Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
C’est important de p<strong>en</strong>ser que les pires conflits, les pires animosités, les pires affects, ce<br />
sont ceux qui anim<strong>en</strong>t le temps de la petite <strong>en</strong>fance. Non pas pour rev<strong>en</strong>ir à cette vision<br />
que j’évoquais sur le modèle rousseauiste, mais simplem<strong>en</strong>t sur le modèle de la toutepuissance<br />
infantile et de la jouissance. Le petit-<strong>en</strong>fant fonctionne comme ça : je veux<br />
tout, tout de suite. Il y a vraim<strong>en</strong>t tout un travail pour perdre, parce que c’est une perte,<br />
cette réalité, et pour adv<strong>en</strong>ir à un autre monde, qui est un monde qui ti<strong>en</strong>t compte du<br />
réel et du « socius », qui ti<strong>en</strong>t compte de l’autre. Au début, c’est « moi je ». Bi<strong>en</strong> longtemps<br />
après, c’est « nous ». Entre ce « bi<strong>en</strong> longtemps après », et ce « moi je », il y a un<br />
temps tout à fait particulier, pour l’<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> tout cas, qu’il va falloir mettre <strong>en</strong> ordre.<br />
C’est vraim<strong>en</strong>t une question d’ordre, de remise <strong>en</strong> ordre de ce qui fait le côté très tumultueux<br />
des pulsions initiales. C’est un vrai travail de culture et d’humanisation.<br />
Alors, à côté de ça, il me semble que la place du théâtre peut être particulièrem<strong>en</strong>t<br />
féconde, dans ce temps là. Pour permettre de compr<strong>en</strong>dre quelque chose à ce qui se<br />
figure là, de ce passage <strong>en</strong>tre tout et on ne va pas dire « ri<strong>en</strong> ». Mais le fait est que dans<br />
notre nostalgie <strong>en</strong>fantine, nous avons tous aussi notre construction du temps de l’Ed<strong>en</strong>,<br />
merveilleuse <strong>en</strong>fance, où tout était permis. Et qu’à partir de là, nous sommes des<br />
<strong>en</strong>deuillés de la vie. Nous sommes tous des rescapés de quelque chose. Nous avons tous<br />
perdu, laissé derrière nous quelque chose qui nous constituait. Si beau, si sincère, si<br />
naïf, si innoc<strong>en</strong>t, si extraordinaire. C’est <strong>en</strong>core du pipeau tout ça. Parce que ça ne ti<strong>en</strong>t<br />
absolum<strong>en</strong>t pas compte de ce que nous avons gagné sur ce chemin là de la vie. Alors,<br />
quelque chose qui concerne le langage, mais qui de fait nous a fait perdre quelque chose<br />
qui est <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’archaïsme même de nos premières relations. C’est à dire qu’un tout<br />
petit <strong>en</strong>fant ne p<strong>en</strong>se pas avec des mots. Ça p<strong>en</strong>se avec des s<strong>en</strong>s et des images. C’est<br />
pour cela que l’on retrouve, de manière très féconde, tout un théâtre à l’adresse du tout<br />
jeune public, où ne sont mises <strong>en</strong> avant que ces questions de s<strong>en</strong>sorialité. En gros, « ils<br />
ne pig<strong>en</strong>t pas grand chose, il n’est pas <strong>en</strong>core vraim<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t cérébré, donc à partir<br />
de là, on va lui proposer des lumières, des matières, des contines etc… ». L’<strong>en</strong>fant est<br />
tel que Dolto l’évoquait, c’est à dire des kilos de chair. Il lui faut de la matérialité dans le<br />
spectacle, la proposition. Le texte ne sera pas des plus importants. On va se la jouer<br />
comme ça, charnels, physiques, lalalalère, une petite lumière clignotante, un peu de bulles<br />
et puis etc… Les <strong>en</strong>fants sont fascinés. Ebahis. Emerveillés. Et nous, à les voir, la<br />
même chose. Fascinés. Ebahis. Emerveillés. Cons ! Complètem<strong>en</strong>t. Nous, à les voir. En<br />
gros, qu’est-ce qu’ils font, eux ? Ils jouiss<strong>en</strong>t de la réalité de ce mom<strong>en</strong>t. Génial. On est<br />
tous très heureux au mom<strong>en</strong>t de jouissance. Un petit peu après aussi. Et puis, après, on<br />
se retrouve dans cette question du manque. Donc la confrontation avec ce théâtre là, elle<br />
ouvre assurém<strong>en</strong>t à la question du manque. Ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t axé sur un mom<strong>en</strong>t de<br />
jouissance, et puis plus ri<strong>en</strong>. Donc on <strong>en</strong> redemande, on <strong>en</strong> voudrait <strong>en</strong>core comme ça<br />
tous les jours.<br />
Et puis, il y a peut-être d’autres théâtres, qui sont eux, plus exigeants, qui imagin<strong>en</strong>t que<br />
les <strong>en</strong>fants p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t, quand même, un peu. Des fois. Dans ce mouvem<strong>en</strong>t là de p<strong>en</strong>sée,<br />
peut-être peut-on leur proposer autre chose que de la matière. Peut-être qu’on peut leur<br />
proposer autre chose,<br />
Et puis, il y a peut-être d’autres théâtres,<br />
qui sont eux, plus exigeants,<br />
qui imagin<strong>en</strong>t que les <strong>en</strong>fants p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t,<br />
quand même, un peu. Des fois. Dans ce<br />
mouvem<strong>en</strong>t là de p<strong>en</strong>sée, peut-être<br />
peut-on leur proposer autre chose que de<br />
la matière. Peut-être qu’on peut leur<br />
proposer autre chose, qui peut leur<br />
permettre de p<strong>en</strong>ser,<br />
de se questionner, de s’interroger.<br />
qui peut leur permettre<br />
de p<strong>en</strong>ser, de se questionner,<br />
de s’interroger.<br />
De ne pas savoir exactem<strong>en</strong>t<br />
dans quel grand<br />
champ ça doit être mis.<br />
Est-ce que c’est à droite<br />
ou à gauche ? Est-ce<br />
que c’est dans le blanc<br />
ou dans le noir ? Est-ce<br />
que ça fait rire, ou estce<br />
que ça fait pleurer.<br />
Est-ce que ça fait du<br />
bi<strong>en</strong>, ou est-ce que ça<br />
fait du mal. Mais ça, ce<br />
n’est pas tout de suite<br />
qu’il faut le faire. Parce<br />
que ça ne fonctionne<br />
pas tout de suite. On<br />
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