Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
je n’aurais pas imaginé qu’il puisse se déployer. Leur parole m’est chère. Elle m’est précieuse<br />
aussi. J’essaie, <strong>en</strong> bonne éponge, avec le travail du costumier, des comédi<strong>en</strong>s, de<br />
l’éclairagiste, d’être au carrefour de toutes ces paroles, de tous ces langages, et de l’organiser<br />
sur scène. Voilà la manière dont je conçois mon travail.<br />
Dominique Bérody<br />
Et sur le choix des textes, le choix des auteurs ? Vous avez monté Suzanne Lebeau,<br />
Christophe Honoré, Bettina Weg<strong>en</strong>ast, Susie Morg<strong>en</strong>stern, Gombrovicz. Dans des choix<br />
de répertoire, des choix de compagnie, y a t’il des choses qui se dis<strong>en</strong>t dans ces textes là<br />
qui ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tes choix ?<br />
Christian Duchange<br />
Oui. Je p<strong>en</strong>se, on va rev<strong>en</strong>ir sur l’iceberg. Vous allez dire que c’est obsessionnel. Mais<br />
pourquoi pas, les symboles nous aid<strong>en</strong>t après tout. Même s’il nous dépass<strong>en</strong>t. Je crois<br />
qu’on a trop fait, <strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> s’adressant aux <strong>en</strong>fants, de morale bipolaire. On a trop<br />
voulu t<strong>en</strong>ter de séparer à tout jamais les bons des méchants. Je p<strong>en</strong>se que les fables qu’il<br />
faudrait pouvoir raconter aujourd’hui, elles devrai<strong>en</strong>t nous aider, les <strong>en</strong>fants et nous, à<br />
mieux pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge, à mieux reconnaître, à mieux vivre avec nos parts d’ombres,<br />
nos pulsions, nos monstruosités. Je p<strong>en</strong>se qu’on n’est pas assez <strong>en</strong> prise avec cette partie<br />
de nous-mêmes et, pas systématiquem<strong>en</strong>t dans tous les titres que tu vi<strong>en</strong>s de citer,<br />
mais dans beaucoup, je m’aperçois que mon obsession, <strong>en</strong> fait, c’est d’essayer de trouver<br />
dans ces textes comm<strong>en</strong>t, un même individu est <strong>en</strong> prise avec sa partie cachée et sa<br />
partie visible, et comm<strong>en</strong>t il les r<strong>en</strong>d vivables. Parce que le caché peut être très intéressant<br />
comme moteur !<br />
Il ne s’agit pas non plus de n’avoir qu’un discours négatif, ou qu’un discours de secret ou<br />
de jugem<strong>en</strong>t péjoratif sur cette partie cachée. Elle est active. Il y a des mom<strong>en</strong>ts où elle<br />
se révèle. Ce sont des mom<strong>en</strong>ts explosifs qui se révèl<strong>en</strong>t être des étapes utiles. Il y a des<br />
mom<strong>en</strong>ts où elle se révèle dans un cadre social où elle ferait mieux d’être tue, ou cont<strong>en</strong>ue,<br />
<strong>en</strong> tout cas ! C’est ce jeu perman<strong>en</strong>t du dedans et du dehors pour un même individu,<br />
dans une démarche de socialisation. Je crois qu’on est vraim<strong>en</strong>t dans des cadres.<br />
Les sociétés dans lesquelles ont vit, font un sort à nos désirs, et suivant l’histoire, les<br />
époques et les sociétés,<br />
Je s<strong>en</strong>s que c’est cette question de notre<br />
totalité de vie, de la façon dont nous<br />
sommes unifiés, et pleins de toutes ces<br />
questions là, que j’ai <strong>en</strong>vie de partager<br />
avec les <strong>en</strong>fants.<br />
le désir n’a pas le même<br />
accueil. Je s<strong>en</strong>s que<br />
c’est cette question de<br />
notre totalité de vie, de<br />
la façon dont nous sommes<br />
unifiés, et pleins de<br />
toutes ces questions là,<br />
que j’ai <strong>en</strong>vie de partager<br />
avec les <strong>en</strong>fants. Je<br />
trouve que l’on a beaucoup,<br />
dans les histoires, mis les méchants d’un côté, pour les regarder <strong>en</strong>semble, et faire<br />
« bouhhh, ils sont méchants». J’aime bi<strong>en</strong> que celui qui part disqualifié retrouve grâce à<br />
nos yeux, et celui qui part <strong>en</strong> héros se trouve pitoyable par mom<strong>en</strong>ts, parce que les choses<br />
sont rep<strong>en</strong>sées dans un autre regard.<br />
Sur la forme, parce que c’est aussi quelque chose qui m’intéresse, j’<strong>en</strong> parlais avec<br />
Philippe à midi, j’ai l’impression qu’on ne peut pas faire l’économie, et le jeune public<br />
s’<strong>en</strong> occupe aujourd’hui, et c’est tant mieux, de dire aux <strong>en</strong>fants que nous sommes au<br />
théâtre. Le théâtre est un art, une pratique qui est particulière, qui a à voir avec les hommes<br />
qui le font, et les moy<strong>en</strong>s techniques qui sont les leurs. Moi je m’amuse et je cherche<br />
à chaque fois, à avoir la tête dans les étoiles, c’est sûr, c’est pas mal, mais aussi à<br />
dire qu’on est ici et maint<strong>en</strong>ant sur une espèce de chose qui s’appelle la scène avec des<br />
moy<strong>en</strong>s très simples. Le cérémoniel, le rituel du théâtre, c’est intéressant de dire de quoi<br />
il est fait, et d’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte dans le temps de la représ<strong>en</strong>tation. C’est pour ça que je<br />
suis allé vers des textes écrits pour le théâtre, où vous avez tout de suite des g<strong>en</strong>s id<strong>en</strong>tifiés,<br />
qui parl<strong>en</strong>t à la première personne, qui sont des personnages, et on ouvre le rideau<br />
et leur histoire existe dans une espèce de 4 ème mur. Je p<strong>en</strong>se qu’il faut aider les <strong>en</strong>fants à<br />
retrouver le théâtre dans sa dim<strong>en</strong>sion de comm<strong>en</strong>t on le construit aujourd’hui, et que<br />
c’est quelque chose qui n’a pas à voir avec la construction cinématographique, ou télévisuelle.<br />
C’est vraim<strong>en</strong>t un espèce de rituel, comme ça, qu’ils connaiss<strong>en</strong>t, il est clair que<br />
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