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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />

Mais <strong>en</strong> fait, c’est mal fait. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d le ricochet derrière.<br />

En général, si vous écoutez bi<strong>en</strong> les sons surround, dans les films <strong>en</strong> 5.1, c’est très mal<br />

fait. C’est très anecdotique. Il y a une voiture qui part à droite, alors l’ingénieur du son a<br />

essayé de la faire partir à droite, donc elle part ici alors qu’elle devrait partir là-bas…<br />

C’est complètem<strong>en</strong>t anecdotique. Alors qu’on pourrait très bi<strong>en</strong> faire un vrai travail de<br />

volume. Mais ça oblige à faire des prises des sons… On pourra <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des travaux que<br />

j’ai faits avec des prises de sons multipistes, pour que vous voyez la différ<strong>en</strong>ce. Encore<br />

que là, on les écoute <strong>en</strong> stéréo. C’est sûr que ça aurait été bi<strong>en</strong> pour notre après-midi que<br />

j’installe 8 <strong>en</strong>ceintes et que vous voyez ce qui se passe. Ce qui se passe dans la vie. Dès<br />

qu’on sort, il se passe ce que je dis.<br />

[Il montre des photographies ou des séqu<strong>en</strong>ces de films.]<br />

Ça c’est un travail que j’ai fait sur le vide. J’ai eu <strong>en</strong>vie de travailler avec un groupe de<br />

Saint-D<strong>en</strong>is, sur la question du vide. On est allés voir des physici<strong>en</strong>s qui nous ont expliqué<br />

ce qu’est le vide dans l’espace. Evidemm<strong>en</strong>t, il n’y <strong>en</strong> a pas. Entre la terre et la lune,<br />

il y a ce qu’on appelle l’éther. D’ailleurs, il y a quand même<br />

une quantité de matière. Dans le monde du son, il n’y a<br />

jamais de vide. Le sil<strong>en</strong>ce n’existe pas, puisqu’il y a toujours<br />

des choses qui sont audibles. Mais on s’est quand même amusés à travailler sur la<br />

notion de sil<strong>en</strong>ce, avec ce physici<strong>en</strong>, un philosophe, des musici<strong>en</strong>s. Jusqu’à faire la chose<br />

la plus bête que j’ai jamais faite dans ma vie, c’est à dire aller <strong>en</strong>registrer la chambre<br />

sourde à l’IRCAM. Parce que ça, c’est bête. Il ne se passe ri<strong>en</strong>. Mettre des micros dedans.<br />

Fermer la porte. Etre impati<strong>en</strong>t d’écouter après. Et puis, ri<strong>en</strong> du tout. Quand on fait une<br />

recherche, il faut être cohér<strong>en</strong>t avec soi-même, et ne pas préjuger des résultats. Mais à<br />

ce point là, c’est fort !<br />

On a travaillé sur le vide, et le vide ce n’est pas seulem<strong>en</strong>t quand il ne se passe ri<strong>en</strong>. C’est<br />

aussi quand on est très haut, comme ces <strong>en</strong>fants au dessus de la balustrade <strong>en</strong> haut de<br />

la Basilique, et qui voi<strong>en</strong>t le vide <strong>en</strong>-dessous. C’est un vide qui n’est pas du tout sil<strong>en</strong>cieux.<br />

Il évoque quelque chose qui a à voir avec le vertige du sil<strong>en</strong>ce. C’est à dire, ce qui<br />

va se passer si on saute.<br />

Et puis, nous sommes allés sous le Stade de France. C’était à l’époque de sa construction.<br />

On a découvert une imm<strong>en</strong>se cuve, qui est le plus grand bassin de rét<strong>en</strong>tion<br />

d’Europe. Il est c<strong>en</strong>sé ret<strong>en</strong>ir les eaux de tout le départem<strong>en</strong>t de Seine Saint-D<strong>en</strong>is. Il y a<br />

des systèmes très sophistiqués dans nos villes, qui font que quand il pleut, on ne se pose<br />

même pas la question de savoir où va l’eau. Mais c’est <strong>en</strong> fait très élaboré. Il y a des petits<br />

caniveaux, des petites grilles et après, on ne veut pas le savoir. Mais <strong>en</strong> fait, il y a des milliards<br />

et des milliards de mètres cubes d’eau qui sont évacués. On le voit quand il y a des<br />

inondations. Par exemple, Marseille est <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te, donc on imagine que c’est plus facile,<br />

mais dans la banlieue parisi<strong>en</strong>ne, faire la collecte de ces eaux paraît invraisemblable. On<br />

se dit, où est-ce que ça part ? En fait, ça part dans ces trucs là. Il y a soit des bassins de<br />

rét<strong>en</strong>tion qui sont naturels qui sont des bassins faits pour recueillir l’eau, et qui la plupart<br />

du temps, parce que par ess<strong>en</strong>ce, ils sont faits pour att<strong>en</strong>dre la catastrophe, ou<br />

sinon il y a des espaces comme ça.<br />

Pour un musici<strong>en</strong>, ce sont des espaces formidables. Des <strong>en</strong>droits où on va, et on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

vraim<strong>en</strong>t plus ri<strong>en</strong>. Sauf que comme c’est un volume fermé, il a une fréqu<strong>en</strong>ce de résonance.<br />

Ça veut dire que dès qu’on bouge à l’intérieur, on fait <strong>en</strong>trer le bâtim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> résonance.<br />

On a fait tout un travail autour de ça, pour proposer à un public de desc<strong>en</strong>dre. On<br />

avait fait un travail de lumière qui permettait de localiser les <strong>en</strong>droits d’où on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait<br />

quoi. Evidemm<strong>en</strong>t, on avait id<strong>en</strong>tifié avec la lumière des points d’écoute spéciaux. On<br />

avait laissé les g<strong>en</strong>s, qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t s’allonger à passer du temps à écouter presque ri<strong>en</strong>.<br />

Ça me fait p<strong>en</strong>ser à une pièce de Luc Ferrari qui s’appelle « Presque ri<strong>en</strong> », dans laquelle<br />

il y a pas mal de choses… Je vous y r<strong>en</strong>voie. Mais là, il se passait <strong>en</strong>core moins de choses.<br />

La seule chose qui se passait c’est ce qu’on pouvait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre de ce que les g<strong>en</strong>s, le<br />

public produisait lui-même, <strong>en</strong> écoutant ce qui ne se passe pas.<br />

Quelque part, on est forcém<strong>en</strong>t porteur de sons. Et là c’est une expéri<strong>en</strong>ce sur l’écoute<br />

du volume et de l’espace. Soi-même étant l’excitateur du volume. Là, on n’est pas sur de<br />

la musique, mais sur une expéri<strong>en</strong>ce d’écoute.<br />

J’avais poussé le bouchon un peu loin, puisqu’on a fait tout ça avec le Musée<br />

d’Archéologie de Saint-D<strong>en</strong>is, qui est une ville archéologique, à cause, <strong>en</strong>tre autre des<br />

Sur la question du vide.<br />

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