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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’œuvre de Anne Teresa de Keersmaker par Philippe Guisgand<br />

« Fase », <strong>en</strong> 1982, des sauts accroupis dans « La Nuit Transfigurée » pass<strong>en</strong>t dans<br />

« Quartett », se retrouv<strong>en</strong>t dans « For », et dans « Small Rains ». Il y a des morceaux qui<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une autonomie, qui pass<strong>en</strong>t d’une pièce à l’autre. C’est le cas de « La Grande<br />

Fugue ». Elle est au départ créée toute seule, est et apparti<strong>en</strong>t au spectacle « ERTS », elle<br />

apparaît <strong>en</strong>suite dans « Kinok », qui compr<strong>en</strong>d outre l’étude Kinok, un duo qui s’appelle<br />

« Rosa », qui va se retrouver dans le spectacle qui s’appelle « Kinok », qui va <strong>en</strong>suite<br />

passer dans un autre spectacle qui s’appelle « Amor Constante ».<br />

Donc, au bout d’un mom<strong>en</strong>t, évidemm<strong>en</strong>t, on finit par d’y perdre. Par exemple « La Nuit<br />

Transfigurée » va être complètem<strong>en</strong>t intégrée, décor compris, dans « Woud », sauf que<br />

<strong>en</strong>tre les arbres du décor, vi<strong>en</strong>t s’installer un cyclo dans lequel est projeté « Tippeke ».<br />

Donc on a une espèce de duo virtuel <strong>en</strong>tre Cyntia Lœmi qui est sur scène, et Anne Teresa<br />

qui est filmée par Thierry de Mey dans un duo à l’unisson.<br />

On pourrait comme ça, multiplier les référ<strong>en</strong>ces. Par exemple, le duo « Rosa », dont on<br />

parlait, avait été joué une fois, puis avait été filmé par Peter Gre<strong>en</strong>away, dans l’Opéra de<br />

G<strong>en</strong>t, avec un décor baroque assez prestigieux, et va être repris sur scène bi<strong>en</strong> des<br />

années plus tard.<br />

Il n’y a pas que le matériau dansé qui circule. C’est aussi le cas pour la musique : la Grande<br />

Fugue, le matériau avait déjà été utilisé dans « Medea Material », qui était une première<br />

t<strong>en</strong>tative de mise <strong>en</strong> scène du texte d’Heiner Muller. La Théorie des Cordes qui est<br />

quelque chose qui n’a a priori ri<strong>en</strong> à voir avec l’univers chorégraphique, qui est un traité<br />

de physique, qui va inspirer « In real time », et qui s’affiche aussi dans « Rain ». C’est à<br />

dire que la Théorie des Cordes, c’est presque mot pour mot le décor de « Rain », dans<br />

cette espèce de grand arc de cercle dont vous vo,yez un fragm<strong>en</strong>t sur la photo du plateau.<br />

« Small Hands » par exemple, qui est un duo de 2001 repr<strong>en</strong>d un poème de Cummings,<br />

qui avait été utilisé 7 ans auparavant dans « Amor Constante ». « Achterland » repr<strong>en</strong>d les<br />

Huit Etudes pour Piano de Ligeti, qui était déjà utilisé dans « Stella ». Berio, Webern, qui<br />

était utilisés dans « ERTS », sont repris dans « Ikeda », etc. Les images, les textes de<br />

« El<strong>en</strong>a’s aria » vont être conservés dans « Bartók ».<br />

Donc, cela concerne des élém<strong>en</strong>ts non dansés, mais aussi des élém<strong>en</strong>ts scénographiques.<br />

Notamm<strong>en</strong>t les décors et les costumes qui n’échapp<strong>en</strong>t pas à la règle. Par exemple,<br />

les costumes de « Ottone, Ottone », l’opéra de Monteverdi sont repris et exposés<br />

dans « Stella », la pièce qui suit. « Stella » emprunte l’<strong>en</strong>vers de son décor à « Bartók »,<br />

et va céder ses tables basses, qui font aussi partie du décor, à « Achterland ».<br />

« Achterland » va voir son plancher émigrer dans « ERTS », et <strong>en</strong>suite dans « Toccata »,<br />

avant de se décliner dans une espèce de grande ellipse qui p<strong>en</strong>ser au Château de<br />

Schönbrunn dans « Mozart/Concert aria’s », ellipse qu’on va retrouver dans le seul<br />

spectacle non frontal de la compagnie qui est « Small Hands ». C’est une gigantesque<br />

ellipse d’une vingtaine de mètres de long, autour desquelles trois rangée de spectateurs<br />

sont disposés.<br />

Voilà, là, normalem<strong>en</strong>t, à ce stade là, vous êtes complètem<strong>en</strong>t paumés ! Mais c’est<br />

normal, c’est fait exprès ! Et dans cette circulation sans fin des indices de la danse, des<br />

matériaux chorégraphiques, des costumes, de tout ça, évidemm<strong>en</strong>t, il y a un cas assez<br />

particulier, c’est la question des sièges.<br />

Dans « Fase », ce sont des tabourets. Ce sont des chaises dans « Rosas danst rosas »,<br />

des fauteuils dans « El<strong>en</strong>a’s aria ». On a l’impression que sans eux, aucune création de<br />

Keersmaeker ne peut s’ordonner. On les retrouve dans « Toccata », on les retrouve dans<br />

« Juste Before », dans « Quartett », dans « Ikeda », dans « In Real Time », « Rain » etc.<br />

Mais les sièges ne sont pas simplem<strong>en</strong>t l’occasion d’un travail sur la posture comme<br />

c’était le cas dans « Rosas danst rosas », ce sont aussi des îlots qui permett<strong>en</strong>t des poses<br />

physiques, qui sont utilisés au c<strong>en</strong>tre du dispositif scénique comme c’est le cas dans<br />

« Rain ». Ils ont aussi parfois un rôle fonctionnel. Un rôle intermitt<strong>en</strong>t de part<strong>en</strong>aires.<br />

C’est le cas dans « El<strong>en</strong>a’s aria », où le peu de danse qu’il y a, est véritablem<strong>en</strong>t un travail<br />

de liaison avec le dossier des chaises et des fauteuils. Il suggère aussi parfois l’abs<strong>en</strong>ce,<br />

le désir évidemm<strong>en</strong>t. Les chaises suggèr<strong>en</strong>t aussi, dans « Mikrokosmos » par<br />

exemple, que cette danse, à l’image de la musique qu’elle incarne, pourrait être aussi vue<br />

de n’importe où, de n’importe quel <strong>en</strong>droit sans être altérée. Une idée qui sera reprise<br />

dans « Small Hands », dont je vous parlais tout à l’heure. Ces jeux de piste pourrai<strong>en</strong>t<br />

contribuer à un rôle actif du spectateur. Ils valoris<strong>en</strong>t évidemm<strong>en</strong>t une fréqu<strong>en</strong>tation de<br />

l’œuvre dans la durée, <strong>en</strong> faisant presque du spectateur une sorte d’abonné perpétuel.<br />

Mais ils sont aussi révélateurs, et c’est peut-être plus important, d’une obstination de la<br />

chorégraphe à creuser toujours les mêmes sillons, et qui font de l’observateur, comme le<br />

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