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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />

quand même beaucoup de choses à faire avec ça. On peut bouger beaucoup de choses.<br />

On peut bouger les nuances, c’est ce que fait Fabio Bondi avec Vivaldi. Ça n’a plus ri<strong>en</strong> à<br />

voir avec ce qui a été pratiqué jusqu’à maint<strong>en</strong>ant. On peut varier énormém<strong>en</strong>t de choses,<br />

qui ne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas seulem<strong>en</strong>t aux nuances, aux tempos, qui ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à un caractère ; bi<strong>en</strong><br />

sûr il y a, dans certains cas, des instrum<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>s qui jou<strong>en</strong>t et chang<strong>en</strong>t le son.<br />

J’ai trouvé ça intéressant de faire partager cette question du graphisme et du dessin avec<br />

le public, et qu’il partage ces écritures intermédiaires qui nous serv<strong>en</strong>t à nous compr<strong>en</strong>dre<br />

<strong>en</strong>tre musici<strong>en</strong>s qui ne jouons pas les partitions, qui essayons de jouer ce que la<br />

musique veut… Il est question de jouer la musique qui n’est pas dans la partition. Ce qui<br />

est dans la partition, c’est le moy<strong>en</strong>. C’est la façon par laquelle on va y aller, mais ce n’est<br />

pas du tout la musique. D’ailleurs quand on ne joue que les notes, il ne se passe pas<br />

grand chose.<br />

[Il désigne des photos.]<br />

Donc j’avais fait une première création dans une salle, où p<strong>en</strong>dant le concert, des étudiants<br />

de l’Ecole du Paysage de Versailles, fabriquai<strong>en</strong>t une fresque qui représ<strong>en</strong>tait une<br />

ville. C’était comme un sablier. Ils avai<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé, le mur était vierge, et ils avai<strong>en</strong>t<br />

calculé leur coup pour qu’au bout d’une heure et quart, la ville soit finie. J’avais une sorte<br />

de sablier. La ville qui monte, qui monte…<br />

A la fin du concert, ils avai<strong>en</strong>t fini, ils avai<strong>en</strong>t rangé leurs escabeaux et leur peintures, et<br />

avai<strong>en</strong>t fabriqué cette fresque. Il y avait aussi d’autres interprètes qui continuai<strong>en</strong>t<br />

d’écrire d’autres partitions sur les murs. Toutes les partitions étai<strong>en</strong>t sur les murs. Les<br />

musici<strong>en</strong>s n’avai<strong>en</strong>t plus de pupitre, il fallait qu’ils aill<strong>en</strong>t voir les murs pour lire les partitions.<br />

Il y a avait donc tout un circuit pour chaque interprète, qui était au milieu du<br />

public. Il savait qu’à cette partie, il allait jouer <strong>en</strong> regardant ce mur là, donc ils se mettait<br />

devant, plus ou moins près, avec les autres. Alors que les autres ont la même partition<br />

ailleurs. Et puis après ça, il y a un mom<strong>en</strong>t où ils ne jou<strong>en</strong>t pas, ils se redéplac<strong>en</strong>t pour<br />

aller regarder une partition qui est peut-être au plafond… Enfin, là, il n’y <strong>en</strong> avait pas au<br />

plafond. Mais sur un autre mur.<br />

Mais <strong>en</strong> fait, ils n’avai<strong>en</strong>t jamais de pupitre. Le public pouvait regarder ces graphismes<br />

qui servai<strong>en</strong>t de scénographie à la musique. Et moi-même, je dessinais. Avec un vidéoprojecteur,<br />

j’ai une caméra au dessus de moi, et je dessine des choses que les interprètes<br />

jou<strong>en</strong>t aussi <strong>en</strong> même temps que je les dessine.<br />

Là on voit certains instrum<strong>en</strong>tistes qui jou<strong>en</strong>t plein de partitions sur les murs. Le violoncelliste<br />

<strong>en</strong> regarde une qui est quelque part, à notre gauche. Là, il y a un dessinateur qui<br />

est <strong>en</strong>train de dessiner des virgules, des gliss<strong>en</strong>di. Moi je suis ici avec ma caméra au<br />

dessus de moi.<br />

Tout ça a été donné <strong>en</strong> grand dans un espace de Saint-D<strong>en</strong>is, où les partitions étai<strong>en</strong>t sur<br />

les façades des immeubles. On a reproduit des partitions à une échelle imm<strong>en</strong>se sur des<br />

grandes bâches imprimées (chez des imprimeurs spécialisés <strong>en</strong> bâche). Du coup, il y a<br />

différ<strong>en</strong>tes parties de la musique qui vont être données à différ<strong>en</strong>ts mom<strong>en</strong>ts, et les<br />

interprètes vont regarder l’immeuble pour jouer. Tout le monde pourra regarder l’immeuble<br />

év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t. Ça n’appr<strong>en</strong>d pas grand chose aux g<strong>en</strong>s, mais les interprètes vont<br />

aller regarder dans la ville ce qu’ils vont jouer. C’est aussi une métaphore du rôle de la<br />

ville. Il y avait des partitions <strong>en</strong> tissus t<strong>en</strong>dus comme des imm<strong>en</strong>ses draps, t<strong>en</strong>dus sur<br />

des fils. P<strong>en</strong>dant la première partie du concert, ils séparai<strong>en</strong>t tout l’espace. Ça faisait des<br />

rues. On pouvait passer <strong>en</strong>tre ces draps. Les musici<strong>en</strong>s mont<strong>en</strong>t sur un petit praticable,<br />

de façon à être un peu au dessus du public, qui est debout et déambule <strong>en</strong>tre les partitions,<br />

les voit, et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la musique.<br />

Au bout d’un mom<strong>en</strong>t, on va les décrocher, elles vont tomber, et l’espace <strong>en</strong>tier va se<br />

révéler et les g<strong>en</strong>s vont s’asseoir, sur les mêmes chaises que la Rue Watt. Sur cette photo<br />

il y a un peu de v<strong>en</strong>t… C’est assez beau une partition qui s’<strong>en</strong>vole. (il désigne une photo).<br />

Un petit chœur. Sur une des façades, on avait monté un pont avec des fils et les mêmes<br />

paysagistes de l’Ecole de Versailles dessinai<strong>en</strong>t sur des imm<strong>en</strong>ses panneaux, qu’ils montai<strong>en</strong>t<br />

au bout d’un mom<strong>en</strong>t, comme sur les cintres d’un théâtre. Ils les ont montés sur<br />

toute la façade. Ils ont reconstitué une ville sur un immeuble. Il y a des g<strong>en</strong>s qui étai<strong>en</strong>t<br />

aux f<strong>en</strong>êtres évidemm<strong>en</strong>t. Les partitions se mélang<strong>en</strong>t au linge ! Les g<strong>en</strong>s continu<strong>en</strong>t<br />

d’habiter. Mais ce sont des partitions aussi, on aurait pu les jouer.<br />

Ça c’est le lieu p<strong>en</strong>dant l’installation. Un lieu dans Saint-D<strong>en</strong>is, avec des maisons très<br />

vieilles, un peu abîmées. Voilà les panneaux des paysagistes qui mont<strong>en</strong>t. Il y a aussi des<br />

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