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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Traditions, transgressions, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

question de l’appropriation, de l’appart<strong>en</strong>ance à une tradition. Est-ce qu’à un mom<strong>en</strong>t<br />

donné, tu as pu rev<strong>en</strong>diquer cette mémoire comme ti<strong>en</strong>ne, car n’est-ce que quand on<br />

s’<strong>en</strong> s<strong>en</strong>t responsable qu’on peut allègrem<strong>en</strong>t et sereinem<strong>en</strong>t la transgresser ? Ça serait<br />

la problématique presque inverse de celle de DJ Click.<br />

Zad Moultaka<br />

J’ai s<strong>en</strong>ti qu’il y avait une mémoire. On a tous une mémoire qu’on a <strong>en</strong>vie de rev<strong>en</strong>diquer,<br />

de dire : « Moi, je vi<strong>en</strong>s de tel <strong>en</strong>droit ». Mais <strong>en</strong> fait, plus on s’approche de cette chose<br />

là, plus on a l’impression qu’elle s’échappe. Plus on a l’impression qu’on se dit : « Mais<br />

<strong>en</strong> fait, qu’est-ce que je garde de cette mémoire ? En quoi elle m’apparti<strong>en</strong>t ? Quel est<br />

véritablem<strong>en</strong>t l’espace dans lequel elle opère ? A quel point n’ai-je pas moi-même<br />

construit des choses qui ne sont peut-être pas justes, avec le rapport à la mémoire ? ».<br />

C’est à dire, où ça se situe exactem<strong>en</strong>t ? Où est cet <strong>en</strong>droit d’appropriation justem<strong>en</strong>t ?<br />

N’y a t-il pas des choses qui sont de l’ordre du fantasme, qui sont passées par des appropriations,<br />

ou des par<strong>en</strong>ts, qui font que l’on croit que ce sont des choses qui nous apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

mais c’est aussi un travail de savoir ce qu’on a <strong>en</strong>vie de laisser de côté, qu’est<br />

ce qui nous met <strong>en</strong> vibration avec ces choses et de quoi on a <strong>en</strong>vie de se débarrasser ?<br />

C’est important de dire que cette mémoire là m’apparti<strong>en</strong>t, et je vais <strong>en</strong> faire quelque<br />

chose, mais <strong>en</strong> travaillant avec elle, on se r<strong>en</strong>d compte qu’il y a beaucoup de choses<br />

qu’on ne connaît pas aussi profondém<strong>en</strong>t qu’on le croyait.<br />

Catherine Peillon<br />

R<strong>en</strong>aud Ego, on disait que c’était un petit peu plus difficile de cerner ton propre rapport<br />

à la tradition.<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

C’est à dire qu’avant d’avoir un rapport à la tradition, on a le rapport à un instrum<strong>en</strong>t, qui<br />

est un instrum<strong>en</strong>t dont on hérite, c’est à dire une langue. On n’<strong>en</strong> est pas le dépositaire,<br />

mais on <strong>en</strong> hérite. Le problème c’est que l’on appr<strong>en</strong>d, dans cette langue, et <strong>en</strong> même<br />

temps, il va falloir curieusem<strong>en</strong>t, qu’on inv<strong>en</strong>te un peu <strong>en</strong> soi une langue étrangère, si on<br />

veut comm<strong>en</strong>cer à réussir à parler. C’est un peu étrange. Ce qui est d’autant plus étrange,<br />

c’est qu’on peut lire Homère et recevoir quelque chose de cette langue là. Qu’est-ce qui<br />

se passe ? Qu’est-ce qui vi<strong>en</strong>t de là ? De cette langue qui est apportée là, alors même que<br />

si j’essaie de me servir de cette langue à mon tour, ça sera radicalem<strong>en</strong>t impossible. Je<br />

ne sais pas mais Zad Moultaka peut parfaitem<strong>en</strong>t écouter un concerto de Beethov<strong>en</strong>,<br />

mais ça lui serait impossible, je me permets de dire ça, d’utiliser le même langage musical.<br />

Donc, c’est comme s’il y avait une circulation de quelque chose qui v<strong>en</strong>ait de ce langage<br />

vers nous, mais <strong>en</strong> revanche, ça ne pouvait pas être une articulation inverse, que<br />

nous, on ne pouvait pas retourner à ce langage. Donc, je ne sais pas ce que ça veut dire.<br />

Je p<strong>en</strong>se que d’un point de vue sci<strong>en</strong>tifique, il y a des circulations qui se font comme ça<br />

à un seul s<strong>en</strong>s, comme si l’espace était plié, des espaces intransitifs.<br />

Thierry Fabre<br />

L’esprit du temps.<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

Peut-être, peut-être.<br />

Thierry Fabre<br />

A un mom<strong>en</strong>t quelque chose a eu lieu et les œuvres majeures ont rythmé le temps, lui<br />

ont laissé une empreinte, et à partir de là, on ne peut plus p<strong>en</strong>ser, écrire de la musique<br />

de la même façon. Il y a des bifurcations qui scand<strong>en</strong>t le temps, et qui font qu’effectivem<strong>en</strong>t,<br />

toute t<strong>en</strong>tative rétrospective est un passéisme ou une célébration du folklore,<br />

quelque chose qui fige, qui fossilise.<br />

R<strong>en</strong>aud Ego<br />

Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de ça, qui serait une démarche passéiste, si moi j’avais le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

que ce n’était pas impossible de recourir à des formes anci<strong>en</strong>nes sauf à les subvertir, à<br />

les réinv<strong>en</strong>ter, c’est là où l’on peut arriver à la question de la transgression. C’est comme<br />

si on mettait un propos dans une forme, qu’elle soit musicale, ou de l’ordre du langage<br />

dont on se sert, et déposée dans le temps, elle avait aussi <strong>en</strong> dépôt <strong>en</strong> elle-même une<br />

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