Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
Ar<strong>en</strong>dt, de cette question là du racisme. La culture qui permet de r<strong>en</strong>trer dans la société<br />
et de s’ouvrir à l’autre, elle permet aussi exactem<strong>en</strong>t le mouvem<strong>en</strong>t inverse. Je crois qu’il<br />
faut être att<strong>en</strong>tif à ce double aspect.<br />
Christian Duchange<br />
Est-ce que vous voudriez bi<strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir sur le concept du langage de la passion et de la<br />
t<strong>en</strong>dresse ? Je suis tout d’un coup <strong>en</strong> train de me demander si l’on peut, nous les adultes,<br />
t<strong>en</strong>ir le langage de la t<strong>en</strong>dresse, et comm<strong>en</strong>t on s’y pr<strong>en</strong>d.<br />
Dominique Bérody<br />
L’avantage, c’est que vous pouvez profiter de la prés<strong>en</strong>ce de Patrick B<strong>en</strong> Soussan pour<br />
consulter !<br />
Patrick B<strong>en</strong> Soussan<br />
Je crois que c’est très difficile. Je crois que c’est un vrai travail d’humanisation de toujours<br />
p<strong>en</strong>ser que l’<strong>en</strong>fant est un <strong>en</strong>fant, et que c’est à nous de faire cet effort là. Regardez les<br />
chatouilles par exemple. Le truc tout bête. Quand on se met à chatouiller un tout petit.<br />
Voilà, ça se passe bi<strong>en</strong>, puis il se met à rire et il y a un mom<strong>en</strong>t où ça n’est plus possible.<br />
Et assez rarem<strong>en</strong>t l’adulte s’arrête. Lui, il est emporté dans cette espèce de jouissance<br />
commune : ça fait du bi<strong>en</strong>, on se marre, c’est tellem<strong>en</strong>t beau quand il rit… et qu’il<br />
y a sûrem<strong>en</strong>t autre chose qui se joue. Mais l’<strong>en</strong>fant, à un mom<strong>en</strong>t donné, ses canaux s<strong>en</strong>soriels<br />
ne peuv<strong>en</strong>t plus recevoir. Il est totalem<strong>en</strong>t débordé. Simplem<strong>en</strong>t, c’est le modèle<br />
du traumatisme pour Freud : le mom<strong>en</strong>t où on ne peut plus métaboliser le surplus<br />
d’énergie. Donc l’<strong>en</strong>fant comm<strong>en</strong>ce à faire la gueule, et si vous continuez <strong>en</strong>core, il se<br />
met à pleurer. C’est une scène vraim<strong>en</strong>t d’une banalité extrême. Il y a un mom<strong>en</strong>t où c’est<br />
nous qui devons nous arrêter. Où doit-on s’arrêter dans la connaissance que l’on a de<br />
l’<strong>en</strong>fant ? C’est le modèle classique à ne pas dépasser, et ça s’articule dans la connaissance<br />
qu’on a de l’<strong>en</strong>fant.<br />
Regardez, la r<strong>en</strong>contre aujourd’hui de l’<strong>en</strong>fant dans la ville avec les publicités, à la télé,<br />
avec les images, etc… Tout ce qui était évoqué par exemple dans le risque du contact<br />
avec l’image, sur le fait que l’on met une iconographie pour signaler que c’est interdit de<br />
10 ans, 8 ans etc…et qu’à côté de ça, les <strong>en</strong>fants, dans les journaux télévisés peuv<strong>en</strong>t voir<br />
les g<strong>en</strong>s cramer, les meurtres, <strong>en</strong>fin, des choses qui, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, vont avoir un impact<br />
sur eux.<br />
C’est très difficile, comme exercice de la part de l’adulte, de toujours se rappeler que c’est<br />
un <strong>en</strong>fant qui est <strong>en</strong> face de soi. Et qu’on ne jouit pas avec un <strong>en</strong>fant. Ça, c’est une chose<br />
vers quoi on est totalem<strong>en</strong>t porté <strong>en</strong> tant qu’adulte. On est totalem<strong>en</strong>t à la recherche de<br />
ça. Il y a un piège énorme, par exemple, pour remettre un<br />
Il y a un piège énorme<br />
autour de cette<br />
jouissance commune.<br />
pied dans l’histoire du théâtre, il y a un piège énorme<br />
autour de cette jouissance commune. C’est fou ce qu’il y<br />
a comme compagnies par exemple, qui propos<strong>en</strong>t des<br />
pièces de théâtre à des tout petits, qui sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
dans ce champ de la jouissance. Vi<strong>en</strong>s on va jouir<br />
<strong>en</strong>semble ! Ce n’est pas bon, ce truc là. Ce que vous<br />
disiez de la p<strong>en</strong>sée, là où c’est important la p<strong>en</strong>sée, c’est que ça met à distance. On<br />
se met à p<strong>en</strong>ser sur ce qu’on est <strong>en</strong> train de faire, de vivre, sur nos émotions. Et ça,<br />
ça crée cet écart là. Donc, ça ne vi<strong>en</strong>t pas de soi. Je crois que l’expéri<strong>en</strong>ce d’humanité,<br />
c’est bi<strong>en</strong> ça, c’est de nous permettre de faire le deuil de cette part d’<strong>en</strong>fance<br />
là qui veut fonctionner sur le mode mégalomaniaque.<br />
Christian Duchange<br />
S’il y a une circulation pour nous, adultes proposant du théâtre ou dédiant du théâtre à des<br />
<strong>en</strong>fants, <strong>en</strong>tre le langage de la passion et le langage de la t<strong>en</strong>dresse, il y <strong>en</strong> a aussi une pour<br />
eux, <strong>en</strong> regardant les images du monde, <strong>en</strong>tre la t<strong>en</strong>dresse et la passion. Donc, il y a bi<strong>en</strong><br />
un <strong>en</strong>droit comme ça, où on va espérer se r<strong>en</strong>contrer dans de bonnes conditions.<br />
Ce qui est important c’est créer les<br />
conditions de cette r<strong>en</strong>contre là.<br />
Patrick B<strong>en</strong> Soussan<br />
Ce qui est important dans ce<br />
que vous dites, c’est bi<strong>en</strong> les<br />
bonnes conditions. De créer<br />
les conditions de cette r<strong>en</strong>con-<br />
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