Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
tion, elle parle à ceux qui vont la lire, elle n’est qu’un outil pour vous ?<br />
Isabelle Hervouët<br />
Non mais ça, on ne me l’a demandé qu’une fois. C’était une proposition surpr<strong>en</strong>ante, à<br />
laquelle j’ai répondu, c’est pour cela que j’<strong>en</strong> ai parlé. Je ne suis pas sûre d’avoir répondu<br />
justem<strong>en</strong>t par rapport au spectacle.<br />
Par rapport au langage, je voulais dire ce qui m’est v<strong>en</strong>u ce matin <strong>en</strong> tête <strong>en</strong> vous écoutant.<br />
Il y a une formule que j’aime bi<strong>en</strong> , c’est le « français langue étrangère ». Je p<strong>en</strong>se<br />
que dans notre travail, il y a cette idée du « français langue étrangère ». Parce que Paolo<br />
ne parlait pas français quand il est arrivé, il a aussi une façon de parler, de jouer avec la<br />
langue, ou de sortir des mots de racine latine parce que ce sont des mots sci<strong>en</strong>tifiques<br />
communs à l’itali<strong>en</strong> et au français. Ça aussi, fait partie du langage. On passe aussi souv<strong>en</strong>t<br />
par la traduction du français à l’itali<strong>en</strong>. On a travaillé assez régulièrem<strong>en</strong>t avec des<br />
acteurs étrangers, donc ça construit un langage. Et je ne parle pas seulem<strong>en</strong>t du langage<br />
parlé. Ça donne une forme artistique multinationale.<br />
Dominique Bérody<br />
Merci Isabelle. Tu peux ré-interv<strong>en</strong>ir quand tu veux. Je propose, parce qu’on a évoqué tout<br />
à l’heure le Théâtre Athénor à Saint-Nazaire, ce bouillonnem<strong>en</strong>t où des artistes peuv<strong>en</strong>t<br />
se retrouver, de se tourner vers Brigitte Lallier Maisonneuve, directrice du Théâtre<br />
Athénor, Nantes/Saint-Nazaire. C’est un théâtre inscrit dans des villes et un théâtre<br />
nomade. C’est vrai qu’il y a dans la démarche, dans l’itinéraire de Brigitte, beaucoup de<br />
croisem<strong>en</strong>ts, qui vont bi<strong>en</strong> au delà de cette question du texte, parce que c’est la question<br />
des écritures qui a été posée. Tu as été toute première à organiser des r<strong>en</strong>contres où tu<br />
sollicitais des éditeurs d’ailleurs, à une époque où il n’y avait pas de répertoire et où on<br />
se posait la question de sa création, la question de l’exist<strong>en</strong>ce d’auteurs. Ça comm<strong>en</strong>çait<br />
à fourmiller du côté de Saint-Nazaire ! C’est vrai qu’il y a la question des langages, de l’<strong>en</strong>fance,<br />
de la musique, celle de l’art pour les bébés. Dans ce croisem<strong>en</strong>t des langages, avec<br />
ce côté laboratoire, il y a <strong>en</strong> même temps toujours ce souci d’être <strong>en</strong> relation avec les<br />
publics. Vous cherchez toujours à t<strong>en</strong>dre vers cette utopie toujours chevillée au corps, au<br />
cœur et à l’esprit, de ne pas oublier le public. Quelle que soit la recherche dans laquelle<br />
vous allez, c’est la dim<strong>en</strong>sion de laboratoire qui est recherchée. Ça caractérise bi<strong>en</strong> tout<br />
le travail qui a été m<strong>en</strong>é à Saint-Nazaire puis à Nantes. J’évoquerais Mallarmé, qui disait<br />
« Nous disposons de toutes les langues, manque la suprême ». J’ai l’impression que tu es<br />
toujours à la recherche de cette suprême langue, qui serait la langue de l’art, la langue des<br />
artistes, pour r<strong>en</strong>contrer le plus large public. Il y a aussi le compagnonnage très fécond<br />
que vous avez avec Philippe Le Goff, musici<strong>en</strong>, le grand spécialiste de la langue inuit. Il<br />
parle inuit comme nous parlons français. Ça a d’ailleurs donné naissance à des spectacles.<br />
Il y a aussi le festival « Résonances », dont le nom est bi<strong>en</strong> choisi car son but est de<br />
faire écho à tout ce bouillonnem<strong>en</strong>t. Voilà brossé de manière impressionniste ce que j’ai<br />
ress<strong>en</strong>ti de ce lieu, et de ma collaboration avec Brigitte autour de la question des écritures<br />
et du répertoire. Sur cette question de : « Du texte, mais <strong>en</strong>core… ? », je sais que tu<br />
as beaucoup de choses à dire. Dis-nous là où vous <strong>en</strong> êtes à Saint-Nazaire, et comm<strong>en</strong>t<br />
tu as conçu ce laboratoire plutôt tourné vers la musique mais qui n’<strong>en</strong> oublie pas pour<br />
autant le théâtre. Vers quel types de créations vous allez et comm<strong>en</strong>t vous r<strong>en</strong>contrez<br />
votre public ?<br />
Brigitte Lallier Maisonneuve<br />
Tu veux que je cause de quoi là exactem<strong>en</strong>t ?<br />
Dominique Bérody<br />
De ce que tu veux. Je t’ai prés<strong>en</strong>tée, maint<strong>en</strong>ant carte blanche ! On est sur « Le texte,<br />
mais <strong>en</strong>core ? »<br />
Brigitte Lallier Maisonneuve<br />
Il y a deux questions. Elles sont intimem<strong>en</strong>t liées. J’aime bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t l’idée du théâtre<br />
là où on ne l’att<strong>en</strong>d pas. Tu t’<strong>en</strong> doutes. Il y a aussi écrire au théâtre. On a beaucoup<br />
parlé de théâtre jeune public, d’ailleurs avec ces mots on associe toujours le théâtre. Ce<br />
qui est une question aussi pour moi. Le théâtre, c’est un lieu, pas forcém<strong>en</strong>t un bâtim<strong>en</strong>t,<br />
et un temps. Il y a une unicité de lieu et de temps, qui rassemble des g<strong>en</strong>s. Des qui agiss<strong>en</strong>t<br />
et des qui regard<strong>en</strong>t. C’est d’abord ça. Cette unicité de lieu fait du li<strong>en</strong>, réunit. Elle<br />
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