Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (2ème partie)<br />
démarche qui a été adoptée par les politiques, par les pouvoirs publics, peut donner lieu<br />
à des lieux de fabrique, des laboratoires. C’est quelque chose qui me paraît très intéressant<br />
parce ce type d’expéri<strong>en</strong>ce repose la question du temps, du rapport à l’économie du<br />
spectacle, aux choses possibles qui interrog<strong>en</strong>t à nouveau la démarche artistique d’un<br />
créateur. C’est difficile à faire émerger dans d’autres types de territoires. Je disais tout à<br />
l’heure à mon voisin que ce projet serait difficile à proposer dans cette région par exemple.<br />
Je p<strong>en</strong>se que les élus ne sont pas tout à fait s<strong>en</strong>sibles à cela.<br />
Isabelle Hervouët<br />
Je vais répondre. Skappa ! mène un travail de puis 3 ans sur la petite <strong>en</strong>fance et relation<br />
avec la Maison des Comoni. Ensemble, on essaie. On a beaucoup partagé avec Brigitte,<br />
on a appris beaucoup de choses à Athénor. Dans cette possibilité d’inv<strong>en</strong>tion. L’idée que<br />
tout est possible si on est justes dans notre démarche, si on est juste là, toutes les r<strong>en</strong>contres<br />
sont possibles. Donc forts de ce qu’on a pu traverser, <strong>en</strong>tre autres, à Athénor, on<br />
essaie d’inv<strong>en</strong>ter avec la Maison des Comoni, ce g<strong>en</strong>re de situations. Ce sont des actions<br />
qui demand<strong>en</strong>t des financem<strong>en</strong>ts, et que ça tire. Mais on a pu, <strong>en</strong> travaillant dans une<br />
relation de confiance, <strong>en</strong> établissant un dialogue vraim<strong>en</strong>t pointu, sur l’artistique, avec le<br />
personnel des crèches ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t et des écoles maternelles de la Communauté de<br />
Communes, vraim<strong>en</strong>t arriver à faire des propositions osées. Ou <strong>en</strong> tout cas qui n’avai<strong>en</strong>t<br />
jamais été t<strong>en</strong>tées dans ces crèches là, comme par exemple proposer un solo de danse<br />
contemporaine à l’att<strong>en</strong>tion des par<strong>en</strong>ts, ce qui a ouvert une certaine parole, à laquelle on<br />
ne donnait jamais la place dans la crèche. Apparemm<strong>en</strong>t, le groupe de par<strong>en</strong>ts a bougé,<br />
ne laiss<strong>en</strong>t plus les <strong>en</strong>fants de la même façon. Après, ce n’est plus mon boulot. Mais<br />
disons qu’on a pu inv<strong>en</strong>ter quelque chose, avec l’équipe des Comoni, avec cette crèche et<br />
ses responsables, et avec Skappa !. Ces trois <strong>en</strong>tités <strong>en</strong>semble on pu créer la possibilité<br />
de cette représ<strong>en</strong>tation. Alors pour mettre <strong>en</strong> œuvre ça, ça a mobilisé trois équipes. Pour<br />
une journée. Pour un quart d’heure de solo.<br />
Par exemple, hier, dans le cadre de ce projet cette saison, Philippe Dorin a passé une journée<br />
<strong>en</strong> crèche à écrire, pour L’Abstrait, un journal que nous éditons autour du projet sur la<br />
petite <strong>en</strong>fance. Il y a des choses qui sont possibles. Ce qui est important c’est de toujours<br />
rester à notre place de créateurs. C’est fondam<strong>en</strong>tal. On ne fait pas le travail de la Maison<br />
des Comoni, on ne fait pas le travail des crèches. On est créateurs. On a <strong>en</strong>vie de partager<br />
des intuitions qu’on a, sur le territoire de la création, d’une certaine inv<strong>en</strong>tion de la vie et<br />
du prés<strong>en</strong>t, comme du futur. On t<strong>en</strong>te donc de partager ce qu’on fait, de proposer à des<br />
personnes comme Philippe Dorin, dont on apprécie le travail, de traverser quelque chose.<br />
Nous supposons que ça va peut-être, comme nous, nous s<strong>en</strong>tons bi<strong>en</strong> à ce mom<strong>en</strong>t là, se<br />
transmettre et qu’il se s<strong>en</strong>tira bi<strong>en</strong> là, et que ça va faire quelque chose pour lui.<br />
On a <strong>en</strong>vie aussi de partager les œuvres des autres. Par exemple, on a <strong>en</strong>voyé « Ur Sonate »<br />
de Kurt Schwitters aux crèches. C’est une pièce musicale des années tr<strong>en</strong>te. Avec une<br />
consigne pour que les personnes l’écout<strong>en</strong>t avec les <strong>en</strong>fants. Et ça passe. Ça veut dire<br />
qu’il y a une confiance. Mais c’est un temps infini de parole. Il faut que l’équipe des<br />
Comoni aille voir chaque personne. C’est du contact. On va serrer la main quoi. Et nous,<br />
arrivant dans ces lieux là, c’est pareil. (Monsieur de la salle : c’est de la médiation culturelle<br />
! ) Oui, oui, <strong>en</strong>fin… Mais par exemple jouer dans une crèche, c’est 50 % de contacts,<br />
de prise <strong>en</strong> compte de la vie qui est là, pour compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t on inscrit son spectacle<br />
dans ce lieu là. Mais ça se fait, c’est le montage. Ici, il y a des projets là qui sont<br />
m<strong>en</strong>és. Ils sont ce qu’ils sont. Ils exist<strong>en</strong>t, ils se réalis<strong>en</strong>t.<br />
Brigitte Lallier<br />
Cela dit, il faut effectivem<strong>en</strong>t souligner que le souti<strong>en</strong> du politique, que les conversations,<br />
l’approfondissem<strong>en</strong>t d’une p<strong>en</strong>sée, d’un projet avec le politique est absolum<strong>en</strong>t<br />
ess<strong>en</strong>tiel. Pour aller plus loin, pour vraim<strong>en</strong>t poser ce type de projets. En même temps,<br />
on doit faire <strong>en</strong> sorte que ce travail de grande proximité et les formes qui naiss<strong>en</strong>t de là,<br />
ai<strong>en</strong>t la possibilité d’à l’extérieur et qu’elles continu<strong>en</strong>t leur vie. Je crois que c’est aussi<br />
une chose importante. C’est à dire qu’il faut qu’il y ait à la fois l’inscription forte dans le<br />
contexte et dans le proche, et <strong>en</strong> même temps le li<strong>en</strong> à l’extérieur. En France et à l’international.<br />
Qu’il y ait ce double mouvem<strong>en</strong>t. Ça doit se m<strong>en</strong>er bi<strong>en</strong> sûr avec le souti<strong>en</strong> des<br />
fonds publics, évidemm<strong>en</strong>t.<br />
Dominique Bérody<br />
Merci Brigitte, parce que je trouve que c’est un éclairage tout à fait intéressant. Je pro-<br />
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