Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
Ils ont passé aux autres <strong>en</strong>fants et aux adultes, et ont embarqué les autres adultes dans<br />
l’histoire. A partir de la musique, on a invité Abbi Patrix, dont on parlait ce matin, qui est<br />
conteur. A partir de là, on a réinvité une compositrice, Valérie Jolie. Elle fait tout un travail<br />
de collectage de berceuses et de chants des femmes dans le quartier. Puis un auteur, et<br />
Nathalie Papin qui vi<strong>en</strong>t croiser cette histoire là, et puis Thierry Bédard, metteur <strong>en</strong> scène,<br />
qui vi<strong>en</strong>t aussi croiser cette histoire sur les questions de l’étranger, de la place de l’autre.<br />
Petit à petit, les artistes eux-mêmes se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t, crois<strong>en</strong>t des choses. Des artistes qui<br />
ne se connaissai<strong>en</strong>t pas, peuv<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cer à travailler <strong>en</strong>tre eux, à imaginer des formes,<br />
et à embarquer les <strong>en</strong>fants dans l’histoire. Toutes les questions se crois<strong>en</strong>t et se tricot<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>semble. On travaille beaucoup <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec le Conservatoire de Nantes, sur la<br />
question de la transmission, et <strong>en</strong> particulier des musiques traditionnelles qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
requestionner nos manières d’<strong>en</strong>seigner la musique. La question du conte et de l’oralité<br />
vi<strong>en</strong>t questionner la problématique de l’écriture. Voilà comm<strong>en</strong>t petit à petit les choses<br />
s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t et vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t interroger nos manières de travailler. Il y a des mom<strong>en</strong>ts de<br />
laboratoire, des mom<strong>en</strong>ts d’ateliers, des mom<strong>en</strong>ts de programmation de spectacles, de<br />
concerts, de petits mom<strong>en</strong>ts qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’inscrire dans le quotidi<strong>en</strong> et dans la vie du<br />
quartier, et là, vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants, les adultes <strong>en</strong>semble. Tout le monde <strong>en</strong>semble.<br />
Effectivem<strong>en</strong>t, du coup, ça rebrasse les manières de travailler et cela questionne aussi<br />
les artistes sur les langages et sur les formes. Du coup, à partir des laboratoires qui se<br />
pass<strong>en</strong>t dans ces <strong>en</strong>droits là, il y a des formes artistiques qui naiss<strong>en</strong>t, qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
mélanger des choses. Par exemple, à partir des berceuses et des chants collectés, on va<br />
avoir un travail qui va être une sorte de forme opératique, qui va naître de là. Dans un<br />
autre quartier, on a m<strong>en</strong>é un travail autour du son, de l’électroacoustique, des sons qui<br />
nous <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t. Comm<strong>en</strong>t on écrit, avec la musique ? Avec les ordinateurs, la voix, les<br />
instrum<strong>en</strong>ts etc. De là, on a donc invité un compositeur qui vi<strong>en</strong>t travailler avec un<br />
vidéaste. On est sur des formes qui vont mêler l’image et le son. On est sur des choses<br />
qui sont des sortes d’installations, d’installations-concerts, où le public se trouve au c<strong>en</strong>tre.<br />
Les artistes se trouv<strong>en</strong>t du coup questionnés, brassés par les contextes dans lesquels<br />
ils se trouv<strong>en</strong>t inscrits. C’est à dire, plutôt que de faire une commande, de<br />
v<strong>en</strong>ir créer pour, c’est « V<strong>en</strong>ez-donc ici, soyez là, s<strong>en</strong>tez des choses, voyez<br />
ce qui se passe », et comm<strong>en</strong>t ça questionne autrem<strong>en</strong>t. Par exemple, ça<br />
peut être à partir de plein de choses. Il n’y a pas une recette ou une<br />
manière de faire. Mais ouvrir la porte à plein de manières de faire possibles.<br />
Je crois que notre métier, c’est de r<strong>en</strong>dre les choses possibles et de<br />
les ouvrir au maximum. De faire que des choses nouvelles, imprévues,<br />
différ<strong>en</strong>tes puiss<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>ir, puiss<strong>en</strong>t arriver. Là, on a des formes artistiques qui sont<br />
nourries par la prés<strong>en</strong>ce des <strong>en</strong>fants, où là les <strong>en</strong>fants jou<strong>en</strong>t comme des aiguillons,<br />
comme des questionneurs, comm<strong>en</strong>t ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t agiter, pour emm<strong>en</strong>er les artistes ailleurs<br />
et dans des <strong>en</strong>droits qu’ils n’avai<strong>en</strong>t pas imaginé eux non plus.<br />
Quand j’ai commandé quelque chose à Jean-Christophe Felandler, qui est compositeur et<br />
percussionniste, j’avais <strong>en</strong>vie qu’il écrive une chose pour la toute petite <strong>en</strong>fance. Je ne sais<br />
pas pourquoi j’avais <strong>en</strong>vie de ça. J’avais <strong>en</strong>vie d’une écriture musicale pour la petite<br />
<strong>en</strong>fance, quelque chose d’écrit. Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé à lui. J’ai peutêtre<br />
s<strong>en</strong>ti cette possible conniv<strong>en</strong>ce dans son écriture. Si, je lui ai demandé parce qu’il<br />
écrit très bi<strong>en</strong> pour les percussions, la voix et qu’il y a cette espèce de chose là, que je s<strong>en</strong>tais<br />
possible avec la petite <strong>en</strong>fance. Il m’a dit : « Je ne sais pas faire ça ». Je lui ai dit :<br />
Surtout, ne t’inquiète pas ». On a discuté. On a parlé de miniature, de petites choses,<br />
fines. Il a comm<strong>en</strong>cé par écrire un petit morceau, deux minutes d’une chose. Et puis, il est<br />
allé faire cette lecture avec une chanteuse, puisque c’est un travail pour voix et percussion,<br />
devant un public de bébés. Là, il était absolum<strong>en</strong>t terrorisé. Il disait : « Ce n’est pas<br />
possible, je ne peux pas ». Et puis, il a fait cette lecture de 2 minutes au pupitre. Et à partir<br />
de là et de cette r<strong>en</strong>contre, et ce que lui, a reçu <strong>en</strong> retour, il a continué à travailler. Ça<br />
s’est construit dans une confrontation, grâce à des choses qui l’ont nourri, lui. Les choses<br />
avanc<strong>en</strong>t comme ça. On est là dans une forme qui est une petite miniature de son écriture<br />
à lui. Ce qui est important, c’est que l’artiste soit dans son écriture, que ce travail ait<br />
du s<strong>en</strong>s dans son travail d’artiste à lui, dans son parcours à un mom<strong>en</strong>t donné. Dans ce<br />
parcours, il va r<strong>en</strong>contrer ce public là, et ça a du s<strong>en</strong>s dans l’<strong>en</strong>semble de son parcours.<br />
C’est un exemple parmi plein d’autres. Je n’avais surtout pas <strong>en</strong>vie qu’il fasse « pour ». Et<br />
la commande n’est jamais de « faire pour ». Mais de dire : « Ti<strong>en</strong>s, voilà, vi<strong>en</strong>s là et à partir<br />
de là…et ça fonctionne ou pas, et vois comm<strong>en</strong>t ça va s’activer ».<br />
Je peux parler <strong>en</strong>core ! Un autre petit exemple parce que c’est très marrant, une chose qui<br />
Notre métier,<br />
c’est de r<strong>en</strong>dre les<br />
choses possibles.<br />
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