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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

pipeau de la part d’<strong>en</strong>fance d’où l’auteur écrirait. Il serait intéressant que ceux qui le<br />

dis<strong>en</strong>t soi<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts. Je ne suis pas sûr que ceux qui le dis<strong>en</strong>t soi<strong>en</strong>t là, prés<strong>en</strong>ts,<br />

<strong>en</strong>core qu’il faudra scruter. En tout cas, ceux qui le dis<strong>en</strong>t ont de bonnes raisons de le<br />

dire, mais peut-être que c’est pour les raisons du deuil de cette part d’<strong>en</strong>fance qu’ils le<br />

dis<strong>en</strong>t et que finalem<strong>en</strong>t, c’est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t la même chose. Donc c’est de là qu’ils<br />

parl<strong>en</strong>t. Je p<strong>en</strong>se notamm<strong>en</strong>t à Joël Jouanneau qui le dit d’une manière très forte. On sait<br />

aussi qu’il y a des coquetteries dans cette question là parce qu’elle est ess<strong>en</strong>tielle, voire<br />

exist<strong>en</strong>tielle, elle se cache derrière un certain nombre d’écrans, de garde-fous, de parapets.<br />

Je crois qu’il y a aussi ça. J’avais <strong>en</strong>vie de rev<strong>en</strong>ir sur quelque chose.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, Claude Morand n’est pas là, elle ne pourrait pas vous répondre, mais<br />

je sais qu’elle aurait eu très <strong>en</strong>vie de vous répondre parce qu’elle était très militante, très<br />

polémique et très polémiste. Mais quand même sur la question de la métaphysique,<br />

vous dites c’est pipeau l’auteur qui écrit des textes métaphysiques pour bébés parce que<br />

naturellem<strong>en</strong>t les bébés n’ont pas accès à la métaphysique. Et <strong>en</strong> même temps, vous<br />

dites que c’est parce que les <strong>en</strong>fants p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t, que vous dites qu’il ne faut pas leur proposer<br />

un niveau de langage qui serait celui d’avant l’état de la p<strong>en</strong>sée. Ce qui sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>drait<br />

que le bébé n’a pas accès à la p<strong>en</strong>sée et qu’il ne p<strong>en</strong>se pas dès sa naissance.<br />

J’aimerais que vous rev<strong>en</strong>iez sur cette question là parce qu’<strong>en</strong> même temps, on sait très<br />

bi<strong>en</strong> que l’art c’est aussi une action qui fait p<strong>en</strong>ser. Alain le dit très bi<strong>en</strong> dans ses textes.<br />

On est <strong>en</strong> même temps dans l’ordre de la transmission. Donc j’aimerais que vous rev<strong>en</strong>iez<br />

là-dessus. De la même manière que quand vous dites que les <strong>en</strong>fants ne sont pas<br />

racistes, ils le sont, ça r<strong>en</strong>voie <strong>en</strong> même temps le racisme à des référ<strong>en</strong>ces culturelles, et<br />

<strong>en</strong> même temps, les référ<strong>en</strong>ces culturelles du racisme qui sont purem<strong>en</strong>t idéologiques,<br />

est-ce qu’elles sont déjà ancrées dans l’<strong>en</strong>fance à ce point ?<br />

Patrick B<strong>en</strong> Soussan<br />

Non, pas le cadre de la référ<strong>en</strong>ce culturelle. Mais ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le cadre de la pulsion<br />

première.<br />

Dominique Bérody<br />

C’est le rapport à l’autre ?<br />

Patrick B<strong>en</strong> Soussan<br />

Voilà. Le modèle freudi<strong>en</strong> c’est : au tout début de la vie, dans les premiers mois de vie,<br />

l’autre n’a pas grand intérêt à exister, puisque le monde doit être ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t décliné<br />

autour de moi. Je suis le monde. A partir du mom<strong>en</strong>t où je peux p<strong>en</strong>ser qu’il y a un autre,<br />

c’est l’histoire du Petit Prince et de la rose, tant qu’il avait dans l’idée qu’il n’y avait<br />

qu’une seule rose dans sa planète, c’était merveilleux, et un puis un jour, il passe, il voit<br />

un champ de roses. Il se dit : « Basta, c’est pas possible la vie ! Donc il y a d’autres<br />

<strong>en</strong>fants qui ont aussi des mères ? ça va pas ». Donc il se la joue dans un modèle où tout<br />

à coup, il se s<strong>en</strong>t abandonné, il n’a plus ce statut d’exclusivité ou d’exemplarité. Pour<br />

l’<strong>en</strong>fant, c’est comme ça.<br />

Freud disait qu’il y avait un li<strong>en</strong> d’articulation sémantique <strong>en</strong>tre « autre », « <strong>en</strong>nemi », et<br />

« étranger », que ces trois mots là voulai<strong>en</strong>t dire la même chose. Et que c’est comme ça<br />

que ça témoigne de nos pulsions à l’égard de tout ce qui fait l’altérité. Aujourd’hui, regardez<br />

la xénophobie.<br />

Je veux dire qu’il y a un mom<strong>en</strong>t dans la vie de l’<strong>en</strong>fant, où on ne peut pas supporter cette<br />

idée là, qu’un autre existe. Et que c’est vraim<strong>en</strong>t tout un travail pour pouvoir arriver à<br />

p<strong>en</strong>ser l’exist<strong>en</strong>ce de l’autre, et sa place à mon côté. Regardez les petits <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> crèche<br />

par exemple, il y <strong>en</strong> a un qui joue avec une petite voiture, et il y <strong>en</strong> a un autre qui<br />

vi<strong>en</strong>t lui pr<strong>en</strong>dre la voiture. Et bi<strong>en</strong>, pour un <strong>en</strong>fant à ce mom<strong>en</strong>t là, celui qui vi<strong>en</strong>t lui<br />

piquer la voiture, il lui pique la voiture, il lui a pris la main, le bras, il lui a pris une partie<br />

de lui. Vous avez la puéricultrice qui va le voir et qui lui dit : « Mais c’est ri<strong>en</strong>, tu sais,<br />

il faut prêter les machins, et tout », mais l’autre ce qu’il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d c’est : « Mais laisse-toi<br />

dévorer, fais-toi pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> morceaux, admet le morcellem<strong>en</strong>t ». C’est impossible pour<br />

un <strong>en</strong>fant à ce mom<strong>en</strong>t là. Donc il se rue sur celui qui est <strong>en</strong> face, et l’histoire classique,<br />

c’est : il le bouffe. C’est comme ça que ça se passe. Tu m’as arraché un bout de moi, et<br />

bi<strong>en</strong>, je fonce, je m’agrippe à toi et j’essaie de ret<strong>en</strong>ir quelque chose de ce que tu m’as<br />

piqué. Parce que je ne peux pas me représ<strong>en</strong>ter comme ayant perdu une partie de moi.<br />

Donc, c’est <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s là que je parle du racisme. Je ne parle pas de la construction culturelle.<br />

Cela nous concerne nous. C’est l’aspect <strong>en</strong> négatif, pour parler comme Hannah<br />

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