Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />
pleine période de la création collective, de l’improvisation. Pour des raisons politiques,<br />
avec 68, (comme quoi, 68 a toujours une grande pertin<strong>en</strong>ce…), il s’agissait de revisiter,<br />
de dépoussiérer, de remettre l’acteur au c<strong>en</strong>tre, puisque l’acteur à ce mom<strong>en</strong>t du théâtre,<br />
était toujours un peu le jouet du metteur <strong>en</strong> scène.<br />
On était avant dans une conception du théâtre déclamatoire, par conséqu<strong>en</strong>t, il fallait<br />
remettre l’acteur au c<strong>en</strong>tre. Ça a été une grande période, avec le Théâtre du Soleil, et tous<br />
les mouvem<strong>en</strong>ts issus de Grotowski, avec Bob Wilson, avec le Living Theater, avec le<br />
Bread and<br />
Il fallait remettre l’acteur au c<strong>en</strong>tre. Puppet, c’est<br />
à dire un<br />
théâtre qui voulait repr<strong>en</strong>dre un peu la cité, ré-interv<strong>en</strong>ir dans la cité. Ce mouvem<strong>en</strong>t de<br />
création collective, parce qu’on p<strong>en</strong>sait que l’imagination devait être un peut plus au<br />
pouvoir, naturellem<strong>en</strong>t s’est positionné contre le texte, <strong>en</strong> rejet du texte, pour que le<br />
texte naisse des improvisations. On avait beaucoup de spectacles, il faut le reconnaître,<br />
qui étai<strong>en</strong>t des improvisations fixées, où la figure et la place de l’auteur étai<strong>en</strong>t marginalisées.<br />
P<strong>en</strong>dant toute une période, on a dit : il n’y a plus d’auteurs. Il a fallu att<strong>en</strong>dre<br />
Luci<strong>en</strong> Attoun avec le Gueuloir repr<strong>en</strong>ant « Le Gueuloir » de Flaubert, pour que à Théâtre<br />
Ouvert à Avignon, les auteurs, avec un manuscrit sous le bras puiss<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir et gueuler<br />
leur texte, pour le tester pour la première fois.<br />
Donc on voit bi<strong>en</strong> que la question du statut du texte, par rapport à cette histoire là, est<br />
extrêmem<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>te. Dans le domaine du théâtre jeune public, le théâtre pour <strong>en</strong>fants<br />
à l’époque, naturellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de répertoire, d’auteurs, d’éditions etc… proposait<br />
des adaptations. Des adaptations de contes. On puisait donc dans la littérature de<br />
substitution, pour essayer d’<strong>en</strong> faire une adaptation. Il faut bi<strong>en</strong> le dire, nous avions<br />
beaucoup plus d’adaptations aux ciseaux qu’aux stylos ! On gommait les descriptions,<br />
on gardait les dialogues, on improvisait autour, et on essayait de fixer un spectacle. Ce<br />
n’était pas sans charme, et att<strong>en</strong>tion, aujourd’hui, on continue de faire ce travail là, mais<br />
avec d’autres apports et d’autres réflexions, on le verra avec Christian Carrignon et<br />
Isabelle Hervouët. Mais je crois qu’<strong>en</strong> effet, on peut dire que dans un premier temps, on<br />
constate l’émerg<strong>en</strong>ce d’un théâtre qui se situe contre le texte, et dont le s<strong>en</strong>s du texte est<br />
abs<strong>en</strong>t.<br />
Les mouvem<strong>en</strong>ts décisifs qui ont provoqué l’apparition d’un répertoire ont été des mouvem<strong>en</strong>ts<br />
pionniers. J’ai là deux morceaux d’anthologie, ils ne sont pas numérotés mais<br />
ils mériterai<strong>en</strong>t. Ils ne sont pas sur papier Vélin, nous n’avions pas les moy<strong>en</strong>s. Mais<br />
quand même, je voudrais citer, et je suis très heureux que Philippe Dorin soit prés<strong>en</strong>t,<br />
« Villa Esseling Monde » de Philippe Dorin, 1988, dans la première version des éditions<br />
La Fontaine, et « Sido et Sacha » de Claude Morand, <strong>en</strong> 1988, qui avait été prés<strong>en</strong>té au<br />
festival off d’Avignon dans une mise <strong>en</strong> scène de Jean-Claude Cotillard. A la même<br />
période, il y avait égalem<strong>en</strong>t les Cahiers du Soleil Debout, du Théâtre des Jeunes Années,<br />
sur l’initiative de Maurice Y<strong>en</strong>dt et de Michel Dieuaide.<br />
Avec ces livres là, c’est vraim<strong>en</strong>t l’apparition du répertoire, avec deux auteurs qui sont<br />
marquants et qui ont marqué l’histoire. Je vais lire ce que disait Claude Morand, parce<br />
que ça pose bi<strong>en</strong> la question de l’apparition à la fois du social et de la fable. Ça me fait<br />
toujours très plaisir de la citer, mais malheureusem<strong>en</strong>t, Claude Morand nous a quittés.<br />
Claude, quand je parlais avec elle, quand elle v<strong>en</strong>ait, il y avait déjà quelques colloques<br />
ici ou là, elle disait : mais moi je suis un auteur pour <strong>en</strong>fants parce que j’écris des textes<br />
métaphysiques pour bébés ! Ce qui aurait fait plaisir à Patrick B<strong>en</strong> Soussan. Elle le rev<strong>en</strong>diquait<br />
comme tel. Ça veut donc dire qu’on peut-être des spécialistes universels ; Claude<br />
Morand, toute sa vie, à travers ses livres et ses albums, a rev<strong>en</strong>diqué cette spécialité du<br />
s<strong>en</strong>sible, cette spécialité métaphysique, philosophique. On voit bi<strong>en</strong> que l’on peut <strong>en</strong>trer<br />
dans la spécialité pour rejoindre l’universel. On abordera cette question du double mouvem<strong>en</strong>t<br />
de va et vi<strong>en</strong>t qui est <strong>en</strong>train de naître aujourd’hui et qui est tout à fait pertin<strong>en</strong>t.<br />
Citation de Claude Morand.<br />
« Claude Morand confie à propos de l’écriture de « Sido et Sacha » : J’ai tourné longtemps<br />
autour d’un sujet théâtral, le racisme. Ce n’est pas le fond, mais la forme qui me posait<br />
problème. Comm<strong>en</strong>t aborder ce thème pour me faire compr<strong>en</strong>dre d’une population d’<strong>en</strong>fants<br />
où se retrouvai<strong>en</strong>t les victimes, comme les bourreaux inconsci<strong>en</strong>ts, car directem<strong>en</strong>t<br />
victimes eux aussi de l‘intolérance de leur milieu social ou familial. Les <strong>en</strong>fants ne naiss<strong>en</strong>t<br />
pas racistes. C’est l’idée qui m’habitait et qui m’habite toujours. Donc, je voulais<br />
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