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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

sonnages, des situations, une construction plus classique. Après, il y a donc la période<br />

boules de papiers, où certains disai<strong>en</strong>t : « Mais qu’est-ce qu’il fait Dorin, il n’écrit plus, il<br />

ne joue plus, il roule du papier, il pr<strong>en</strong>d de l’<strong>en</strong>cre… ». Cette période boule de papier a<br />

donné naissance à « En Att<strong>en</strong>dant le Petit Poucet », et aussi à cette nouvelle période, qui<br />

correspond à cette écriture beaucoup plus resserrée, qui va à l’ess<strong>en</strong>tiel.<br />

Je p<strong>en</strong>se que les boules de papier ne sont pas pour ri<strong>en</strong>. Et puis aussi sûrem<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>contre<br />

avec Sylviane Fortuny, mais ça on y revi<strong>en</strong>dra cet après midi, parce que finalem<strong>en</strong>t,<br />

la question qui se posait c’était : Pour Ainsi Dire, qu’est-ce qu’on fait ? Autour de cette<br />

question là, si on a pas beaucoup de textes, il va falloir qu’on <strong>en</strong> écrive, et pour ainsi dire,<br />

mais qu’est-ce qu’on pourrait bi<strong>en</strong> leur raconter ?<br />

Voilà, il y a ces périodes pour Philippe Dorin. Ce que je trouve aussi intéressant, c’est la<br />

question du va et vi<strong>en</strong>t. Ce que je trouve formidable dans l’itinéraire de Philippe Dorin,<br />

c’est qu’il a sa période Bayard, et maint<strong>en</strong>ant, il a sa période Solitaires Intempestifs.<br />

Entre ces deux périodes, il y a forcém<strong>en</strong>t tout un itinéraire, où il continue à creuser le<br />

même sillon, et <strong>en</strong> même temps, il va se retrouver dans des domaines différ<strong>en</strong>ts, il va<br />

r<strong>en</strong>contrer des publics nouveaux. De « Parole d’Ange », à « Christ Sans Hache », vous<br />

voyez qu’il y a un joli parcours.<br />

Je te laisse maint<strong>en</strong>ant carte blanche, pour t’éviter de répondre à une question qu’on<br />

vous a posée quinze mille fois, je vous offre un espace de liberté.<br />

Philippe Dorin<br />

Merci Dominique. Tout ça pour dire que, moi, écrivain, je ne suis pas tombé dedans<br />

quand j’étais petit, j’ai dû appr<strong>en</strong>dre mon métier. C’était très loin de moi. Je ne parlerais<br />

pas de trois périodes comme ça. Je dirais que j’ai écrit p<strong>en</strong>dant 15 ans, et un jour, je suis<br />

dev<strong>en</strong>u écrivain. Il a bi<strong>en</strong> fallu passer par des tas de périodes pour dev<strong>en</strong>ir vraim<strong>en</strong>t un<br />

écrivain. D’abord j’ai cru que écrire c’était un peu comme j’avais appris à l’école. C’est à<br />

dire, mettre des sujets, verbes, complém<strong>en</strong>ts, des phrases bi<strong>en</strong> tournées. Je me suis<br />

trompé parce que c’était insignifiant. Les textes qu’on peut écrire comme ça sont insignifiants.<br />

Après, j’ai p<strong>en</strong>sé qu’être écrivain, c’était peut-être écrire comme les écrivains<br />

qu’on aime bi<strong>en</strong>. Donc j’ai eu toute une période où j’ai essayé d’écrire comme les écrivains<br />

que j’aimais bi<strong>en</strong>, que j’aimais bi<strong>en</strong> lire. Je me suis aperçu que ça n’était pas <strong>en</strong>core<br />

ça, puisque, quand l’original existe, ça n’est pas comme ça qu’on devi<strong>en</strong>t un écrivain.<br />

Après, je suis dev<strong>en</strong>u un écrivain <strong>en</strong> étant moi-même. Moi-même, c’est à dire que je ne<br />

suis pas quelqu’un de très savant, je n’étais pas très doué <strong>en</strong> français, je n’ai pas beaucoup<br />

de vocabulaire, mais je suis quand même dev<strong>en</strong>u écrivain. Avec mes défauts. Mon<br />

bagage, moi, c’était plutôt mes handicaps.<br />

C’est à l’époque aussi où j’ai r<strong>en</strong>contré Sylviane, parce que, pour moi, écrire du théâtre,<br />

c’est indissociable de la r<strong>en</strong>contre avec quelqu’un. Moi je ne suis pas metteur <strong>en</strong> scène.<br />

Il y beaucoup d’auteurs qui sont metteurs <strong>en</strong> scène, il y a beaucoup d’auteurs qui ne sont<br />

pas joués, qui sont publiés, mais qui ne sont pas joués. Pour moi, le théâtre, c’est<br />

d’abord de la vie, dans une r<strong>en</strong>contre avec quelqu’un. Ecrire pour quelqu’un, comme on<br />

<strong>en</strong>voie une lettre à sa fiancée. C’est un peu ça. Et puis écrire vraim<strong>en</strong>t pour quelqu’un.<br />

Ecrire quelque chose qui lui correspond, à lui. Pour moi, c’est très important ça.<br />

Qu’est-ce que je pourrais dire <strong>en</strong>core ? La question du jour qui est écrire pour les <strong>en</strong>fants,<br />

moi je ne me suis jamais posé cette question, parce que c’est quand j’ai écrit pour les<br />

<strong>en</strong>fants que j’ai écrit pour la première fois quelque chose jusqu’au bout. Donc ce travail<br />

d’appr<strong>en</strong>tissage de l’écriture dont je vous parlais tout à l’heure, je ne l’ai m<strong>en</strong>é que par<br />

rapport à des <strong>en</strong>fants. Que parce que c’était une opportunité. C’était aussi la r<strong>en</strong>contre<br />

parce que je travaillais avec Eric de Dadels<strong>en</strong>, c’est avec les <strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> écrivant pour les<br />

<strong>en</strong>fants, que j’ai appris mon métier d’écrivain. Je me suis posé des questions que j’aimais<br />

bi<strong>en</strong>. Moi je suis d’une famille de paysans. Donc on appelle un chat un chat. J’aime bi<strong>en</strong><br />

les choses assez concrètes. Le langage, c’est souv<strong>en</strong>t que ce qui est nécessaire. Et ça, ça<br />

me plaît beaucoup. Ecrire des personnage qui ne dis<strong>en</strong>t que ce qui est nécessaire. Pas<br />

plus. C’est très important, ça. De ne pas faire de la littérature. Et moi j’aime bi<strong>en</strong> ça dans<br />

la bouche des <strong>en</strong>fants. Parce que les <strong>en</strong>fants, ils me réappr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des mots très<br />

simples. Comme chaise, table, bouteille. Les <strong>en</strong>fants emploi<strong>en</strong>t toujours des mots très<br />

simples. On retrouve le s<strong>en</strong>s de ces mots simples qui sont comme les outils d’un agriculteur.<br />

Ce sont des objets qui serv<strong>en</strong>t à quelque chose de très précis. Qui ont des fonctions.<br />

Voilà. Moi j’aime bi<strong>en</strong> que les mots ai<strong>en</strong>t des fonctions. Chaise, c’est ça. La chaise,<br />

c’est fait pour s’asseoir. Alors, la situation, ça peut être de dire, qu’on peut faire parler<br />

une chaise, par exemple, lui faire dire qu’elle est faite pour… Voilà, moi j’aime bi<strong>en</strong> les<br />

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