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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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VENDREDI 9<br />

NOVEMBRE<br />

2007<br />

Ecriture et notation musicales :<br />

L’écriture et l’espace<br />

Confér<strong>en</strong>ce-concert<br />

de Nicolas Frize<br />

Dispositif : Ecran / Haut-parleurs/ une table, un ordinateur et un amplificateur, un micro<br />

P<strong>en</strong>dant l’accueil, bande son : une femme chante, un homme chuchote.<br />

onsoir. Je suis désolé, je voulais pas vous arrêter comme ça. Alors je vais essayer de<br />

vous prés<strong>en</strong>ter, <strong>en</strong> pas trop longtemps parce que je suppose que vous voulez aller vous<br />

coucher, des aspects de mon travail.<br />

Je m’étais donné des rubriques, et je vais essayer de vous faire chanter aussi. On m’a dit<br />

que vous v<strong>en</strong>iez ici pour ça. Je ne me suis pas trompé !<br />

Je voudrais vous prés<strong>en</strong>ter mon travail de manière un peu différ<strong>en</strong>te de ce que je fais<br />

d’habitude, <strong>en</strong> 5 rubriques.<br />

Je fais un travail de lutherie. Je fabrique, j’inv<strong>en</strong>te des instrum<strong>en</strong>ts.<br />

Je fais des musiques appliquées, des musiques pour la danse, le théâtre, le cinéma, la<br />

vidéo, des expositions, <strong>en</strong>fin, des choses qui ne sont pas des concerts.<br />

Je fais des musiques <strong>en</strong> relation avec des g<strong>en</strong>s, qui sont faites pour des g<strong>en</strong>s qui me<br />

demand<strong>en</strong>t de les mettre <strong>en</strong> action, ou qui me demand<strong>en</strong>t de les r<strong>en</strong>contrer et d’exploiter<br />

cette r<strong>en</strong>contre dans une œuvre, d’<strong>en</strong> tirer des œuvres.<br />

Je fais des travaux sur des thèmes, souv<strong>en</strong>t un peu militants. J’ai des projets de déf<strong>en</strong>dre,<br />

de mettre des idées dans des musiques.<br />

Et puis év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, une dernière rubrique où on parlera d’écriture, de partitions. On<br />

<strong>en</strong> verra.<br />

Alors on va parcourir tout ça un peu rapidem<strong>en</strong>t. Je vais comm<strong>en</strong>cer par les choses sur<br />

les relations. Je m’intéresse depuis longtemps et même depuis le début, au monde du<br />

travail. Je suis très proche du monde ouvrier <strong>en</strong> général. J’ai fait beaucoup de choses <strong>en</strong><br />

relation avec ça. Je suis actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>train de faire un projet là-dessus avec plusieurs<br />

<strong>en</strong>treprises dans la Région Ile de France. C’est vraim<strong>en</strong>t quelque chose qui revi<strong>en</strong>t<br />

régulièrem<strong>en</strong>t. Je me suis lancé dans des mémoires sonores, j’ai <strong>en</strong>registré beaucoup de<br />

lieux de travail, que j’ai remis à la Bibliothèque Nationale, ou dans divers <strong>en</strong>droits.<br />

En particulier j’ai fait une expéri<strong>en</strong>ce un peu spécifique dans l’Usine R<strong>en</strong>ault de<br />

Billancourt. J’ai am<strong>en</strong>é un studio qui était dans un camion et j’ai <strong>en</strong>registré l’<strong>en</strong>semble<br />

des 16 000 postes de l’Usine de Billancourt. C’est une usine où on peut r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> voiture<br />

partout, au pied de la chaîne, au pied des forges, des fonderies, de la presse, des<br />

pneumatiques, de la sellerie, des machines-outils. J’avais la possibilité d’emm<strong>en</strong>er les<br />

ouvriers au fur et à mesure pour écouter les prises de sons que je faisais et discuter avec<br />

eux sur l’usage de ce travail. Eux, ils voulai<strong>en</strong>t que je fasse une création uniquem<strong>en</strong>t avec<br />

les bruits de l’usine mais moi je trouvais que c’était pas bi<strong>en</strong>. J’avais <strong>en</strong>vie qu’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>de<br />

leurs voix et surtout qu’on voie leurs corps. Parce que le seul <strong>en</strong>droit où on voit le corps<br />

de l’ouvrier à la télévision, c’est quand il est tombé de la tour, c’est les accid<strong>en</strong>ts de<br />

travail, quand il est <strong>en</strong> sang ou bi<strong>en</strong> quand il manifeste. Dans ce cas là, il a un placard<br />

qui ne dit pas grand chose. Il dit <strong>en</strong> général qu’il veut plus de temps et plus d’arg<strong>en</strong>t.<br />

Evidemm<strong>en</strong>t ce n’est pas ça qu’il demande. Il demande de posséder les outils de<br />

production, il demande de vivre. Il demande beaucoup de choses. Et comme on n’arrive<br />

pas à le dire dans une pancarte, ils sont tous d’accord avec le mot d’ordre, et ça finit par<br />

n’être plus grand chose. Mais la rev<strong>en</strong>dication, elle, porte sur la sexualité, sur le logem<strong>en</strong>t,<br />

sur les transports, sur la vie, sur la responsabilisation, sur l’appropriation s<strong>en</strong>sible,<br />

sur l’appropriation intellectuelle, sur le s<strong>en</strong>s du travail, sur les moy<strong>en</strong>s de production.<br />

Mais ça, on peut pas le mettre dans une pancarte. Donc je me disais que c’était bi<strong>en</strong><br />

d’imaginer un concert où les g<strong>en</strong>s serai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts, vivants, chantants, au milieu des<br />

sons, et j’ai comm<strong>en</strong>cé à leur montrer des possibilités de traitem<strong>en</strong>t de ces sons d’usine.<br />

A ma grande surprise, ils n’avai<strong>en</strong>t pas du tout <strong>en</strong>vie que je les traite. Ils voulai<strong>en</strong>t les<br />

reconnaître tels qu’ils étai<strong>en</strong>t. Et ils me faisai<strong>en</strong>t la commande difficile de faire de la<br />

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