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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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“Déroutes” de Mathilde Monnier par Gérard May<strong>en</strong><br />

dans un <strong>en</strong>droit. Ça semble purem<strong>en</strong>t joué comme dans l’instant, relever d’une forme<br />

d’aléatoire. En voilà un qui apparaît. Regardez à droite. Il se passe quelque chose <strong>en</strong><br />

hauteur, le long du pilier latéral droit.<br />

Enfin, pour rester à cette question de ce qu’on va disposer de l’espace, je revi<strong>en</strong>s à ce<br />

mot de disposition, plutôt que de composition. Herman Diephuis vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trer. Il est<br />

jambes nues. Il est <strong>en</strong>train d’<strong>en</strong>filer un pantalon. On peut s’intéresser à la manière dont<br />

il parcourt l’espace. Voilà pour les <strong>en</strong>trées et les sorties.<br />

Autre élém<strong>en</strong>t à noter, pour ce qui est des élém<strong>en</strong>ts matériels. Cette <strong>en</strong>ceinte est<br />

d’autant plus poreuse qu’un grand nombre des élém<strong>en</strong>ts qui la compos<strong>en</strong>t ont trait au<br />

souffle. Vous remarquerez qu’on a carrém<strong>en</strong>t des tuyaux. On a des becs qui peuv<strong>en</strong>t<br />

diffuser du souffle. Un des interprètes comm<strong>en</strong>ce à actionner son énorme pneu,<br />

chambre à air de poids lourds, qu’on peut aussi rapprocher des questions sur le souffle.<br />

On a décrit ce dispositif. Le plateau dans ce cas là serait relié à ce qui le déborde. Cette<br />

soufflerie, on pourrait imaginer qu’elle est souterraine, qu’elle émerge du sous-sol. On a<br />

vu ces <strong>en</strong>trées et sorties multiples, ces possibilités. Donc on voit non seulem<strong>en</strong>t ce<br />

plateau prés<strong>en</strong>t, paysage, extrêmem<strong>en</strong>t ouvert, mais aussi le monde <strong>en</strong>tier. C’est à dire<br />

une connexion qui refuserait totalem<strong>en</strong>t d’être sécante, d’être dans une coupure<br />

signifiante <strong>en</strong>tre l’intérieur et l’extérieur. En plus, vous avez cette seconde <strong>en</strong>ceinte qui a<br />

ce statut très problématique, non évid<strong>en</strong>t. Je dis que c’est évid<strong>en</strong>t et c’est ressorti dans<br />

les réactions, ri<strong>en</strong> de « Déroutes », ne nous ramène à des évid<strong>en</strong>ces, <strong>en</strong> tout cas à nos<br />

habitudes de perception d’un spectacle. Beaucoup de choses vont v<strong>en</strong>ir surpr<strong>en</strong>dre et<br />

mettre <strong>en</strong> doute, nous laisser dans des perplexités.<br />

Alors je dois vous dire, et c’est ess<strong>en</strong>tiel, d’où vi<strong>en</strong>t cette pièce. De quoi elle traite. Ou<br />

plutôt de quoi elle part. Elle réfère à un texte, à « L<strong>en</strong>z » de Büchner, datant de 1835.<br />

Buchner est auteur dramatique, poète, avec une portée philosophique, romantique. L<strong>en</strong>z<br />

est un personnage qui est <strong>en</strong>train de perdre sa foi, il se livre à d’incessantes marches<br />

dans la montagne. Au cours de ces marches, il t<strong>en</strong>te de se saisir d’un grand souffle du<br />

monde, d’une globalité, d’une<br />

Ce texte n’est pas choisi par hasard.<br />

Il nous pose dans une optique de la<br />

modernité, qui est une optique y<br />

compris de la perte du s<strong>en</strong>s,<br />

de la mise <strong>en</strong> doute des idées,<br />

de la raison, de la foi.<br />

Il remet <strong>en</strong> cause la nature de ce<br />

li<strong>en</strong> au monde. On peut estimer que<br />

la pièce part de là. Quand je dis<br />

qu’elle part de là, le mot est choisi.<br />

On part, comme on quitte.<br />

On ne reste pas clos,<br />

<strong>en</strong>fermé dans sa référ<strong>en</strong>ce.<br />

sorte d’immersion et de contact<br />

profond et déstructurant avec les<br />

forces du monde. En même temps<br />

qu’il perd sa foi, il perd <strong>en</strong> partie sa<br />

raison. Je vais vite. Je ne suis pas<br />

un spécialiste. Je l’ai évidemm<strong>en</strong>t<br />

lu et ai lu beaucoup de comm<strong>en</strong>taires<br />

à l’occasion du travail sur<br />

cette pièce. En fait, ce texte, tant<br />

du point de vue de son écriture, qui<br />

est réellem<strong>en</strong>t travaillée par cette<br />

relation avec des élém<strong>en</strong>ts tranchants,<br />

abyssaux, perturbés de<br />

l’univers, que dans son thème, est<br />

une sorte de manifeste très significatif<br />

d’une <strong>en</strong>trée dans la modernité<br />

littéraire et intellectuelle.<br />

Ce texte n’est pas choisi par<br />

hasard. Il nous pose dans une optique<br />

de la modernité, qui est une<br />

optique y compris de la perte du<br />

s<strong>en</strong>s, de la mise <strong>en</strong> doute des<br />

idées, de la raison, de la foi. Il<br />

remet <strong>en</strong> cause la nature de ce li<strong>en</strong><br />

au monde. On peut estimer que la<br />

pièce part de là. Quand je dis<br />

qu’elle part de là, le mot est choisi.<br />

On part, comme on quitte. On ne reste pas clos, <strong>en</strong>fermé dans sa référ<strong>en</strong>ce.<br />

Vraisemblablem<strong>en</strong>t, certains l’ont ress<strong>en</strong>ti, on a parlé d’absurde, de solitude, de<br />

viol<strong>en</strong>ce, des thématiques de cette pièce qui sont investies, traversées par les<br />

interprètes. En l’occurr<strong>en</strong>ce chacun d’eux a lu « L<strong>en</strong>z » et s’<strong>en</strong> est nourri de manière<br />

individuelle, et séparée, à sa façon. Pour ce qui est de ce qui se déroule sur le plateau,<br />

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