Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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Ecriture et notation musicales : L’écriture et l’espace par Nicolas Frize<br />
naturel qui se passe dans ces dispositifs qui font que la musique n’<strong>en</strong> est pas moins,<br />
comm<strong>en</strong>t dire, elle n’a pas changé à son exig<strong>en</strong>ce de complexité, d’écriture etc… elle<br />
s’est simplem<strong>en</strong>t occupée de savoir comm<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t assis, où ils étai<strong>en</strong>t assis,<br />
comm<strong>en</strong>t ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t et quelle participation active ils pouvai<strong>en</strong>t avoir.<br />
On n’est pas allés plus loin que ça. Après ça, ceux qui sav<strong>en</strong>t écouter dans le détail, la<br />
plupart du temps, ils ferm<strong>en</strong>t les yeux, parce qu’effectivem<strong>en</strong>t, ils se dis<strong>en</strong>t qu’ils aimerai<strong>en</strong>t<br />
mieux ne pas trop <strong>en</strong> voir. J’ai des photographes qui suiv<strong>en</strong>t mes concerts, et souv<strong>en</strong>t<br />
on voit les g<strong>en</strong>s fermer les yeux. Il y a aussi ceux qui ont les yeux grands ouverts et<br />
qui après, me racont<strong>en</strong>t la musique. Donc je p<strong>en</strong>se que tout est important. Le CD a aussi<br />
cet intérêt qu’on peut écouter les choses chez soi, et que justem<strong>en</strong>t, on est dans une<br />
situation acousmatique, c’est à dire une situation aveugle, et que c’est là qu’on peut<br />
effectivem<strong>en</strong>t écouter les choses sans les voir. Mais ça peut être aussi intéressant de vivre<br />
à plusieurs sans se voir. C’est ce que font les concerts de musique contemporaine dans<br />
les auditoriums. Mais je p<strong>en</strong>se que ça peut être intéressant de se savoir <strong>en</strong>train d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
<strong>en</strong>semble. Je p<strong>en</strong>se qu’il n’y a pas de règles. Je suis là pour parler de l’espace, je ne<br />
vais pas vous parler des auditoriums. Mais je n’exclus ri<strong>en</strong>. La plupart des g<strong>en</strong>s qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
à mes concerts me demand<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t pour l’écouter <strong>en</strong> dehors<br />
du contexte. Je ne leur donne pas, mais c’est légitime. Ils ont bi<strong>en</strong> raison.<br />
[P<strong>en</strong>dant qu’il parle, il désigne des photographies, ou des séqu<strong>en</strong>ces d’un film]<br />
Là on va <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la pièce qui s’intitule « Du Plus Profond », qui est la pièce qui a été<br />
donnée à La Havane et dans les villes de Seine Saint-D<strong>en</strong>is.<br />
C’est le final où tous les choristes sont <strong>en</strong> cercle sur la place. C’est une sorte de mom<strong>en</strong>t<br />
festif. Ça, c’est la pièce pour 16 chanteurs. Là, on est dans un dispositif, dans une des villes.<br />
On est dans l’ église à La Havane. Les chanteurs sont à droite et à gauche du public.<br />
Les chanteurs et les instrum<strong>en</strong>tistes sont déployés dans l’espace. Là c’est un chœur<br />
d’<strong>en</strong>fants. C’est plus traditionnel là, comme lieu. Ça, se sont des percussions qu’on<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d à l’étage. Voilà, ça donne un peu l’idée des différ<strong>en</strong>ts volumes dans lesquels on<br />
a joué, <strong>en</strong> vertical, <strong>en</strong> cercle.<br />
C’est une pièce qui était jouée dans plusieurs espaces simultanés. Ce qui permet de<br />
démultiplier le public, un peu comme on l’avait fait à Signe. A La Havane, il y avait le<br />
grand chœur dans le cloître, les 16 chanteurs, plus la clarinette, et la clarinette basse<br />
dans l’église, les <strong>en</strong>fants, le violoncelle et le basson dans le Parlem<strong>en</strong>t, une guitare électrique<br />
sur un bateau, une pièce électro-acoustique qui allait à l’embarcadère, des percussions<br />
dans la Bourse du commerce, et le duo <strong>en</strong>tre le vieil homme et l’<strong>en</strong>fant dans une<br />
maison.<br />
Il y avait du public partout. Toutes les pièces ont la même durée, et tout le monde bouge<br />
<strong>en</strong> même temps. Ce qui permet de jouer 6 pièces simultanées avec 300 personnes, c’est<br />
à dire 1800 personnes <strong>en</strong> même temps. Sans avoir besoin d’un espace de 1800 places. Ce<br />
sont des choses que j’ai reproduites à plusieurs reprises. Des systèmes de multi-espaces.<br />
C’est comme si on vous proposait de changer de pièce, de changer de salle pour chaque<br />
mouvem<strong>en</strong>t d’une symphonie. Vous comm<strong>en</strong>cez à écouter le mouvem<strong>en</strong>t quelque part et<br />
puis vous bougez, vous partez dans une autre pièce pour écouter le second mouvem<strong>en</strong>t.<br />
En l’occurr<strong>en</strong>ce, ça n’est pas ça puisque ce sont des musiques différ<strong>en</strong>tes à chaque fois.<br />
Ce sont des élém<strong>en</strong>ts musicaux qu’on retrouve ailleurs. Le public reconstitue l’œuvre<br />
dans sa totalité avec sa mémoire.<br />
On peut aller du côté de la Rue Watt. Mr Watt, celui qui fait des watts, a une rue souterraine<br />
dans Paris, qui passe sous le train, sous les rails de la gare d’Austerlitz. C’est une<br />
rue assez basse, qui est une espèce de tunnel un peu glauque, un peu sombre. Mais<br />
acoustiquem<strong>en</strong>t, il est intéressant, parce que c’est un lieu extérieur/intérieur.<br />
Je me suis tout de suite dit qu’on pourrait faire quelque chose là dedans. Il se trouve que<br />
j’avais une commande d’un festival qui s’appelle « Opéras des Rues ». Là, c’est un lieu<br />
que je scénographie, et <strong>en</strong> même temps un lieu qui me t<strong>en</strong>d une perche énorme : c’est<br />
qu’il y a des trains qui pass<strong>en</strong>t et à chaque fois qu’ils pass<strong>en</strong>t, tout se met à trembler. On<br />
est sous les rails. Je me suis dit qu’on pourrait essayer d’intégrer ces passages de trains<br />
à ce projet musical.<br />
On a mis une grande moquette blanche au sol, qui est dev<strong>en</strong>u un lieu immaculé, très<br />
beau, avec toute une série de chaises de plage pliantes, de façon à ce que les g<strong>en</strong>s soi<strong>en</strong>t<br />
assis assez bas, blanches aussi, des plumes d’autruche au plafond pour constituer des<br />
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