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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

place de l’<strong>en</strong>fant, la place de l’<strong>en</strong>fance dans notre société.<br />

On développe toujours les thèses de Philippe Ariès, qui a exposé l’idée que le concept<br />

même d’<strong>en</strong>fance n’existait pas jusqu’au moins la Révolution Industrielle, le 18ème siècle,<br />

etc… Ce qui est le plus grand baratin que la terre ait porté parce que bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du,<br />

les <strong>en</strong>fants existai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> avant la Révolution Industrielle, et bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, les par<strong>en</strong>ts<br />

étai<strong>en</strong>t tout aussi affectés par les questions qui concernai<strong>en</strong>t leurs <strong>en</strong>fants, avant et<br />

après. On a surdéterminé ces notions que, dans nos sociétés, les choses se pass<strong>en</strong>t différemm<strong>en</strong>t,<br />

<strong>en</strong> fonction de ce qui fait la capacité d’un <strong>en</strong>fant à vivre. C’est à dire que p<strong>en</strong>dant<br />

tout un temps, et jusqu’au 17, 18ème siècle, les <strong>en</strong>fants mourrai<strong>en</strong>t et mourrai<strong>en</strong>t<br />

tellem<strong>en</strong>t tôt (50 % des décès avant l’âge de 3 ans), que cette question là de l’intérêt de<br />

l’<strong>en</strong>fant ne se posait pas, puisque l’<strong>en</strong>fant était d’une certaine façon, un objet virtuel. Et<br />

c’est seulem<strong>en</strong>t à partir d’un certain âge, qu’on comm<strong>en</strong>çait à se figurer sa réalité et son<br />

importance. On cite régulièrem<strong>en</strong>t Montaigne : « Il m’est né deux ou trois <strong>en</strong>fants, je ne<br />

m’<strong>en</strong> souvi<strong>en</strong>s guère ». A qui on ferait croire qu’un père n’aurait pas le souv<strong>en</strong>ir du nombre<br />

d’<strong>en</strong>fants qu’il a eu ? Mais bon, ça fait partie des données qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t témoigner du<br />

fait qu’il y a un temps historique pour témoigner de la naissance de l’<strong>en</strong>fance et que ce<br />

temps là n’est pas très loin dans le temps.<br />

Nous sommes aux prémisses de nos questionnem<strong>en</strong>ts sur la place et le statut de l’<strong>en</strong>fance<br />

aujourd’hui. Mais, ce qui m’intéresse tout autant, c’est à partir de ce « et », cette<br />

mise <strong>en</strong> rapport, mise <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>tre ces deux <strong>en</strong>tités, qui, à la fois, est un rapprochem<strong>en</strong>t,<br />

mais <strong>en</strong> même temps, une confrontation. C’est ce qui m’importe d’essayer de compr<strong>en</strong>dre.<br />

Pourquoi est-ce que ça peut nous parler, cette chose là, qui vi<strong>en</strong>t coordonner <strong>en</strong>fance et<br />

théâtre ? Dans « <strong>en</strong>fance », je me soucie de façon plus assidue, de la petite <strong>en</strong>fance. C’est<br />

un de nos grands sujets de discussion avec Philippe Foulquié, sur l’importance de la r<strong>en</strong>contre<br />

au plus tôt, avec le théâtre, pour les <strong>en</strong>fants. Au plus tôt, c’est vraim<strong>en</strong>t au plus<br />

tôt. On pourrait repr<strong>en</strong>dre le programme du <strong>Massalia</strong>, mais tout le monde fait ça : « à<br />

partir de ».<br />

La littérature de jeunesse aussi évoque ces mêmes questions sur l’âge. Alors, c’est peutêtre<br />

plus intéressant d’aller à Disney Land, parce que là, on ne parle pas de l’âge, mais<br />

de la hauteur. A partir de 102 c<strong>en</strong>timètres, on peut aller dans telle ou telle attraction.<br />

C’est intéressant de p<strong>en</strong>ser les choses, non pas au niveau de la temporalité, mais au<br />

niveau de la taille. C’est intéressant de le p<strong>en</strong>ser autrem<strong>en</strong>t parce que, qu’est-ce qu’on<br />

imagine quand on parle de cette réalité là, quand on parle du « à partir de », qui est une<br />

véritable icône du théâtre tout public jeune public aujourd’hui, et de la littérature de jeunesse<br />

tout autant.<br />

Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il y a peut-être un<br />

Ça veut dire qu’il y a<br />

peut-être un mom<strong>en</strong>t où<br />

on peut imaginer que<br />

l’âge devi<strong>en</strong>t un facteur<br />

discriminant dans<br />

le rapport au théâtre.<br />

mom<strong>en</strong>t où on peut imaginer que l’âge devi<strong>en</strong>t un facteur<br />

discriminant dans le rapport au théâtre. Pour le moins, on<br />

est tous d’accord là dessus. Enfin, je l’espère. J’imagine<br />

assez mal, par exemple, de me retrouver avec un toutpetit<br />

devant « Le Mahabharata » dans la version longue de<br />

Peter Brook. J’imagine mal de voir « Sauvés », mis <strong>en</strong><br />

scène par Bond, avec un tout-petit. Donc il y a un certain<br />

cadre qui est pour nous admissible, et à côté de ça, par<br />

contre, il y a des questions qui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de façon très<br />

itérative sur le fait qu’il y ait une place ou non pour le tout<br />

petit <strong>en</strong>fant au théâtre. Encore faudrait-il savoir quelle<br />

place le théâtre donne à la toute petite <strong>en</strong>fance.<br />

Alors, bi<strong>en</strong> sûr il y a ce qu’on appelle, et de façon très assurée, la reconstruction. J’aimais<br />

beaucoup ce qui était évoqué par Claude Morand : j’allais aimer ça, et bi<strong>en</strong> je n’aime pas<br />

du tout ça. Vous vous <strong>en</strong> doutiez, le modèle de « j’écris des textes métaphysiques pour<br />

bébés », je p<strong>en</strong>se que ça n’a aucun s<strong>en</strong>s. Parce que le bébé ne peut pas compr<strong>en</strong>dre les<br />

textes métaphysiques. Donc, c’est se foutre de sa gueule que de lui adresser un texte<br />

métaphysique. Ça ne parle que pour celui qui parle. Mais pas pour celui qui reçoit. Je<br />

crois que la question du public, la définition du public, c’est beaucoup plus une question<br />

qu’on va référer presque à un modèle lacani<strong>en</strong>, de ce qui fait la transmission et le<br />

langage, c’est à dire que ce qui est important, c’est peut-être aussi l’auditeur.<br />

L’interlocuteur. Celui qui va recevoir ce qu’on va lui transmettre. Alors on peut tout dire,<br />

tout transmettre à un <strong>en</strong>fant.<br />

La question qui se pose est de savoir si notre souci est sa compréh<strong>en</strong>sion. Derrière ce<br />

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