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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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L’écriture au théâtre jeune public - Emerg<strong>en</strong>ce d’un nouveau langage ou nouveau rapport au public ? (1ère partie)<br />

En gros, et pour rev<strong>en</strong>ir à 68, nous passons de la discipline théâtrale, à l’indiscipline<br />

artistique. Je trouve que ce qui est intéressant, c’est que cette indiscipline artistique<br />

aujourd’hui, s’écrit, se p<strong>en</strong>se. Parce que d’une part pour déconstruire, il faut avoir<br />

construit, et là, on pourrait s’amuser à aller du côté de la peinture et des arts plastiques.<br />

Il suffit d’aller voir les croquis figuratifs de la Sainte Beaume autour d’Aix <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce,<br />

quand on va au château de Gordes, quand on va découvrir Vasarely, c’est toujours fascinant<br />

de voir les premiers dessins de cet artiste pour voir jusqu’où il est allé. Sans parler<br />

du brochet superbe de Miro, et les gammes de Picasso, avant de se jeter à corps perdu<br />

dans ses toiles comme il l’a fait à la fin de sa vie.<br />

Tout ça montre bi<strong>en</strong> qu’on est d’une part dans une histoire fragile, réc<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> train de se<br />

faire, ce qui la r<strong>en</strong>d passionnante. Cette histoire du texte jeune public s’inscrit dans l’histoire<br />

du théâtre et de son répertoire, tout simplem<strong>en</strong>t, et là, on ouvre une porte ouverte,<br />

parce que le théâtre est ancré dans l’histoire, parce qu’il <strong>en</strong> est toujours l’écho. Parfois,<br />

il l’anticipe, il la press<strong>en</strong>t dans ses intuitions, parfois il l‘accompagne, parfois il nous<br />

alerte. Il est né dans la cité. Il pourrait y avoir un joli débat avec des histori<strong>en</strong>s du théâtre,<br />

mais, on peut dire, je parle sous réserve du contrôle de Patrick B<strong>en</strong> Soussan, que<br />

c’est parce qu’on est passé du discours de l’orateur et du tribun, au poème dramatique,<br />

grâce au masque et au simulacre, par ce passage qu’est né le théâtre, pour continuer à<br />

dire le monde.<br />

On n’a pas échappé à ce mouvem<strong>en</strong>t là dans l’émerg<strong>en</strong>ce du théâtre de répertoire pour<br />

le jeune public. Par analogie, on pourrait dire qu’on est passé du discours théâtral néopédagogique,<br />

au poème debout, pour repr<strong>en</strong>dre le titre d’une pièce de Nathalie Papin,<br />

qui, dev<strong>en</strong>ant trace, (répertoire, reperire, des traces), font rêver. Je fais référ<strong>en</strong>ce à R<strong>en</strong>é<br />

Char, qui dit qu’un poète n’a pas besoin de preuves de son passage, car seules les traces<br />

font rêver.<br />

Je crois qu’on est vraim<strong>en</strong>t là dans ce mouvem<strong>en</strong>t là, d’une poésie debout, et d’un théâtre<br />

qui se joue comme une fête, au s<strong>en</strong>s où la fête et le théâtre, Françoise Dolto le disait<br />

très bi<strong>en</strong>, sont comme une métaphore de la naissance. A chaque fois, c’est une r<strong>en</strong>aissance,<br />

une connaissance, qui se joue dans cette relation d’intimité, qui est la relation au<br />

public.<br />

Cette relation, je crois qu’il faut <strong>en</strong> dire un petit mot. Elle est fondée sur la préh<strong>en</strong>sion,<br />

ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas l’appréh<strong>en</strong>der, ou la préh<strong>en</strong>der, beaucoup plus<br />

que sur la compréh<strong>en</strong>sion. Tout simplem<strong>en</strong>t, parce que toute relation humaine, que ce<br />

soit dans la relation à l’autre, dans la relation à ce qu’on lit, fonctionne à l’insu de soi,<br />

pour toucher au plus profond de soi. Donc pour toucher au plus profond de son <strong>en</strong>fance,<br />

c’est à dire, de ce qui nous constitue. On voit bi<strong>en</strong> là qu’on est dans un mouvem<strong>en</strong>t éminemm<strong>en</strong>t<br />

révolutionnaire, qui s’oppose à ce qui aujourd’hui nous gagne, qui est le comportem<strong>en</strong>talisme.<br />

On est bi<strong>en</strong> là dans un autre rapport, dans une vraie rupture, qui<br />

déstabilise ceux qui p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t ce qui est bon pour les <strong>en</strong>fants. Car ça présuppose d’une<br />

relation de confiance totale. Confiance dans l’<strong>en</strong>fance, de confiance dans ce qu’il va<br />

découvrir.<br />

La légitimité du texte de théâtre,<br />

d’autant plus que c’est un texte de<br />

théâtre jeune public,<br />

ti<strong>en</strong>t aussi de sa légitimité de livre.<br />

Parce que le livre permet de perdurer,<br />

de rester, d’y rev<strong>en</strong>ir.<br />

On voit bi<strong>en</strong> que le texte est tout à fait<br />

ess<strong>en</strong>tiel et que l’évolution de ces écritures<br />

pose une myriade de questions,<br />

qui sont de l’ordre de l’exist<strong>en</strong>ce, parce<br />

que ce sont de questions de l’ordre de<br />

la connaissance. Puisqu’on a abordé la<br />

question du statut du texte, c’est donc<br />

la question de sa légitimité qui est<br />

posée. A un mom<strong>en</strong>t donné, la légitimité<br />

du texte de théâtre, d’autant plus<br />

que c’est un texte de théâtre jeune<br />

public, ti<strong>en</strong>t aussi de sa légitimité de<br />

livre. Parce que le livre permet de perdurer,<br />

de rester, d’y rev<strong>en</strong>ir. Avec ce grand et magnifique paradoxe de l’édition théâtrale,<br />

et Roland Barthes le résumait très bi<strong>en</strong> d’une formule incisive,: « Est-ce que l’édition<br />

théâtrale, ce n’est pas le supplém<strong>en</strong>t d’un ri<strong>en</strong> ? ».<br />

C’est un grand paradoxe. Car combi<strong>en</strong> d’auteurs ne dis<strong>en</strong>t-ils pas : « Mais finalem<strong>en</strong>t, ce<br />

que j’écris n’a de s<strong>en</strong>s qu’au mom<strong>en</strong>t où il est joué, car c’est écrit pour être lu à voix<br />

haute. C’est écrit pour être incarné. Quelle est la capacité de mon texte à être véritable-<br />

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