Mise en page 1 - Théâtre Massalia
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Traditions, transgressions, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />
Une personne dans l’assemblée<br />
Je p<strong>en</strong>se qu’il y a deux mouvem<strong>en</strong>ts. Il y a l’ouverture tous azimuts sur la Catalogne, qui<br />
se donne un destin universel, mondial, exagéré, et d’un autre côté, une réaction peut-être<br />
elle aussi exagérée de repli. Je me demande dans quelle mesure, <strong>en</strong>fin, je ne me<br />
demande pas, j’<strong>en</strong> suis certain, que c’est justem<strong>en</strong>t l’agression historique qui s’est portée<br />
sur une région, le Franquisme, sur, je ne sais plus quel mot employer, province ?<br />
Thierry Fabre<br />
Les Catalans dis<strong>en</strong>t nation.<br />
Un homme dans l’assemblée<br />
Cette agression peut se manifester de deux manières, dont la manière d’extrême droite,<br />
ou maurrassi<strong>en</strong>ne. C’est un repli. Pourquoi ? Parce qu’il y a une agression. Après tout,<br />
moi, qu’il y ait des séries américaines <strong>en</strong> catalan, je m’<strong>en</strong> fiche, je suis contre les séries<br />
américaines, qu’elles soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> français ou dans d’autres langues.<br />
Une femme dans l’assemblée<br />
Pourquoi Goytisolo lui refuse ce droit, avec de gros guillemets, à la Catalogne ? Ça la r<strong>en</strong>voie<br />
dans son traditionalisme de façon obligée alors ?<br />
Thierry Fabre<br />
Non, mais si l’expression du catalanisme, c’est traduire des séries américaines…<br />
Une femme dans l’assemblée<br />
On est bi<strong>en</strong> d’accord dans le fond, mais pourquoi le refuser ?<br />
Un homme dans l’assemblée<br />
Ça devi<strong>en</strong>t fatal. Pourquoi préserver une langue de ses maladies ? Je ne vois pas pourquoi.<br />
Catherine Peillon<br />
Ce qui devi<strong>en</strong>t fatal, c’est aussi la marche du monde et la mondialisation. On ne peut pas<br />
reprocher, on ne va pas dire à ce public catalan : « Vous serez différ<strong>en</strong>ts de tous les autres<br />
qui sont au monde ». Peut-être pas nous qui sommes ici, mais la plupart des g<strong>en</strong>s se<br />
repaiss<strong>en</strong>t de ces séries américaines. Mais moi je voudrai juste évoquer, parce que je vois<br />
que l’heure tourne, une autre question qui rejoint celle là.<br />
Thierry Fabre<br />
Le temps passe vite <strong>en</strong> bonne compagnie !<br />
Catherine Peillon<br />
Exactem<strong>en</strong>t. Notamm<strong>en</strong>t par rapport à la danse. Comme ça on va sortir du langage. On<br />
va passer à un autre type de langage. Je vais pr<strong>en</strong>dre l’exemple du flam<strong>en</strong>co. Le<br />
Flam<strong>en</strong>co, c’est une danse qui est quand même très liée à l’Andalousie, aux Gitans. Il y<br />
a évidemm<strong>en</strong>t dans le Flam<strong>en</strong>co, les traditionalistes qui se rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t du Flam<strong>en</strong>co<br />
pur, qui ne support<strong>en</strong>t pas que Juan Carmona, par exemple, que tout le monde connaît<br />
ici, ajoute même une percussion. Même le « cajon » à un mom<strong>en</strong>t donné c’était mal vu,<br />
alors qu’aujourd’hui on p<strong>en</strong>se que ça, c’est la tradition du Flam<strong>en</strong>co. Donc il y a ça. Et<br />
puis, ce soir, on va écouter et voir, puisque nos deux s<strong>en</strong>s sont interpellés, la pièce de<br />
Zad Moultaka qui s’appelle « Non », qui est un hommage à Samir Kassir. L’interprète de<br />
cette pièce s’appelle Yalda Younes. Elle est Libanaise. Il se trouve qu’elle a une maman<br />
vénézuéli<strong>en</strong>ne mais qui est au Liban depuis qu’elle a 20 ans, je crois, elle est purem<strong>en</strong>t<br />
libanaise. Elle anime des sessions de flam<strong>en</strong>co, elle danse le Flam<strong>en</strong>co traditionnel, elle<br />
a fait ses classes à Séville et à Xérès, <strong>en</strong>fin, dans la plus pure tradition justem<strong>en</strong>t. Ça c’est<br />
déjà surpr<strong>en</strong>ant. J’avais r<strong>en</strong>contré par exemple des Suisses qui sont très branchés sur la<br />
danse ou la guitare, des japonais aussi. C’est quelque chose qui essaime absolum<strong>en</strong>t<br />
partout. Là, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, Yalda Younes va <strong>en</strong> plus interpréter une danse particulière<br />
parce qu’elle est écrite par un compositeur et non pas par un chorégraphe de métier,<br />
même si c’est une chorégraphie, au fond. C’est un compositeur de musique qui écrit<br />
cette chorégraphie. Il est libanais, il travaille sur un espace qui est celui de la guerre et<br />
du refus, de la résistance, qui sont des thèmes universels. Moi-même je suis tombée<br />
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