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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />

Ce percussionniste est prof de percussions à Marseille, au Conservatoire. Il s’appelle<br />

Alexandre Régis, pour ceux qui le connaiss<strong>en</strong>t. A un mom<strong>en</strong>t donné, le facteur passe avec<br />

deux <strong>en</strong>ceintes dans la salle, comme on a fait à Signe. Il a un petit mini-disc dans la<br />

poche, et il passe avec des sons. Il transporte des sons. Le public <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d tous ces sons<br />

qui lui pass<strong>en</strong>t par dessus. Je n’ai pas de sons de ça, mais j’ai des choses que j’ai faites<br />

pour Radio Gr<strong>en</strong>ouille. Des petits extraits musicaux.<br />

[Diffusion des extraits, de photos.]<br />

Il y a eu tout un travail musical fait sur des lettres, qui a donné lieu à plusieurs petites<br />

choses radiophoniques, que je vais vous faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre pour le plaisir. Par exemple, on a<br />

fait un travail sur le manuscrit : Qu’est-ce que c’est que recevoir la lettre de quelqu’un<br />

qu’on aime ? Aujourd’hui, on s’écrit beaucoup de mails, et un jour, par hasard, on s’<strong>en</strong>voie<br />

une lettre. Et on revoit l’écriture. C’est <strong>en</strong> général très émouvant. Et puis, il y a certains<br />

d’<strong>en</strong>tre nous qui sont espiègles, qui mett<strong>en</strong>t un peu de parfum. Et ça donne tout<br />

d’un coup une matière à la matière. C’est une <strong>en</strong>veloppe qu’on ouvre, on y voit une écriture.<br />

On a essayé de parler de ça.<br />

Tout ça s’est fini par un débat sur la notion de service public. Parce qu’évidemm<strong>en</strong>t, le<br />

travail s’est fait à un mom<strong>en</strong>t où les postiers étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grève. On a réfléchi à ce qu’est le<br />

service public. Le courrier noble, c’est à dire nos courrier personnels, manuscrits, c’est<br />

5 % du courrier qui circule à la Poste. Il y a 80% de magasines et de publicités qui font<br />

vivre la Poste. Ce qu’on appelle notre service public, ce que nous déf<strong>en</strong>dons, ça sert <strong>en</strong><br />

fait à la publicité. Aujourd’hui, il n’y a plus que 5% de ce que distribu<strong>en</strong>t les facteurs, qui<br />

nous sert réellem<strong>en</strong>t de service public, c’est à dire qui nous sert à correspondre <strong>en</strong>tre<br />

nous. Il y a 15 % pour les courriers administratifs, c’est à dire quand on parle à l’Etat, et<br />

quand l’Etat nous parle. Pas que l’Etat, il y a aussi les <strong>en</strong>treprises maint<strong>en</strong>ant privatisées<br />

que sont EDF, GDF, etc…<br />

Tout ça est assez triste. On t<strong>en</strong>ait à un système de distribution <strong>en</strong>tre nous, on y ti<strong>en</strong>t toujours,<br />

mais <strong>en</strong> fait, il est utilisé par d’autres, et financé par d’autres. On a voulu parler de tout<br />

ça. Qu’est-ce qu’un service public<br />

qui n’est plus pour le public ?. Et on<br />

doit continuer à y t<strong>en</strong>ir mais sauf<br />

qu’il est fou. Il est dev<strong>en</strong>u fou,<br />

parce qu’on ne s’<strong>en</strong> sert pas. Parce<br />

qu’on ne s’écrit plus. C’est un concert qui se finit <strong>en</strong> débat, <strong>en</strong> travail. P<strong>en</strong>dant le débat,<br />

je refaisais des dessins sur un écran et les interprètes continuai<strong>en</strong>t d’interpréter ce que<br />

je dessinais.<br />

Je vais vous faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre trois extraits radiophoniques. En me prom<strong>en</strong>ant dans les c<strong>en</strong>tres<br />

de Tri de Marseille, j’ai découvert que le courrier était énormém<strong>en</strong>t viol<strong>en</strong>té. Quand<br />

on le met dans la boite aux lettres avec amour, on écrit la lettre à « lettre/l’être aimé »,<br />

avec une grande douceur et une int<strong>en</strong>sité cont<strong>en</strong>ue, on desc<strong>en</strong>d avec impati<strong>en</strong>ce, on<br />

l’abandonne au temps <strong>en</strong> la glissant très doucem<strong>en</strong>t dans la boite. Là, que se passe t-il ?<br />

Jusque là, tout allait bi<strong>en</strong>. Le facteur arrive à 200 à l’heure, il ouvre la boite, il bourre les<br />

lettres dans son sac, il les jette dans la voiture, il conduit la voiture à 200 à l’heure, il<br />

arrive dans le c<strong>en</strong>tre, il la décharge, elle est jetée dans le camion, elle passe à toute<br />

vitesse, elle part dans un train, elle arrive dans un c<strong>en</strong>tre de distribution où elle est triée<br />

<strong>en</strong>core une fois par une machine, puis par un homme qui la met dans des casiers, qui la<br />

met dans son chariot, qui la fait passer sous la pluie, et qui la balance sous la porte. A<br />

l’autre bout, la personne voit arriver la lettre et (soupir) « Elle m’a écrit ! ». Et il l’ouvre<br />

délicatem<strong>en</strong>t. La lettre arrive dans un état ! J’ai imaginé une lettre d’amour qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

tout le passage <strong>en</strong>tre les deux.<br />

[Diffusion des extraits]<br />

Qu’est-ce qu’un service public<br />

qui n’est plus pour le public ?<br />

Voilà ce qui s’est passé p<strong>en</strong>dant le trajet !<br />

Un dernier extrait. Pierre H<strong>en</strong>ry a fait, dans les années 63, 64, une « Symphonie pour un<br />

homme seul ». La musique électro-acoustique est née avec des boucles, avec des disques<br />

qui étai<strong>en</strong>t rayés <strong>en</strong> fait. C’est comme ça que Pierre Schaeffer a découvert la matière. Pour<br />

ceux qui ne le sav<strong>en</strong>t pas, je le répète brièvem<strong>en</strong>t. Quand on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d un texte répété, on<br />

compr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> le s<strong>en</strong>s. (Il répète plusieurs fois : quand on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d un texte répété). Mais<br />

si je raye le sillon un peu plus près du c<strong>en</strong>tre (Il répète plusieurs fois : si je raye le/ le<br />

sillon). Alors, on se met à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le son, la matière de la voix. C’est comme ça qu’il a<br />

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