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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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La solitude, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

v<strong>en</strong>ter une polyphonie, à partir d’une forme tellem<strong>en</strong>t répandue, mais d’une façon<br />

détournée. C’est ça l’art de la composition ?<br />

Zad Moultaka<br />

C’est aussi une volonté d’appropriation. Finalem<strong>en</strong>t, peut-être qu’on fonctionne comme<br />

un <strong>en</strong>fant. C’est à dire qu’un <strong>en</strong>fant, au début, il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d des sons, des mots, un langage,<br />

et il essaie à travers son expéri<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>fant de capter des choses et de reconstituer un<br />

langage et de trouver son propre langage, donc de s’approprier les mots, les bruits <strong>en</strong> fait<br />

qui sont autour de lui. Finalem<strong>en</strong>t, si on réfléchit bi<strong>en</strong>, peut-être que l’humanité a fonctionné<br />

comme ça.<br />

Thierry Fabre<br />

C’est assez général, mais pr<strong>en</strong>ons un exemple qui est celui de « Ezan ».<br />

Zad Moultaka<br />

Voilà, je voulais arriver à ça. Quand j’étais petit, <strong>en</strong> fait je vivais à Beyrouth, il y avait des<br />

sons de cloches le dimanche matin, il y avait les sons de Ezan, qui est la cantilation du<br />

Coran, l’appel à la prière, j’ai été bercé par ça. A un mom<strong>en</strong>t donné la mémoire ferme des<br />

choses. J’ai oublié ça. Et il y a peu de temps, j’étais au Liban et le matin, je me réveille,<br />

<strong>en</strong> fait, je fais un rêve…<br />

Je fais un rêve, qui était un rêve inouï parce que c’était un rêve sonore. J’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dais une<br />

musique, peut-être la plus belle musique à laquelle je puisse rêver. Je me réveille, et je<br />

me dis, « Qu’est-ce que j’aimerai écrire cette musique ». Je me demandais, « Est-ce que<br />

c’est quelque chose qui peut avoir une exist<strong>en</strong>ce physique ? ». J’étais tellem<strong>en</strong>t perturbé<br />

par ça que je me suis dit que c’était impossible. C’est sûrem<strong>en</strong>t quelque chose de physique<br />

qui se passe au niveau du cerveau p<strong>en</strong>dant le sommeil qui fait qu’on inv<strong>en</strong>te, qu’on<br />

rêve de quelque chose qui fait que c’est utopique. On rêve, ça ne peut pas exister. Le l<strong>en</strong>demain,<br />

à peu près au même mom<strong>en</strong>t, autant que je puisse le savoir dans la nuit, car la<br />

lumière était la même, je fais exactem<strong>en</strong>t le même rêve. Deux fois de suite. Et là, dans le<br />

sommeil, je me dis : « Ti<strong>en</strong>s, c’est curieux, c’est le même, donc j’aimerais bi<strong>en</strong> capter<br />

quelque chose ». J’essaie un peu d’ouvrir les yeux et je vois une étoile. C’est le souv<strong>en</strong>ir<br />

que j’<strong>en</strong> ai. Il y avait le ciel, je vois une étoile, et après, hop, je rebascule dans le sommeil.<br />

Le troisième jour, exactem<strong>en</strong>t à la même heure, même chose.<br />

Thierry Fabre<br />

Ça n’a pas duré sept jours quand même ? La métaphore de la création !<br />

Zad Moultaka<br />

Le troisième jour, je dis, bon ! Je me réveille. C’est vraim<strong>en</strong>t étonnant. Et je r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong><br />

France avec ça. Quelques mois plus tard, je retourne au Liban, et pareil, je refais exactem<strong>en</strong>t<br />

le même rêve. A un mom<strong>en</strong>t donné, il y a quelque chose qui se passe. Je me<br />

réveille, je me dis : « C’est pas possible, c’est quoi ? ». Et <strong>en</strong> fait, ça n’était pas du tout<br />

chimique, c’était tout à fait la réalité : j’étais dans un immeuble au 11ème étage, et c’était<br />

l’heure de la prière, il y avait toutes les cantilations, tous les muezzin appelai<strong>en</strong>t à la<br />

prière, et il y avait des haut-parleurs qui faisai<strong>en</strong>t tourner <strong>en</strong> fait le son. Tout se mélangeait<br />

et c’était une expéri<strong>en</strong>ce sonore unique. Ce n’était pas un rêve.<br />

Thierry Fabre<br />

Mais le rêve a donné de la réalité parce que ça a donné quelque chose de composé.<br />

Zad Moultaka<br />

A partir de ça, je me suis dit que j’aimerai écrire une musique qui soit proche de ça, qui<br />

essaie de s’approcher d’une expéri<strong>en</strong>ce comme celle-là. Ce soir, vous allez <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, justem<strong>en</strong>t<br />

avec Ziya Azazi, la fin du concert. On s’est r<strong>en</strong>contré hier soir et c’est une très<br />

belle r<strong>en</strong>contre parce que <strong>en</strong> fait on n’a jamais travaillé <strong>en</strong>semble.<br />

Thierry Fabre<br />

On est dans les nouvelles écritures, presque improvisées !<br />

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