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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

la séqu<strong>en</strong>ce sur le bleu :<br />

Lecture de Le Bleu de Madeleine et les Autres<br />

« Après avoir cherché partout et partout, et <strong>en</strong>core et <strong>en</strong>core, Madeleine est allée chez son grand-père et lui<br />

a demandé où était le plus beau bleu de la terre. Et au mom<strong>en</strong>t où elle posait la question, elle a vu sur le<br />

mur un tableau qu’elle a toujours vu, auquel elle n’a jamais fait att<strong>en</strong>tion. Une reproduction du peintre<br />

préféré de son grand-père, et elle a trouvé que c’était le plus beau bleu de la terre. Elle a demandé le nom<br />

du tableau. Son grand-père a répondu : « Monochrome IKB3 de Yves Klein ».<br />

t puis après, il y a le nom du rouge. Naturellem<strong>en</strong>t, toute recherche du bleu est <strong>en</strong> réalité<br />

la quête du jaune, chère à Van Gogh. Ce qui est très beau, je trouve, et c’est là où je<br />

trouve intéressant l’apport de la littérature, il y a Madeleine, et on voit bi<strong>en</strong> de quelle<br />

madeleine il s’agit. Quand j’ai découvert ce spectacle et cette r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre Anne-Marie<br />

Marques, une peintre, Jeanne B<strong>en</strong>-Hammo, et Anne Luthaud, j’ai s<strong>en</strong>ti qu’on est vraim<strong>en</strong>t<br />

dans un spectacle d’impression littéraire. Comme si c’était le spectacle des premières<br />

impressions littéraires. Ce que je trouve magnifique, c’est qu’elles se font au travers<br />

de la peinture, de comm<strong>en</strong>t dire le bleu. Parce qu’il y a le bleu du néon, ça ne convi<strong>en</strong>t<br />

pas, le bleu de la mer…<br />

Anne Luthaud<br />

Ce que je trouve très beau dans le travail d’Anne-Marie, c’est que justem<strong>en</strong>t, elle a mis<br />

<strong>en</strong> scène à la fois ce qu’il y avait dans le texte et ce qu ‘elle a demandé à la peinture, c’est<br />

à dire comm<strong>en</strong>t faire ? Comm<strong>en</strong>t on fabrique ? C’est la question de comm<strong>en</strong>t se fabrique<br />

l’écriture, comm<strong>en</strong>t se fait la peinture. C’est pour ça que Jeanne peint <strong>en</strong> direct sur le<br />

plateau au fur et à mesure de l’avancée du texte, elle peint de la couleur. Quelque fois,<br />

c’est figuratif, quelques fois pas. Il y a tout le temps cette idée là : comm<strong>en</strong>t on fait, comm<strong>en</strong>t<br />

on fabrique quand on fait un spectacle avec de la peinture et un texte et c’est<br />

comme sous-jac<strong>en</strong>t au spectacle.<br />

C’est d’ailleurs une chose que les <strong>en</strong>fants perçoiv<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t parce qu’on a fait <strong>en</strong>suite<br />

un travail autour de ça, et on voit bi<strong>en</strong> qu’ils r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t là dedans tout de suite. On n’est<br />

pas dans le comm<strong>en</strong>taire, on est pas dans l’explication, on est juste dans la fabrication<br />

des mots, des couleurs de la peinture.<br />

Lecture de Le Bleu de Madeleine et les Autres<br />

« Pour savoir comm<strong>en</strong>t on fait le jaune, c’est très simple : <strong>en</strong> mangeant un œuf sur le plat, je verrais comm<strong>en</strong>t<br />

est fait le jaune, se dit Madeleine. Elle s’applique si bi<strong>en</strong> à tremper son pain dans le jaune de l’œuf<br />

et à le manger, qu’elle <strong>en</strong> oublie de regarder comm<strong>en</strong>t le jaune est fait. Alors, elle pr<strong>en</strong>d des couleurs ».<br />

erci Anne. Ré-intervi<strong>en</strong>s quand tu veux. On l’a évoqué tout à l’heure Philippe Dorin et<br />

Nathalie Papin. Les prés<strong>en</strong>ter, c’est toujours à la fois une émotion et une grande difficulté<br />

parce qu’il y a l’émotion, la connaissance. Que ce soit Philippe Dorin, ou Nathalie<br />

Papin, sans faire des formules, mais c’est toujours intéressant de nommer les choses, je<br />

considère qu’ils représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, aussi paradoxal que cela puisse paraître, une des approches<br />

les plus littéraires de l’écriture théâtrale pour la jeunesse, dans des registres et<br />

dans des styles de langue très différ<strong>en</strong>ts.<br />

Il y a des allers-retours, notamm<strong>en</strong>t chez Nathalie, qui vont du mythe à aujourd’hui, au<br />

s<strong>en</strong>s où Michel Vinaver l’exprime : le théâtre a une fonction de navette <strong>en</strong>tre les mythes<br />

fondateurs et le monde d’aujourd’hui, et que c’est cette navette perman<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre les<br />

grands mythes de l’humanité qui permett<strong>en</strong>t de compr<strong>en</strong>dre le monde d’aujourd’hui.<br />

Cette fonction de navette est une fonctions que l’on retrouve dans l’écriture de Nathalie.<br />

C’est amusant que dans le début de « Garder », on arrive dans un phare, qui s’allume et<br />

qui s’éteint. Cette lumière qui s’allume et qui s’éteint et la fonction du Noir qui permet<br />

de découvrir la lumière, (comme dit Olivier Py, « C’est du trou noir que naît la lumière de<br />

l’univers »), est très prés<strong>en</strong>te dans l’écriture de Philippe Dorin. C’est une écriture dont je<br />

ne suis pas sûr qu’elle soit si minimaliste que ça, mais je suis sûr qu’elle va à l’ess<strong>en</strong>tiel,<br />

parce qu’elle est dans un choix de mots extrêmem<strong>en</strong>t précis, et <strong>en</strong> même temps, elle est<br />

très concrète. Mais le concret réside beaucoup plus dans l’imaginaire qu’il décl<strong>en</strong>che que<br />

dans la réalité des mots.<br />

Je trouve qu’on est là <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’auteurs majeurs. Ils sont vraim<strong>en</strong>t contributifs, de<br />

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