<strong>en</strong> de cette perte, de ce deuil impossible avec cette part d’<strong>en</strong>fance, qu’on<br />
écrit. C’est bi<strong>en</strong> de cette reconstruction, continue et assidue, de cette <strong>en</strong>fance,<br />
qu’on écrit. Jamais de notre <strong>en</strong>fance vécue. Je vous remercie.<br />
Dominique Bérody<br />
Peut-être avez vous des questions, des réactions, pour rev<strong>en</strong>ir sur des choses que vous<br />
avez dites ? Moi j‘<strong>en</strong> aurai quelques-unes. Si on rebondit sur la toute dernière, sur le<br />
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