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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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“Déroutes” de Mathilde Monnier par Gérard May<strong>en</strong><br />

la travers<strong>en</strong>t, qu’elle pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge, qu’elle transforme, et qui ne sont jamais arrêtées.<br />

Le comm<strong>en</strong>taire, notamm<strong>en</strong>t le comm<strong>en</strong>taire critique, comme le mi<strong>en</strong>, ou le comm<strong>en</strong>taire<br />

des interprètes qui <strong>en</strong> ont leur propre récit, leur propre expéri<strong>en</strong>ce, tout ça fait<br />

partie de formes diverses. Tout ça est très important. Ça vous concerne au premier plan.<br />

C’est à dire que vous ne devez absolum<strong>en</strong>t pas avoir peur, devant un spectacle, de vos<br />

propres manières de le ress<strong>en</strong>tir, de le traverser, de le voir. Il y a des manières paresseuses,<br />

peu intellig<strong>en</strong>tes, qui consist<strong>en</strong>t à dire : « Je n’aime pas », ou « Ce n’est pas ce que<br />

j’avais imaginé » ou : « ça ne correspond pas à l’idée que je me fais de ce que doit être<br />

un beau mouvem<strong>en</strong>t ». Bon d’accord. C’est assez paresseux, parce qu’une fois qu’on l’a<br />

posé, ça n’amène pas grand chose. En revanche, dès qu’on sort de cette catégorie là, des<br />

points de vue paresseux, on peut dire que tous les points de vue construis<strong>en</strong>t,<br />

nourriss<strong>en</strong>t, dans la mesure où ils se mett<strong>en</strong>t au travail, où ils se pos<strong>en</strong>t un certain<br />

nombre de questions.<br />

Aujourd’hui on a la chance de les partager avec vous et avec Herman Diephuis. Tous les points<br />

de vue sont valides. Je vais même jusqu’à dire que c’est dans le regard même que, peut-être,<br />

se fait une part de la composition. Ça serait à débattre. Peut-être<br />

que je tords le bâton un peu trop. Je vais un peu loin ! Je me laisse<br />

emporter par mes propres conceptions. En tout cas, c’est dans<br />

nos propres regards que se form<strong>en</strong>t des niveaux ess<strong>en</strong>tiels de la<br />

pièce. C’est par là où elle existe. Elle ne serait pas là sans notre<br />

regard, elle ne serait pas là sans ce que nous projetons, ce que<br />

nous <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sons, ce que nous ress<strong>en</strong>tons, ce à quoi ça nous fait<br />

p<strong>en</strong>ser, les discussions que ça nous amène, les curiosités que ça<br />

suscite, les contradictions, ce à quoi nous adhérons, ce que nous<br />

acceptons, ce que nous rejetons, etc. La pièce n’existerait pas, s’il<br />

n’y avait pas, y compris, ce mom<strong>en</strong>t de son développem<strong>en</strong>t. C’est<br />

vraim<strong>en</strong>t une clé. C’est une bonne nouvelle. Vous n’êtes pas<br />

auteurs, vous n’êtes pas chorégraphes, <strong>en</strong>fin, j’imagine, pour la<br />

En tout cas,<br />

c’est dans nos<br />

propres regards<br />

que se form<strong>en</strong>t<br />

des niveaux ess<strong>en</strong>tiels<br />

de la pièce.<br />

plupart d’<strong>en</strong>tre vous, <strong>en</strong> revanche vous êtes vraim<strong>en</strong>t co-réalisateurs de ce qu’une pièce<br />

produit. Nous le sommes tous. Nous réalisons. Nous permettons qu’elle arrive à la réalité,<br />

qu’elle s’y confronte, qu’elle soit là, prés<strong>en</strong>te, avec nous, vivante. Et c’est forcém<strong>en</strong>t avec nous.<br />

Pour que je ne parle pas totalem<strong>en</strong>t dans le vide, j’ai p<strong>en</strong>sé vous montrer des extraits de cette<br />

pièce, pour vous la mettre sous la d<strong>en</strong>t. Il s’agit donc de la pièce « Déroutes ». Je me permets<br />

de vous dire que le titre inspire d’emblée quelque chose d’assez déroutant, où le s<strong>en</strong>s ne serait<br />

pas évid<strong>en</strong>t. C’est une idée qu’on peut garder <strong>en</strong> tête. C’est une pièce créée <strong>en</strong> 2002 au Théâtre<br />

de G<strong>en</strong>nevilliers <strong>en</strong> banlieue parisi<strong>en</strong>ne, mais <strong>en</strong> programmation du Théâtre de la Ville à Paris.<br />

Je l’ai travaillée. Je ne suis pas universitaire au niveau de Philippe Guisgand, qui est Maître de<br />

confér<strong>en</strong>ce, chercheur… Moi j’étais modestem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> DEA. Néanmoins, ça a donné cet<br />

ouvrage qui est une analyse d’œuvre, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t consacré à l’analyse de cette pièce. Ouvrage<br />

qui s’intitule « De marche <strong>en</strong> danse », sur la pièce « Déroutes » de Mathilde Monnier.<br />

Je ne vais pas prés<strong>en</strong>ter toute l’œuvre de Mathilde Monnier. Je dirais que c’est une chorégraphe<br />

qui dirige depuis 13 ans maint<strong>en</strong>ant le C<strong>en</strong>tre Chorégraphique de Montpellier, <strong>en</strong><br />

Languedoc Roussillon. Ça serait un peu comme le Pavillon Noir d’Angelin Preljocaj à Aix <strong>en</strong><br />

Prov<strong>en</strong>ce. Ça va nous permettre de nous r<strong>en</strong>dre compte qu’il n’y pas deux directeurs de<br />

C<strong>en</strong>tres Chorégraphiques qui se ressembl<strong>en</strong>t, et que peut-être certaines conceptions sur ce<br />

qu’on fait de la danse ou ce qu’on fait d’un c<strong>en</strong>tre chorégraphique à Aix sont radicalem<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>tes de ce que peut inv<strong>en</strong>ter Mathilde Monnier à Montpellier. On va regarder quelques<br />

extraits.<br />

C’est une pièce longue. Une heure quarante cinq <strong>en</strong>viron. C’est une pièce d’une durée exceptionnelle.<br />

Il y a une t<strong>en</strong>dance au formatage. Des pièces de groupe font une heure ou un petit<br />

peu plus. Ces 1h45 ne veul<strong>en</strong>t pas ri<strong>en</strong> dire quant au propos de la pièce. La question du temps<br />

est une question ess<strong>en</strong>tielle <strong>en</strong> terme d’écriture chorégraphique. Ce choix de durée est peutêtre<br />

un des élém<strong>en</strong>ts de composition. On va essayer de repérer des élém<strong>en</strong>ts de composition,<br />

les saisir, les faire sortir. Ça va être notre jeu cet après-midi. Donc peut-être que cette durée<br />

veut dire quelque chose. On va regarder.<br />

[Il montre plusieurs extraits de « Déroutes » de Mathilde Monnier, à différ<strong>en</strong>ts mom<strong>en</strong>ts de la<br />

pièce.]<br />

Ne vous étonnez pas de l’obscurité, ce n’est pas un défaut de la prise de vue. C’est une<br />

caractéristique de la pièce à ce mom<strong>en</strong>t là. On va accélérer pour sortir de l’obscurité. On<br />

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